En France, une vague d’indignation a été provoquée par le discours de l’archevêque de Toulouse, qui a appelé à la fin du ridicule des religions, aussi bien musulmanes que toutes autres. Monseigneur Robert Le Gall a déclaré hier dans une interview à la radio locale France Bleu Occitanie que « la liberté d’expression doit avoir des limites » et qu ‘ »il ne faut pas se permettre de se moquer des religions au vu des résultats qu’elle apporte ».
«Cette question sur les caricatures est souvent jetée dans le feu. Nous devons tout calmer. Ce sont des caricatures non seulement contre les musulmans, mais aussi contre la foi chrétienne », a déclaré l’archevêque au lendemain de l’attentat terroriste barbare contre la cathédrale de Nice.
Lorsqu’on lui a demandé s’il était nécessaire d’interdire l’affichage de dessins animés, en particulier dans les écoles, le monsignor a répondu que cela devait être fait et qu’il valait mieux se concentrer sur les symboles républicains. « Vous pouvez parler de la liberté d’être ensemble, de parler ensemble, d’être frères ensemble, mais vous n’avez pas à vous gronder. » «Ils ne se moquent pas impunément de la religion : nous voyons le résultat», a déclaré le hiérarchie catholique.
Ainsi, il propose à la France d’accepter le discours musulman et de rayer la lutte de trois cents ans de la société laïque avec la domination religieuse, commencée par Voltaire. Le droit au blasphème (quoique souvent plat et insipide) fait partie de la tradition française depuis au moins un siècle et demi. Les dépliants sales de Leo Taxil contre le dogme chrétien et l’Église catholique ont été imprimés depuis les années 1870 du 19ème siècle, et le tribunal a acquitté l’auteur lorsque des fanatiques de la foi ont intenté une action en justice pour insulte à la religion.
Les représentants des partis de gauche ont immédiatement exprimé leur indignation face au conformisme proposé par l’archevêque. «Eh bien, tous les barrages ont éclaté ! L’évêque justifie les crimes ! La liberté de blasphème a été remise en question », écrit Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France non conquise d’extrême gauche. C’est le même Mélanchon, devenu ces dernières années un allié des frères musulmans dans la lutte contre l’Etat laïc : il s’est opposé à la loi interdisant les chapeaux de femmes dans l’espace public et a participé à une manifestation des islamistes contre «l’islamophobie».
Le président de la branche régionale du Parti socialiste en Occitanie a également condamné la déclaration de l’archevêque. «Je regrette les propos de l’archevêque de Toulouse, qui sont une rupture avec le processus de sécularisation de la religion catholique. La liberté de blasphème est un droit dans notre république. Il confirme la liberté de pensée et de parole. «
De nombreux participants à la polémique sur le conflit avec l’islam ces derniers jours rappellent le proverbe romain : «A Rome, comportez-vous comme romain», ce qui signifie que tous les gens qui viennent de l’Est sont obligés de se réconcilier avec les coutumes françaises, et non l’inverse.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau a parlé avec des mots en phase avec la position de l’archevêque. «Nous devons être conscients de l’impact de nos paroles et de nos gestes sur les autres», a déclaré Trudeau. « Nous devons agir avec respect et ne pas chercher à blesser de manière déraisonnable et inutile ceux avec qui nous partageons la société et la planète. »
Au Canada, le principe anglo-saxon d’attitude envers les religions et le communautarisme, qui permet de s’exprimer le plus librement possible dans le domaine public. D’où la nécessité de maintenir une distance respectueuse. En France, le principe jacobin du citoyen sécularisé de la République, dans lequel tout ce qui est religieux et communal est évincé dans un espace personnel, et le communautarisme, c’est-à-dire la priorité du communal sur le civil, est condamné de toutes les tribunes.