Le poumon stratégique du Hamas est désormais réduit en poussière. Après près de deux années de combats sans relâche, l’armée israélienne annonce avoir atteint l’essentiel de ses objectifs dans la bande de Gaza, avec une efficacité chirurgicale contre le réseau tentaculaire de tunnels souterrains qui constituait le véritable système nerveux de l’organisation terroriste.
Ce qu’Israël appelle désormais l’autoroute souterraine du Hamas — un enchevêtrement de galeries reliant Khan Younès à Rafah, en passant par le centre et le nord de l’enclave — a été systématiquement démantelée, révélant à quel point l’ennemi avait investi dans l’obscurité. Tsahal a neutralisé plusieurs axes logistiques, des dépôts d’armement, des centres de commandement et même une base contenant un véhicule entier sous terre.
🔻 Dans les faits, le Hamas n’a plus de souffle. Mais la décision finale n’est pas militaire. Elle est désormais politique.
Le chef d’état-major, le Rav Aluf Eyal Zamir, a présenté au gouvernement trois scénarios pour la suite des opérations : statu quo avec encerclement de la ville de Gaza, campagne de bombardements intensifs, ou bien prise totale de la bande de Gaza, y compris les quartiers civils et les camps de réfugiés. Chaque option comporte son lot de risques, de coûts humains et de dilemmes internationaux. Et pendant que Tsahal attend les instructions, le chaos politique s’intensifie à Jérusalem.
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui s’est imposé comme ministre de la Défense officieux sur la scène de Gaza, a explosé de colère face au chef d’état-major, allant jusqu’à l’invectiver en public. La raison ? L’armée freinerait la « victoire totale » pour ménager la sécurité des soldats et la libération des otages. Une réalité stratégique insupportable pour certains messianiques en costume-cravate.
👉 Pourtant, les faits sont clairs : Tsahal a infligé des dégâts irréversibles à la capacité militaire du Hamas. L’élimination des tunnels, couplée à la destruction des ateliers de fabrication de roquettes, à la neutralisation des postes de commandement, à la frappe ciblée contre les hauts gradés de la branche armée, a laissé le Hamas amputé, désorganisé, vulnérable.
Le problème ? Le vide laissé par la victoire militaire n’a pas encore de réponse politique.
Dans Gaza, les civils reviennent dans des zones en ruines, et la colère gronde contre le Hamas — perçu non plus comme un « protecteur de la résistance », mais comme le responsable de la dévastation totale. Une explosion sociale que ni Yahya Sinwar, ni Ismaïl Haniyeh ne pourront contenir indéfiniment. La légitimité du Hamas est en lambeaux — et Tsahal n’a même pas eu besoin de conquérir chaque centimètre pour obtenir ce résultat.
Mais l’absence de plan clair pour « le jour d’après » menace d’annuler les gains stratégiques. Sans gouvernance alternative à Gaza, sans décision ferme sur les objectifs politiques à atteindre, Israël risque de se retrouver dans une boucle infernale : victoire tactique suivie d’un enlisement opérationnel.
Dans les coulisses, des voix se font entendre : élargir l’unité du génie militaire, former tous les combattants à la guerre souterraine, inclure une doctrine officielle de lutte contre la guérilla urbaine dans tous les terrains d’entraînement. Tsahal est aujourd’hui l’armée la plus expérimentée au monde en guerre souterraine – un savoir qu’il faudra transposer aussi face à la menace grandissante au Liban, en Syrie, en Iran et au Yémen.
En conclusion, le Hamas est étouffé, mais pas encore enterré. Israël a entre les mains une victoire rare — mais ce sera à ses dirigeants civils de décider s’ils souhaitent la consolider ou la saboter.
🔗 Pour aller plus loin :
.