Le front arabe prévient Trump : sans désarmement du Hamas, plus aucun soutien

Les alliés arabes de Washington haussent le ton. Selon un rapport publié par Israel Hayom, l’Arabie saoudite, Bahreïn et les Émirats arabes unis ont adressé une mise en garde explicite au président américain Donald Trump : si l’accord sur le Hamas n’est pas pleinement appliqué et si le mouvement islamiste n’est pas désarmé, ils se retireront du processus — ni financement, ni participation, ni couverture politique.

Leur absence remarquée lors du sommet de Charm el-Cheikh n’avait donc rien du hasard. Un diplomate émirati cité par le quotidien israélien résume l’atmosphère : « Ce n’est pas un boycott, c’est un message. Nous ne financerons pas la reconstruction d’un Gaza toujours armé. »

Un avertissement au cœur du “nouvel ordre régional”

Pour Riyad, Manama et Abou Dhabi, cette fermeté est autant une question de sécurité que de crédibilité. Ces trois monarchies, signataires ou proches des Accords d’Abraham, voient dans le désarmement du Hamas un préalable absolu à tout plan de stabilisation post-guerre. Le financement d’une bande de Gaza encore sous l’influence des Frères musulmans serait, selon eux, un suicide politique.

Derrière cette unité de façade se cache une inquiétude plus profonde : le retour du Qatar dans le jeu régional.

Doha, le “serpent sous le sable”

Car au moment même où Trump et Netanyahou s’efforcent d’imposer leur plan de paix, Doha multiplie les manœuvres pour ramener le Hamas dans la négociation. Le rapport d’Israel Hayom parle d’un « double jeu assumé » : le Qatar prétend soutenir le cessez-le-feu, tout en finançant discrètement des éléments de l’organisation islamiste.

« Personne ne fait confiance au Qatar — pas même ses voisins du Golfe », confie un haut responsable saoudien. La formule, brutale, reflète une réalité régionale : le petit émirat gazier, longtemps perçu comme le protecteur de la mouvance islamiste, reste isolé, toléré seulement parce qu’il sert d’intermédiaire utile entre l’Occident et les groupes radicaux.

Le pari risqué de Washington

À la Maison-Blanche, cet avertissement est pris très au sérieux. Le plan américain pour la “reconstruction” de Gaza repose en grande partie sur le financement du Golfe. Sans les pétrodollars saoudiens et émiratis, aucun projet humanitaire ou infrastructurel ne peut tenir plus de quelques semaines.

Or, les Émirats comme Bahreïn ont déjà gelé plusieurs transferts de fonds en attendant des preuves concrètes du désarmement effectif du Hamas. Dans le même temps, Riyad menace de retirer ses représentants du comité de coordination mis en place avec Washington.

L’administration Trump se retrouve donc sous pression : désarmer le Hamas, ou perdre ses partenaires arabes.

Israël observe, le Golfe temporise

À Jérusalem, on observe la scène avec prudence mais satisfaction. « Le Golfe a enfin compris que le Hamas ne peut être ni réformé, ni intégré », glisse un diplomate israélien. Pour Israël, l’alignement de Riyad, Manama et Abou Dhabi sur cette ligne dure renforce la légitimité de sa politique sécuritaire — et affaiblit les médiations qataries, souvent jugées hypocrites.

L’absence des dirigeants du Golfe au sommet de Charm el-Cheikh a d’ailleurs été interprétée comme un camouflet diplomatique infligé à Doha. Un signal adressé autant à Trump qu’à Netanyahou : la patience arabe a des limites.

Le retour du réalisme

La leçon est claire : le monde arabe pragmatique ne veut plus jouer avec le feu islamiste. Les pétromonarchies, qui jadis finançaient sans scrupule les factions palestiniennes, redoutent aujourd’hui que toute complaisance envers le Hamas ne rouvre la boîte de Pandore djihadiste sur leur propre sol.

Pour Israël, cette convergence d’intérêts avec ses anciens adversaires sunnites est une victoire stratégique. Pour le Qatar, c’est un isolement grandissant. Pour les États-Unis, c’est une équation périlleuse : comment préserver un équilibre régional quand l’un des médiateurs, Doha, est devenu le facteur de déstabilisation principal ?

La diplomatie américaine avance sur un fil — entre la nécessité d’un accord durable et la méfiance viscérale de ses alliés envers le “spoiler state” qu’est devenu le Qatar.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés