À mesure que l’échéance fixée par Donald Trump approche, la tension monte autour de la réponse attendue du Hamas. Le président américain a présenté un plan en vingt points censé mettre un terme à la guerre de Gaza et régler la question des otages israéliens. Israël a déjà donné son accord, mais le mouvement islamiste palestinien hésite, multiplie les consultations internes et demande du temps supplémentaire.
Selon des sources relayées par le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, Washington adopte la même ligne qu’Israël : « oui ou non », sans aménagements possibles. Le Hamas, de son côté, préparerait une réponse incluant des amendements, notamment sur le calendrier de libération des otages — dont 48 devraient être libérés sous 72 heures — et sur le retrait progressif des forces israéliennes. Le mouvement assure ne pas pouvoir garantir une telle libération immédiate, avançant qu’il ne sait pas précisément où se trouvent tous les captifs.
Au Caire, où les médiateurs égyptiens suivent de près les tractations, le climat est morose. « Les Américains nous disent que c’est la dernière chance avant que Trump n’accorde les mains libres à Israël pour lancer une offensive totale », a confié un diplomate cité par Al-Akhbar. Cette perspective inquiète d’autant plus que certains responsables palestiniens décrivent le plan américain comme une « défaite dans la guerre », synonyme de reddition.
Dans la bande de Gaza, les divisions internes sont palpables. Le Hamas tente d’afficher une attitude constructive, insistant sur la nécessité d’un cessez-le-feu et d’un afflux illimité d’aide humanitaire. Mais d’autres factions, notamment le Jihad islamique, rejettent en bloc le projet. Pour elles, accepter le plan reviendrait à placer Gaza sous un régime sécuritaire similaire à celui de la Cisjordanie.
Les voix critiques ne viennent pas uniquement de l’intérieur palestinien. Interrogé par The Guardian, le professeur Haïmar Abou Saada, ancien universitaire de Gaza exilé au Caire, a résumé le dilemme : « Le Hamas doit choisir entre le pire et le très pire. S’ils disent non, Trump a déjà annoncé qu’il donnera carte blanche à Israël ». À Tel-Aviv, l’analyste Michael Milstein, spécialiste du Hamas, rappelle que l’organisation reste unie sur un point fondamental : le refus absolu du désarmement. « Le combat fait partie de leur identité profonde. Leur aile militaire est convaincue qu’Israël s’épuise : les réservistes mobilisés pèsent lourd, et les élections approchent. Pour eux, il s’agit de savoir qui tiendra le plus longtemps », analyse-t-il.
Le BBC ajoute que les médiateurs ont contacté le commandant militaire le plus haut gradé du Hamas à Gaza, Izz al-Din Haddad, qui aurait affirmé que le plan de Trump vise à « finir le Hamas » et qu’il n’a donc aucune intention de l’accepter. Selon la chaîne britannique, la tentative avortée d’assassinat des dirigeants du Hamas à Doha — pour laquelle Netanyahou a présenté des excuses — a renforcé la conviction que même après un accord, Israël pourrait reprendre la guerre une fois les otages libérés.
L’heure tourne et le « deadline » américain se rapproche. Si le Hamas dit oui, ce sera avec des réserves qu’Israël et Washington jugent inacceptables. S’il dit non, il prend le risque d’une nouvelle campagne militaire israélienne avec l’aval explicite de la Maison-Blanche. Dans les deux cas, le plan Trump met le mouvement islamiste face à son paradoxe : revendiquer une victoire idéologique tout en étant acculé stratégiquement.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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