À la veille des cérémonies marquant le deuxième anniversaire du 7 octobre, le chef d’état-major, le général de corps d’armée Eyal Zamir, a donné une directive inhabituelle : porter « le niveau de préparation » des forces armées à son degré le plus élevé pendant la période des fêtes. Motif avancé : garantir la sécurité nationale dans un contexte multizone toujours fragile et prévenir toute tentative d’escalade.
Dans un communiqué diffusé mardi, le porte-parole de Tsahal a précisé que la décision avait été prise à l’issue d’une évaluation d’état-major réunissant les membres du Forum du quartier général. « Le chef d’état-major a ordonné une montée au niveau de préparation supérieur », indique l’annonce officielle, qui ajoute que « l’effort principal sera l’effort de défense jusqu’à la fin de la période des fêtes ». Le message se veut à la fois préventif et rassurant : « Nous sommes en permanence en état de préparation, prêts sur tous les théâtres, en défense et en attaque », a résumé le chef militaire.
Les instructions opérationnelles sont précises : exercices et répétitions pour l’ensemble des unités avant le début des fêtes, renforcement des briefings de postes et de défense, concentration des forces sur les missions prioritaires et accélération de l’intégration des renforts dans toutes les directions. La composante aérienne est particulièrement ciblée : « préparation rapide et vigilance élevée des forces aériennes en défense et en attaque sur l’ensemble des secteurs — avec un focus sur la bande de Gaza — et rappel strict des procédures d’autorisation et de sécurité pour les événements publics et les festivals », note le communiqué.
Faits et contexte
La consigne intervient alors que l’État hébreu observe des commémorations nationales intenses et que la situation régionale reste instable : affrontements sporadiques à Gaza, menaces de frappes depuis le Liban, et une carte stratégique réactive après une série d’attaques et de représailles qui ont marqué les derniers mois. Deux ans après le 7 octobre, l’armée maintient un dispositif étendu sur plusieurs fronts et craint que des groupes hostiles cherchent à exploiter la période des cérémonies pour frapper symboliquement ou perturber la vie civile.
Réactions officielles et politiques
La hiérarchie politique a salué la décision. Un responsable gouvernemental cité par la radio militaire a déclaré que la mesure « vise à assurer aux citoyens la possibilité de célébrer les fêtes en sécurité ». Dans l’opposition, certains députés ont appelé à la transparence : douze élus ont demandé des précisions sur la nature exacte des menaces identifiées et sur la durée prévue de l’alerte renforcée. Du côté des autorités locales, les maires des municipalités proches des lignes de front ont été invités à renforcer les plans d’urgence et la coordination avec l’armée et la police.
Analyse — pourquoi cette directive maintenant ?
Trois raisons semblent pivoter derrière la décision du général Zamir. Premièrement, le facteur symbolique : les commémorations du 7 octobre concentrent des rassemblements publics et des activités religieuses et familiales, multipliant les points sensibles potentiels. Deuxièmement, l’échelon régional demeure imprévisible : malgré des coups portés à certains relais de l’axe hostile, des éléments armés restent capables d’opérations asymétriques (roquettes, UAVs, attaques de précision) et peuvent tenter des actions opportunistes. Enfin, la fatigue opérationnelle et psychologique des forces — engagées depuis deux ans dans des missions intenses — impose un double effort : maintenir l’alerte tout en assurant le roulement et le moral des troupes.
Dimension internationale
La directive israélienne s’inscrit aussi dans un contexte diplomatique actif : pour certains alliés, la visibilité d’une armée en alerte renforce le message de dissuasion ; pour d’autres, cela suscite interrogation et demandes de clarification — notamment parmi les partenaires européens soucieux d’éviter une escalade transfrontalière. Les chancelleries suivent de près la situation, tandis que les canaux de coordination militaire et de renseignement restent ouverts entre Israël, les États-Unis et quelques États arabes modérés impliqués dans la stabilisation régionale.
Conséquences et enjeux futurs
À court terme, l’effet recherché est clair : prévenir toute attaque et rassurer la population. Mais la montée de l’alerte pose aussi des défis logistiques et humains — stationnement prolongé des réservistes, pression sur les capacités médicales et de transport, hausse des patrouilles en zone urbaine. À moyen terme, si la menace perçue se confirme, Israël pourrait maintenir des mesures de sécurité renforcées au-delà des fêtes, ce qui pèserait sur la vie civile et l’économie locale. À l’inverse, si la situation reste calme, l’ordre du chef d’état-major restera un marqueur de prudence stratégique susceptible de dissuader des initiatives adverses.
Conclusion — priorité à la défense, volonté de sérénité civique
La directive du général Ayal Zamir articule deux impératifs contradictoires mais complémentaires : assurer la protection maximale de l’État et permettre aux civils d’exercer leur rite et leur mémoire sans menace. En décidant d’une « alerte supérieure » pendant les fêtes, l’armée israélienne mise sur la prévention et la dissuasion. Le pari est politique autant qu’opérationnel : montrer que la sécurité nationale est assurée, tout en évitant que la vigilance n’envahisse le quotidien civil. À l’heure où le pays commémore un traumatisme profond, la posture militaire veut signifier que l’État, même sous tension, protège la liberté de mémoire et la continuité de la vie civile.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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