La stratégie du Hamas visant à étendre la guerre au Moyen-Orient semble s’effondrer, selon un rapport spécial publié ce mercredi dans le New York Times. Ce rapport indique que l’accord de cessez-le-feu en cours de négociation entre Israël et le Hezbollah laisse le Hamas isolé, privé du soutien de son principal allié.

D’après des responsables américains cités dans l’article, cet accord constitue une victoire significative pour l’administration Biden, qui a travaillé ces derniers mois pour éviter une escalade régionale et renforcer la pression sur le Hamas afin qu’il accepte un accord menant à la libération des otages.

Le New York Times révèle qu’avant même l’annonce du cessez-le-feu au Liban, des responsables palestiniens et américains avaient estimé que la direction politique du Hamas était prête à abandonner la stratégie adoptée par Yahya Sinwar, leader du mouvement éliminé par les forces israéliennes le mois dernier.

Depuis le 7 octobre, Sinwar s’en était tenu à une stratégie visant à élargir le conflit en espérant entraîner Israël dans un affrontement global avec le Hezbollah et l’Iran. « Tant que cette stratégie paraissait viable, Sinwar bloquait toute possibilité de cessez-le-feu », a déclaré un haut responsable américain au journal.

« Le Hamas est désormais seul », a affirmé au Times le professeur Tamer Karamat de l’Institut d’études avancées de Doha. « Sa position s’est considérablement affaiblie. »

Le journal souligne également que l’Iran cherche à éviter une confrontation directe avec Israël, en particulier après que ses systèmes de défense aérienne ont été gravement endommagés lors d’une frappe israélienne en octobre.

Contexte politique et pressions internationales

Selon le rapport, le Premier ministre Benjamin Netanyahu attend l’entrée en fonction de Donald Trump à la Maison-Blanche avant de changer sa position dans les négociations avec le Hamas. Bien que Trump ait appelé Israël à « mettre fin » à la guerre à Gaza, on estime qu’il ne fera pas pression sur Netanyahu ou sur l’armée israélienne en menaçant de suspendre l’aide militaire.

Par ailleurs, des responsables occidentaux pensent qu’Israël reste sceptique quant aux propositions américaines et arabes pour la gestion de Gaza après la guerre. Netanyahu est convaincu que les plans visant à réintroduire l’Autorité palestinienne dans la gestion de Gaza sont voués à l’échec et que le Hamas reprendrait rapidement le contrôle du territoire.

Le New York Times souligne que même au sein du Hamas, des divisions subsistent sur des questions clés, notamment son rôle à Gaza après la guerre et les concessions qu’il devra faire à Israël. Le mouvement n’a toujours pas désigné de successeur à Sinwar, figure dominante dans le processus décisionnel.

« Résoudre les pertes militaires du Hamas est relativement simple : il y a une chaîne de commandement où chaque commandant ou soldat peut être remplacé », a déclaré Salah Al-Din Al-Awada, analyste proche de la direction du Hamas. « Mais sur le plan politique, c’est beaucoup plus complexe. À terme, il faudra organiser des élections. Il y a des factions différentes et des équilibres de pouvoir qui rendent les prévisions difficiles. »