Dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al-Arabi, le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a affirmé que le mouvement terroriste rencontrait « de grandes complexités » dans la récupération des corps des otages israéliens tués à Gaza. Prétexte humanitaire ou manipulation politique ? Les déclarations du Hamas révèlent surtout une stratégie bien rôdée : transformer la tragédie en outil de chantage diplomatique.
“Nous manquons d’équipement” : l’argument commode
Selon Qassem, Israël aurait “détruit des maisons et effacé des quartiers entiers”, rendant “impossible” la localisation des dépouilles. « Il n’y a aucun équipement pour déblayer les ruines ni pour identifier les corps, car toutes les infrastructures médicales et médico-légales ont été anéanties », a-t-il déclaré au média qatari, tout en assurant que le Hamas « agit avec diligence » pour retrouver les corps et les transférer « conformément à l’accord » en cours.
Ces propos ont été relayés par N12, qui rappelle que le Hamas prétend avoir soumis ces “difficultés” aux États-Unis et aux médiateurs régionaux, notamment le Qatar et l’Égypte. Une rhétorique soigneusement calibrée pour déplacer la responsabilité du retard sur Israël — tout en préservant la posture d’un acteur “coopératif”.
Une “bonne volonté” démentie par les faits
En réalité, plusieurs sources sécuritaires israéliennes dénoncent une manipulation flagrante. Comme l’explique un haut responsable de la défense cité par Times of Israel, « le Hamas a parfaitement localisé les tunnels, les stocks d’armes et les abris où il cache ses cadres. Il est absurde de prétendre qu’il ne peut pas retrouver des corps dans les mêmes zones. »
Depuis le 7 octobre 2023, le Hamas instrumentalise systématiquement les otages — vivants ou morts — pour maintenir la pression sur Jérusalem et sur les médiateurs internationaux. Cette tactique, déjà utilisée après la capture de Gilad Shalit, reste au cœur de la propagande du mouvement islamiste : faire croire à une “coopération humanitaire” tout en conservant un levier de négociation stratégique.
L’ombre du Qatar et la duplicité diplomatique
Le fait que l’interview ait été donnée à Al-Arabi, chaîne qatarie, n’est pas anodin. Le Qatar, principal soutien financier du Hamas, joue depuis des mois un double jeu : médiateur officiel d’un côté, bailleur de fonds du Hamas de l’autre.
Les négociations menées à Doha, en parallèle des discussions égyptiennes et américaines, visent à obtenir le transfert progressif des otages vivants et des dépouilles, mais le Hamas continue de retarder sciemment le processus. « Chaque jour de délai renforce leur position et permet de réécrire le récit de la guerre », analyse le chercheur israélien Dr. Michael Milstein, spécialiste du Hamas à l’Université de Tel-Aviv.
“Une pleine obligation d’appliquer l’accord” : l’hypocrisie assumée
Le porte-parole Qassem a également tenu à souligner que « le Hamas est pleinement engagé à respecter l’accord et à remettre les corps conformément aux termes convenus ». Pourtant, l’organisation a déjà violé à plusieurs reprises les clauses des trêves précédentes — notamment en retenant des corps de soldats israéliens tués à Gaza en 2014 et 2021.
Le Hamas affirme que la responsabilité opérationnelle appartient aux Brigades al-Qassam, son aile militaire, qui déciderait “des mécanismes et des calendriers”. Cette séparation artificielle entre “aile politique” et “aile militaire” permet au mouvement de gagner du temps, tout en feignant une incapacité technique.
Le retour des forces du Hamas dans Gaza : un signal inquiétant
En parallèle, le ministère de l’Intérieur du Hamas a annoncé le redéploiement de ses forces dans les zones d’où Tsahal s’est récemment retirée. L’objectif officiel : “rétablir l’ordre et lutter contre l’anarchie”. En réalité, il s’agit d’une reprise en main politique et sécuritaire du territoire — une manière de réaffirmer la domination du Hamas après la trêve, comme le confirment les images publiées par TPS.
Des milliers de civils palestiniens ont commencé à regagner le nord de la bande de Gaza, traversant les ruines d’une ville encore marquée par les combats. Dans les vidéos circulant sur Telegram et X, des drapeaux verts du Hamas flottent à nouveau sur les bâtiments éventrés : une démonstration de force, plus qu’un retour à la “stabilité”.
Une trêve piégée
Cette communication du Hamas intervient à la veille de la conférence de Charm el-Cheikh, où les puissances régionales doivent discuter d’un plan de reconstruction et de garanties post-guerre. Qassem a déclaré espérer “des résultats concrets” et “des garanties que l’Israël ne reprendra pas l’agression”. Une manière à peine voilée de tenter d’obtenir une reconnaissance implicite du Hamas comme interlocuteur politique légitime.
Mais pour Jérusalem, cette manœuvre ne trompe personne. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a répété vendredi que « le Hamas sera désarmé, Gaza démilitarisée — par la voie pacifique s’ils s’y engagent, par la force sinon », selon une déclaration officielle reprise par Infos-Israel.News.
Le Hamas prétend ne pas trouver les corps, mais il ne cherche qu’à sauver son image internationale. Sous les décombres de Gaza, ce ne sont pas les cadavres qu’il cherche — c’est la légitimité politique qu’il espère ressusciter.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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