Alors que l’antisémitisme atteint des niveaux record en Europe et en Amérique du Nord, et que des milliers de Juifs cherchent une destination sûre pour leurs familles, le gouvernement israélien met en place une stratégie ambitieuse : accorder 600 millions de shekels d’exonérations fiscales aux nouveaux immigrants. Une mesure présentée par le ministre des Finances Betsalel Smotrich et le ministre de l’Aliyah et de l’Intégration Ofir Sofer, dans une démarche assumée visant à accélérer le retour des Juifs du monde entier vers l’État juif.
Une politique critiquée par certains, mais qui révèle, pour la coalition, un choix clair : faire d’Israël un refuge puissant, attractif et économiquement compétitif.
Depuis plusieurs années, les services du gouvernement observent une réalité inquiétante : les agressions contre les communautés juives, les profanations de cimetières et les campagnes anti-israéliennes se multiplient dans de nombreux pays occidentaux. Les données officielles montrent déjà une augmentation de l’aliyah depuis 2023, portée par deux facteurs majeurs : la montée de l’antisémitisme et l’instabilité géopolitique. C’est dans ce contexte que Smotrich et Sofer ont révélé leur plan, présenté comme « une révolution dans l’aliyah de 2026 ».
Selon eux, l’objectif est clair : « Faire d’Israël le premier choix naturel pour les Juifs qui cherchent sécurité, stabilité et appartenance ».
La proposition incluse dans l’avant-projet de loi des arrangements prévoit un allègement fiscal exceptionnel pour les nouveaux immigrants qui arriveront en 2026 : exonération totale d’impôts sur le salaire ou les revenus professionnels jusqu’à un plafond d’un million de shekels par an. Cette mesure sera progressivement réduite sur les années suivantes — 600 000 shekels, puis 350 000, puis 150 000 — jusqu’à expiration en 2031.
Pour la coalition, cette initiative est doublement essentielle : elle soutient l’économie en attirant des travailleurs hautement qualifiés, et elle répond à une obligation morale — offrir un refuge à ceux qui fuient l’antisémitisme. Le gouvernement compare notamment la situation actuelle à l’immense vague d’immigration des années 1990 depuis l’ex-URSS, un épisode historique ayant profondément renforcé la société israélienne.
Les critiques, principalement issues des milieux économiques opposés au gouvernement, estiment que la mesure manquerait de données prévisionnelles. Pourtant, selon plusieurs responsables de la coalition, cette objection est dépassée : « On n’attend pas que les Juifs souffrent davantage pour réagir », confie un haut responsable. « La montée de l’antisémitisme est déjà un fait. Nous devons agir maintenant, pas après ».
Le gouvernement assume également de proposer un plan volontariste, même en l’absence de statistiques précises : « Quand il s’agit de protéger les Juifs du monde entier, Israël n’a pas le droit d’être hésitant », a déclaré Sofer.
La comparaison avec le “loi Milchan” — qui avait accordé des avantages fiscaux à des milliardaires en diaspora — revient souvent. Mais cette fois-ci, explique le ministère des Finances, la philosophie est différente : l’exonération n’est pas un cadeau individuel, mais un investissement national destiné à attirer des familles entières, des entrepreneurs, des chercheurs, des ingénieurs, des médecins et des professionnels susceptibles de s’intégrer pleinement au marché du travail israélien.
En parallèle, le gouvernement rappelle que l’État soutient déjà les nouveaux immigrants avec un panier d’intégration de près de 50 000 shekels, des cours d’hébreu subventionnés et un accompagnement structurel. L’exonération fiscale est présentée non comme un privilège, mais comme une étape supplémentaire pour renforcer l’attractivité du pays.
Certains économistes opposés au gouvernement prétendent qu’il vaudrait mieux concentrer l’effort sur les citoyens israéliens déjà présents, afin de freiner l’émigration qualifiée. La coalition répond que les deux stratégies ne s’excluent pas : renforcer Israël par l’intérieur tout en l’élargissant par l’extérieur.
Dans un contexte où des dizaines de milliers de Juifs hésitent à quitter définitivement la France, les États-Unis ou l’Allemagne, la nouvelle politique se veut un signal clair : Israël les attend, les accueillera et les protégera.
L’argument moral n’est pas négligeable : face à une Europe où l’on voit émerger des croix gammées sur des tombes juives, ou des universités où le discours anti-israélien devient banalisé, la coalition estime qu’Israël doit redevenir l’ancrage naturel des familles juives.
Si certains observateurs estiment que l’avantage fiscal pourrait attirer des “profiteurs”, le gouvernement répond avec fermeté : le système prévoit des contrôles et des limites, et l’expérience des dernières décennies montre que les olim qui s’installent contribuent massivement au pays, qu’ils restent ou non à long terme.
Et surtout, comme le rappellent les proches du Premier ministre Netanyahou, « il vaut mieux investir dans le retour des Juifs que dans la réparation des dégâts de l’antisémitisme ».
L’opposition craint un « coût inefficace ». La coalition y voit un devoir historique.
L’enjeu dépasse le débat budgétaire : il touche à l’identité même d’Israël, État refuge et État nation du peuple juif.
Si une partie de ces 600 millions de shekels permet de sauver ne serait-ce qu’une famille juive menacée à l’étranger, affirment des ministres de la coalition, « alors l’investissement aura été plus que rentable ».
À l’heure où l’Europe se fragilise, où les États-Unis traversent de profondes fractures sociales, où les Juifs sont à nouveau pointés du doigt, l’initiative gouvernementale se présente comme un appel clair : « Revenez à la maison ».
Cela s’inscrit dans une stratégie plus large : renforcer la démographie juive, consolider les secteurs économiques en manque de main-d’œuvre qualifiée, et affirmer qu’Israël restera toujours le port sûr du peuple juif — même dans les moments les plus sombres.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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