Le grand gagnant de l’accord gazier est Trump — pas Israël

L’accord de vente de gaz naturel conclu entre Israël et l’Égypte, présenté officiellement comme une réussite diplomatique et économique, révèle en réalité un déséquilibre stratégique profond. Derrière les déclarations de coopération régionale, ce sont avant tout les intérêts américains — et ceux des grandes entreprises énergétiques des États-Unis — qui ressortent renforcés, sous l’impulsion directe du président américain Donald Trump.

Vingt-quatre heures après l’annonce officielle par le Premier ministre israélien et le ministre de l’Énergie, un message publié sur le compte officiel du département d’État américain a levé le voile sur la logique réelle de l’accord : il s’agit d’un « grand succès pour les entreprises américaines ». Ce détail est essentiel. Il montre que Washington ne se contente plus d’un rôle de médiateur régional, mais agit comme une partie prenante cherchant un bénéfice économique direct, conformément à la doctrine « America First ».

 

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Selon les termes de l’accord, Israël s’engage à exporter environ 131 milliards de mètres cubes de gaz naturel pour une valeur estimée à 35 milliards de dollars. Or, près de 90 % de la production gazière israélienne est exploitée par la société américaine Chevron, ce qui confère aux États-Unis un intérêt direct et massif dans la signature rapide de ce contrat. La pression exercée par l’administration Trump n’était donc pas uniquement diplomatique : elle était d’abord économique.

En Israël, plusieurs responsables auraient préféré de meilleures conditions : un prix plus bas pour le marché intérieur, des volumes d’exportation plus limités et une flexibilité géopolitique permettant d’orienter le gaz vers d’autres partenaires régionaux à l’avenir. Ces demandes n’ont pas été retenues. Le résultat est un accord « acceptable », mais loin d’être optimal pour les intérêts israéliens à long terme.

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La question centrale dépasse cependant le prix du gaz. Selon des avertissements émis de longue date par des experts du ministère israélien des Finances, au rythme actuel d’exportation, les réserves nationales pourraient être largement épuisées d’ici environ vingt-cinq ans. Cela signifierait qu’Israël, aujourd’hui exportateur stratégique, pourrait devenir importateur d’énergie dans une génération — une perspective lourde de conséquences économiques et sécuritaires.

Ce scénario impose une réflexion immédiate sur l’avenir énergétique du pays. Si l’accord était politiquement inévitable face à la pression américaine, il aurait dû s’accompagner d’un plan accéléré de transition vers les énergies renouvelables. Or, dans ce domaine, Israël accuse déjà un retard notable par rapport à ses objectifs officiels et aux standards internationaux.

En définitive, l’accord gazier illustre une réalité que beaucoup préfèrent éviter : la relation entre Israël et les États-Unis n’est pas symétrique. Il s’agit d’un rapport de force entre une superpuissance et un allié stratégique dépendant. Le véritable bénéficiaire immédiat de cette opération est Washington — et, plus précisément, l’économie américaine soutenue par la politique de Trump. Pour Israël, l’enjeu n’est plus de célébrer l’accord, mais de se préparer dès maintenant au jour où le gaz ne sera plus un atout, mais un souvenir stratégique.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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