Le Hamas rétablit le contrôle sécuritaire à Gaza, mais s’effondre économiquement

Le Hamas est parvenu, ces dernières semaines, à rétablir une forme de contrôle sécuritaire interne dans la bande de Gaza, après les coups très durs portés à ses structures durant les combats. Selon un rapport du quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, relayé par la presse israélienne, les appareils de sécurité de l’organisation islamiste ont repris leurs activités dans plusieurs zones clés de l’enclave, permettant une application minimale de l’ordre et la restauration d’une gouvernance de fait.

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Cette reprise sécuritaire ne signifie toutefois pas un retour à la situation d’avant-guerre. Le Hamas exerce aujourd’hui une autorité fragmentée, fondée davantage sur la dissuasion armée et la peur que sur une administration fonctionnelle. Les patrouilles ont repris dans certains quartiers, les réseaux internes de surveillance ont été réactivés et l’organisation parvient à empêcher, pour l’instant, l’émergence de structures concurrentes ou d’un chaos incontrôlé. Cette stabilité relative est également facilitée par l’absence d’alternative politique crédible capable de prendre le relais sur le terrain.

En parallèle, le Hamas traverse une crise financière aiguë et durable. D’après les mêmes sources, l’organisation peine gravement à assurer le paiement des salaires de ses dizaines de milliers d’employés, qu’ils soient membres des forces armées, cadres administratifs ou agents des services civils. Les commandants et officiers ne percevraient plus qu’environ 70 à 80 % de leur rémunération antérieure, tandis que les fonctionnaires civils et agents subalternes reçoivent parfois moins d’un tiers de leur salaire habituel.

Cette situation reflète l’effondrement quasi total des circuits financiers traditionnels du Hamas. Les transferts bancaires sont devenus risqués en raison de la surveillance internationale, forçant l’organisation à recourir à des paiements en espèces, lents, fragmentés et coûteux. Les réserves de liquidités accumulées avant la guerre fondent rapidement, tandis que les sources de revenus locales – taxes, droits de passage, contributions diverses – ont été gravement affectées par la destruction de l’économie gazaouie.

Le soutien extérieur, notamment en provenance de Iran, se poursuit, mais de manière irrégulière et insuffisante pour combler l’ampleur du déficit. Les fonds arrivent par intermittence, parfois avec retard, et sont prioritairement orientés vers les besoins militaires et symboliques. Ainsi, malgré la pénurie générale, les allocations versées aux familles de combattants tués ou blessés restent une priorité stratégique, même au prix de coupes sévères dans les services civils.

Cette hiérarchisation budgétaire alimente un malaise croissant au sein de la population. Si la peur et l’absence d’alternative empêchent pour l’instant une contestation ouverte, le fossé s’élargit entre l’appareil sécuritaire du Hamas et une société civile appauvrie, épuisée par la guerre et privée de perspectives économiques. Les experts estiment que cette fragilité financière constitue l’un des points faibles majeurs de l’organisation à moyen terme, bien plus que sa capacité militaire immédiate.

En définitive, le Hamas apparaît aujourd’hui comme un acteur militairement résilient mais économiquement asphyxié. Il parvient à imposer l’ordre et à préserver son pouvoir par la force, tout en évoluant sur une base financière instable qui pourrait, à terme, limiter sa capacité à gouverner durablement Gaza. Cette dualité nourrit l’incertitude stratégique : une organisation capable de survivre sécuritairement, mais dont l’effondrement économique pourrait devenir un facteur de déstabilisation majeur pour l’ensemble de la région.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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