Le Hamas a diffusé ce dimanche matin un rare message interne à destination de ses propres combattants. Le document, décrit par plusieurs médias arabes, évoque une « alerte sécuritaire » urgente et des « consignes de prudence renforcées ». Selon ce texte, les membres du mouvement doivent désormais modifier leurs habitudes, leurs trajets et leur mode de communication, afin d’échapper à une « activité israélienne accrue de surveillance et de suivi des cibles ».
Les services de sécurité du Hamas, notamment ceux de la police militaire et de l’unité de sécurité intérieure, ont ordonné à leurs agents de limiter au maximum leurs déplacements visibles et d’utiliser uniquement des canaux de communication chiffrés. D’après les instructions révélées, les cadres du mouvement sont appelés à éviter toute routine : ne plus emprunter les mêmes routes deux jours de suite, changer d’heure de prière et de passage dans les cafés, et même éviter de circuler pendant les survols de drones au-dessus de la bande de Gaza.
Dans la bande nord, les ordres sont encore plus stricts : chaque cadre du Hamas doit varier son moyen de transport, ne jamais dormir deux nuits consécutives au même endroit et éviter toute réunion publique. L’organisation justifie ces mesures par ce qu’elle appelle « des activités intensifiées de l’ennemi sioniste pour identifier nos positions et nos responsables ». Selon des sources de sécurité citées par des journalistes arabes à Doha, le Hamas soupçonne qu’Israël ait accru sa capacité de ciblage grâce à une série de frappes de précision menées ces dernières semaines contre ses commandants dans la région de Khan Younès et dans le centre de Gaza.
En parallèle, la presse qatarie a rapporté que des équipes mixtes égyptiennes et du Croissant-Rouge, accompagnées de représentants du Hamas, ont été autorisées à pénétrer dans le quartier de Shuja’iyya, à l’est de la ville de Gaza, pour rechercher les corps de terroristes et d’otages israéliens portés disparus depuis les derniers affrontements. Ces fouilles sont menées simultanément en trois points de la zone, avec des engins de chantier et sous haute surveillance.
À Jérusalem, les responsables de la Défense refusent tout commentaire. Mais un officier israélien de réserve, interrogé par Ynet, a souligné que cette « alerte interne » du Hamas est en elle-même un signe de panique : « Quand une organisation terroriste ordonne à ses membres de se cacher, c’est qu’elle a compris qu’elle n’a plus la maîtrise du terrain. »
Depuis plusieurs mois, les services de renseignement israéliens multiplient les actions discrètes visant à localiser les tunnels, les dépôts d’armes et les centres de commandement du Hamas. Les opérations dites « sous le radar » ont conduit à l’élimination de plusieurs figures clés, souvent sans revendication officielle de l’armée, mais attribuées à Israël par la presse arabe.
Ces nouvelles consignes internes du Hamas témoignent aussi d’une inquiétude plus profonde : la crainte d’une infiltration israélienne au cœur même de ses réseaux. Les frappes ciblées, les écoutes électroniques et la surveillance aérienne ont visiblement atteint un niveau d’efficacité inédit, rendant les déplacements de ses commandants quasiment impossibles sans être repérés.
Dans ce contexte, les observateurs notent que le mouvement islamiste paraît de plus en plus replié sur lui-même, oscillant entre paranoïa et désorganisation. La propagande officielle continue d’afficher une posture de résistance, mais les mesures de sécurité imposées à ses membres indiquent une réalité différente : celle d’une organisation acculée, contrainte de survivre sous la menace constante de la supériorité technologique israélienne.
Au-delà de la simple prudence militaire, cette « alerte sécuritaire » révèle aussi la peur d’un effondrement de la chaîne de commandement. Le Hamas, qui se vante d’avoir reconstruit ses capacités dans les ruines de Gaza, doit aujourd’hui reconnaître que chaque téléphone, chaque antenne, chaque mouvement peut être suivi. Pour ses dirigeants, cette vulnérabilité numérique est désormais aussi dangereuse qu’une bombe.
À Doha comme au Caire, les négociateurs qui suivent encore les discussions sur les échanges d’otages et de corps redoutent que cette nouvelle situation n’aggrave les tensions. Une direction du Hamas coupée de sa base, isolée et traquée, aura bien du mal à maintenir un cadre de négociation stable. L’histoire récente montre d’ailleurs que, lorsque l’organisation se sent menacée, elle choisit souvent l’escalade plutôt que le compromis.
Ainsi, tandis que les caméras du monde se tournent vers les chancelleries et les conférences internationales, un autre front s’ouvre dans l’ombre : celui de la guerre technologique. Israël, fort de son renseignement et de ses drones, mène une traque méthodique ; le Hamas, lui, se cache, change de voitures, de cartes SIM et d’itinéraires. Dans cette guerre silencieuse, chaque signal peut être mortel.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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