Le Liban a déposé une plainte officielle auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies contre Israël, suite à l’élimination sélectif du directeur adjoint de la branche politique du Mouvement de résistance islamique palestinien (Hamas), Saleh al-Arouri, dans le quartier de Dahayiah , à Beyrouth, rapporte ce vendredi l’agence de presse nationale libanaise NNA.
L’assassinat ciblé de Saleh al-Arouri a notamment été attribué à Israël dans la presse arabe. Pour sa part, Israël n’a pas reconnu sa responsabilité dans l’attaque.
La plainte formelle présentée a souligné la « gravité de l’incident » et l’a défini comme « l’escalade la plus dangereuse depuis 2006 ».
Le Liban a demandé dans sa pétition de « condamner l’attaque » et de faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à l’escalade de la guerre.
Il a également demandé des mesures pour mettre fin aux attaques israéliennes contre le pays des cèdres.
Qu’est-ce que le Hezbollah ?
Sa prononciation correcte est Jizbala, qui signifie en arabe Parti de Dieu. Le site Internet des services de renseignement israéliens explique que « cette organisation a été créée par les Gardiens de la révolution iraniens, qui avaient été établis sur le sol libanais lors de l’opération militaire israélienne « Paix pour la Galilée » en 1982, dans le but d’exporter la révolution islamique ».
De son côté, la page du Centre Meir Amit, spécialisé dans les questions de renseignement, souligne que « le Hezbollah est une organisation islamiste chiite qui a deux branches : l’une terroriste (militaire) et l’autre politique ».
« Elle a été fondée par les Gardiens de la révolution iraniens en 1982 pour lutter contre l’AMAL (une faction qui a combattu pendant la guerre civile libanaise). Avec le retrait de l’armée israélienne à la fin de la Première Guerre du Liban, le Hezbollah est devenu l’organisation dominante dans le sud du Liban, puis au sein de la communauté chiite de ce pays. En 1992, il a commencé ses activités politiques et les représentants du groupe ont été élus au Parlement.»
Deuxième guerre du Liban
Le 24 mai 2000, Israël achève son retrait du sud-Liban. Puisque l’armée libanaise n’a pas déployé de troupes par le gouvernement de ce pays, c’est le Hezbollah qui a pris le contrôle absolu de la zone frontalière, avec l’aide de la Syrie et de l’Iran.
Selon le Hezbollah, malgré le retrait israélien, Jérusalem a continué d’occuper le territoire libanais en possédant les fermes de Chebaa, c’est pourquoi elle a vu sa lutte contre l’État juif justifiée. Ainsi, en octobre de la même année que le retrait israélien, l’organisation chiite kidnappe trois soldats israéliens. Ils ont ensuite été rendus morts dans le cadre d’un échange convenu entre les parties.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Le 12 juillet 2006, un commando du Hezbollah a mené une opération spectaculaire au cours de laquelle il a réussi à kidnapper deux soldats israéliens, Ehud Goldwasser et Eldad Regev. Au cours de cette action, trois soldats israéliens sont morts et deux autres ont été blessés. Ce fut le déclencheur de ce que l’on appelle la Seconde Guerre du Liban.
Au cours de cette guerre qui a duré 33 jours, Israël a pris connaissance du puissant arsenal de missiles du Hezbollah qui couvrait une grande partie de son territoire et au total, quelque 3 969 ont été tirés. On estime qu’il faudra au moins 60 ans pour récupérer les forêts brûlées.
Le même site Internet du gouvernement israélien « Izkor » reconnaît que les Forces de défense israéliennes n’ont pas réussi à obtenir une capitulation « claire » du Hezbollah, ni qu’elles n’ont pas pu arrêter les tirs constants de roquettes.
Cependant, selon la même source, l’organisation dirigée par Nasrallah a reçu un coup dur puisqu’elle a perdu toutes ses bases militaires le long de la frontière, a subi de lourdes pertes humaines et une grande partie de son arsenal et de son équipement militaire a été détruite.
En ce sens, Nasrallah a admis dans un discours prononcé le 28 août 2006 que s’il avait su qu’Israël allait réagir avec autant de force à l’enlèvement des soldats, il n’aurait pas lancé une telle opération.
Après la fin du conflit, une nouvelle situation s’est créée à la frontière entre Israël et le Liban. Le Hezbollah s’est éloigné de la barrière de sécurité qui sépare les deux territoires, l’armée libanaise a été déployée dans la zone et les forces de paix de l’ONU ont renforcé leur présence.
Du côté israélien, 118 soldats et 41 civils sont morts, et du côté libanais, quelque 1 300 personnes sont mortes et environ un million de personnes ont dû quitter leurs foyers. Les soldats n’ont pas pu rentrer chez eux, c’est la raison pour laquelle Israël a entrepris l’opération militaire. Pendant des années, les parties ont négocié indirectement et finalement, le 16 juillet 2008, les corps d’Ehud Goldwasser et d’Eldad Regev ont été restitués.
En Israël, a été créée la Commission Winograd qui, dans son premier rapport, a déclaré que le Premier ministre Ehud Olmert, le chef de la Défense et l’ancien chef d’état-major étaient responsables de l’échec de la guerre qui, comme elle le soulignait, a été lancée de manière « précipitée » et menée de manière « désorganisée ».