Le leader ultra-orthodoxe d’Agoudat Israel explose : « Nous avons offert à Netanyahou un gouvernement de droite et il nous a trahis ! »

La fracture est désormais ouverte et bruyante dans la droite israélienne : Motty Babchik, figure puissante d’Agoudat Israel et bras droit du ministre démissionnaire Yitzhak Goldknopf, attaque frontalement le Premier ministre Benjamin Netanyahou. Dans un entretien au très influent hebdomadaire religieux « Mishpacha », Babchik ne mâche pas ses mots : « Nous avons donné à Netanyahou son gouvernement de droite complet, et en échange, il nous a menti, trahi et abandonnés. » La crise actuelle autour de la loi sur le service militaire des haredim (ultra-orthodoxes) s’est transformée en une bombe politique qui pourrait bien faire exploser la coalition.

Au cœur du reproche : la promesse non tenue d’un texte législatif garantissant aux jeunes haredim l’exemption du service militaire. « Yariv Levin, ministre de la Justice, nous avait promis que la réforme judiciaire serait notre sésame. Une fois passée, la Knesset adopterait une clause de prévalence et un fondement constitutionnel pour l’étude de la Torah. Résultat ? Rien. Netanyahou nous a baladés », fulmine Babchik.

Mais le coup de grâce vient de la comparaison surprenante qu’il dresse avec Naftali Bennett : « Lui au moins, pendant la ‘coalition du changement’, nous a proposé un accord discret : soutenez le budget, et je protège vos intérêts. » Babchik concède que les allocations aux yeshivot n’ont pas été menacées sous Bennett, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui sous Netanyahou, pourtant réputé champion du camp religieux-nationaliste.

Ce sentiment de trahison s’est amplifié après la démission des ministres de Shas et des représentants de Degel HaTorah. Si les ultra-orthodoxes ne veulent pas encore provoquer la chute du gouvernement, le message est clair : sans loi sur le service militaire conforme à leurs attentes, il n’y aura pas de retour dans la coalition. Gafni, leader de Degel HaTorah, en a rajouté : « La responsabilité est celle de Netanyahou. Il est le Premier ministre, c’est à lui de trancher. »

Babchik va plus loin en insinuant que Netanyahou aurait lui-même organisé la fuite de l’enregistrement controversé où il admet avoir écarté l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef d’état-major Aviv Kochavi. « Cet enregistrement arrangeait Netanyahou. Il n’y avait que ce qui lui convenait. » Une attaque qui suggère un Premier ministre manipulateur, maître dans l’art de diviser pour mieux régner.

En parallèle, le bureau du Premier ministre continue les tractations. Des options sont sur la table : remplacer Yuli Edelstein à la tête de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, afin de débloquer un texte sur le service militaire acceptable pour les ultra-orthodoxes. Mais Gafni avertit déjà : « Le renvoi d’Edelstein ne suffit pas. Nous reviendrons au gouvernement uniquement si une loi sur le service militaire nous satisfait pleinement. »

La fracture est profonde. Si la droite religieuse, qui avait formé un bloc solide autour de Netanyahou, commence à se fissurer, c’est l’équilibre même du gouvernement qui vacille. Après près de deux ans marqués par la guerre ouverte contre le Hamas depuis le 7 octobre, c’est désormais la survie intérieure de la coalition qui est en jeu.

Plus que jamais, le Premier ministre semble acculé, face à des partenaires qui l’accusent désormais ouvertement de mensonge et de duplicité. Babchik résume la colère ultra-orthodoxe : « Il y a toujours une excuse, une conseillère juridique, une situation imprévue… Mais au bout du compte, c’est Netanyahou qui signe, et lui seul qui ne respecte rien. »

L’ironie de l’histoire ? Babchik admet que Benny Gantz, opposant centriste, « n’a jamais menti ». Un contraste saisissant qui, dans la bouche d’un pilier du judaïsme orthodoxe, sonne comme un avertissement ultime à Netanyahou : trop de trahisons et même les alliances les plus sacrées peuvent voler en éclats.

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