Un an et demi après la découverte du corps de Riyan Al-Najar, 18 ans, retrouvée ligotée dans un marais à Lelystad, un procès glaçant s’ouvre aux Pays-Bas. L’affaire bouleverse profondément l’opinion publique : la jeune femme aurait été assassinée par son père et ses deux frères parce qu’elle refusait de porter le voile islamique, adoptait un mode de vie plus occidental et s’était filmée maquillée sur TikTok.
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Le drame, qualifié de crime d’honneur, met en lumière une violence intra-familiale nourrie par des normes patriarcales extrémistes, au cœur d’un pays réputé pour son progressisme.
Un assassinat méthodique : mains liées, bouche scotchée, corps jeté dans l’eau
Riyan disparaît le 22 mai 2024. Six jours plus tard, un passant découvre son corps dans un marais près de Lelystad, à 40 km au nord-est d’Amsterdam.
Les enquêteurs décrivent une scène atroce :
- mains attachées derrière le dos,
- chevilles liées avec du ruban adhésif,
- bouche bâillonnée,
- corps immergé dans les eaux froides du marais.
Les autorités identifient rapidement les suspects : son père Khaled et ses deux frères Mohammed (23 ans) et Mohannad (25 ans). Tous trois auraient estimé que Riyan les « déshonorait ».
“Un comportement occidental”, TikTok et refus du voile : le mobile du meurtre
Selon les enquêteurs, la jeune fille vivait comme de nombreuses adolescentes de son âge :
- elle sortait avec des amis,
- ne gardait pas la “distance” exigée par les hommes de sa famille,
- refusait de porter le voile islamique,
- apparaissait maquillée sur TikTok.
Le dernier élément aurait provoqué l’explosion : un live TikTok, maquillée et sans voile, perçu par son père et ses frères comme une « trahison » et une humiliation publique.
Des messages échangés entre eux montrent la préparation du passage à l’acte.
Le père en fuite en Syrie, les deux frères devant le tribunal
Le procès s’ouvre enfin, mais seulement deux des suspects sont physiquement présents :
Mohammed et Mohannad, détenus depuis un an et demi, sont amenés sous escorte.
Le père Khaled, lui, a fui en Syrie peu après le meurtre, où il se serait installé et même remarié. Les autorités néerlandaises déclarent n’avoir aucun moyen légal de le faire extrader, vu l’effondrement de l’appareil judiciaire syrien depuis 14 ans de guerre civile.
Pourtant, depuis sa cachette, Khaled a envoyé deux e-mails au quotidien néerlandais De Telegraaf, affirmant :
« Je suis seul responsable. Mes enfants sont innocents. »
Mais pour le parquet néerlandais, c’est un mensonge destiné à sauver ses fils :
« Ils savaient parfaitement ce qui allait se passer. Sans leur participation, elle ne serait pas morte. »
Les enquêteurs estiment qu’ils ont amené Riyan dans un lieu isolé sur ordre du père.
Un meurtre collectif : ADN du père, présence des frères, participation de tous
Le dossier reste complexe : impossible, pour l’instant, d’établir qui a donné le coup fatal ou provoqué la noyade. Mais plusieurs éléments accablent le trio :
- ADN du père trouvé sous les ongles de la victime, preuve qu’elle a tenté de se défendre.
- Les deux frères présents sur les lieux.
- Les échanges de messages indiquant une volonté commune de “punir” Riyan.
- La conviction du parquet que les deux frères savaient qu’elle allait être tuée.
Fait troublant : Riyan bénéficiait jusqu’à peu d’une protection policière, en raison de menaces familiales. Cette protection a été levée peu avant le meurtre, pour des raisons qui restent inconnues, alimentant incompréhension et critiques.
Le rôle ambigu de la Syrie : coopération ou silence ?
Les autorités néerlandaises affirment n’avoir aucun moyen de contraindre la Syrie à extrader le père.
Cependant, le ministre syrien de la Justice affirme que :
- le système judiciaire syrien “fonctionne de nouveau”,
- la Syrie est prête à coopérer,
- mais Damas n’a reçu « aucune demande formelle d’extradition » des Pays-Bas.
Une situation diplomatique trouble, qui pourrait prolonger l’impunité du principal suspect.
Un procès sous tension, des peines exemplaires demandées
Le parquet demande 25 ans de prison pour chacun des trois hommes, estimant que ce meurtre planifié, motivé par un “code d’honneur” archaïque, viole les fondements les plus élémentaires de la société néerlandaise.
Les deux frères continuent de nier toute participation.
Leurs sœurs, présentes au tribunal, soutiennent leur version.
Une affaire qui secoue l’Europe : liberté individuelle contre normes familiales oppressives
L’affaire Riyan Al-Najar n’est pas qu’un drame familial.
Elle pose des questions profondes à la société néerlandaise — et à l’Europe tout entière :
- comment protéger les jeunes femmes menacées par des normes patriarcales importées ?
- comment prévenir les violences “d’honneur” au cœur même de sociétés démocratiques ?
- comment réagir lorsque les suspects se réfugient dans des pays hors de portée judiciaire ?
Dans un pays qui se veut un modèle de liberté, d’égalité et d’émancipation, le meurtre brutal d’une jeune femme parce qu’elle refusait un voile ou utilisait TikTok provoque un choc moral puissant.
Conclusion : Riyan devient le symbole d’un combat pour les femmes en Europe
Pour de nombreuses associations, le nom de Riyan Al-Najar restera celui d’une jeune femme qui a payé de sa vie son désir d’être libre. Une adolescente européenne, née aux Pays-Bas, mais rattrapée par une violence familiale archaïque que la société n’a pas réussi à empêcher.
À l’heure où son procès commence, les Pays-Bas s’interrogent :
combien d’autres jeunes femmes vivent encore sous la menace silencieuse d’un “honneur” à sauver ?
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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