Le centre politique israélien vient de subir un séisme que peu avaient anticipé mais que beaucoup, en coulisse, redoutaient. En l’espace de 24 heures, deux figures majeures du parti « HaMahane HaMamlachti » – le « camp national » dirigé par Benny Gantz – ont annoncé leur retrait : d’abord le général de réserve Gadi Eizenkot, puis, dans la foulée, le député Matan Kahana. Une hémorragie politique qui, au-delà de son retentissement immédiat, pourrait avoir des répercussions considérables sur la recomposition du paysage politique israélien.
Gantz, seul au centre ?
Gadi Eizenkot, ancien chef d’état-major de Tsahal et figure consensuelle, était censé incarner au sein du camp de Gantz une voix sécuritaire, respectée même à droite. Sa décision de claquer la porte, en invoquant des « divergences idéologiques » profondes avec Gantz, a envoyé un premier signal d’alarme : le ciment du « camp national » commence à se fissurer.
Mais c’est surtout la démission de Matan Kahana, ancien ministre des affaires religieuses sous Naftali Bennett et figure clé de l’électorat sioniste religieux modéré, qui a achevé d’illustrer la désintégration. Moins de 24 heures après Eizenkot, Kahana annonce son départ. La coordination du timing est loin d’être anodine.
Un retour à la maison : Kahana revient dans le giron de Bennett
Les proches de Kahana ne s’en cachent pas : il devrait rejoindre à nouveau son ancien mentor politique, Naftali Bennett. L’alliance Bennett-Kahana avait déjà prouvé son efficacité dans le passé, notamment au sein de la coalition qui mit temporairement Netanyahou sur la touche. Le calcul est clair : ressusciter un centre-droit pragmatique, décomplexé, attaché à la sécurité d’Israël sans tomber dans les pièges du populisme ni des illusions gauchisantes.
La stratégie de Bennett semble limpide : récupérer les morceaux du « camp national » en déroute pour mieux consolider son propre projet. En orchestrant une atmosphère de « dislocation » autour de Gantz, il tente de drainer les électeurs centristes déçus. Et ce, en surfant sur une opinion publique fatiguée par les alliances bancales et les partis fourre-tout sans colonne vertébrale.
La fin du rêve centriste de Gantz ?
Il faut se rappeler que Gantz a longtemps incarné l’espoir d’un centre stable, capable de fédérer au-delà des clivages classiques. Mais à force de vouloir plaire à tout le monde – de l’électeur de gauche laïque au réserviste conservateur – il a fini par ne plus séduire personne. La proposition de primaires internes rejetée par Eizenkot, le manque de cap politique clair, et l’ambiguïté sur des dossiers brûlants (le statut de la Judée-Samarie, les accords d’Abraham, la menace iranienne) ont rendu son leadership de plus en plus inaudible.
Gantz, en remerciant sobrement Kahana pour sa « loyauté et son honnêteté », donne l’image d’un homme digne… mais isolé. Son rêve de devenir le successeur naturel de l’époque post-Netanyahou semble s’éloigner.
Trump, les accords d’Abraham, et la recomposition du centre-droit
Ce vide politique laisse un champ libre que certains entendent bien occuper. Les nostalgiques de la doctrine Trump au Moyen-Orient – une paix basée sur la force, non sur les concessions unilatérales – pourraient voir en Bennett-Kahana une alternative crédible, lucide, et tournée vers l’avenir. Surtout face à un monde qui s’enflamme à nouveau : guerre froide avec l’Iran, pressions internationales sur Jérusalem, et les soubresauts sécuritaires incessants.
Les Accords d’Abraham ont changé les règles du jeu dans la région. Il ne s’agit plus de satisfaire les caprices d’un régime palestinien irrémédiablement corrompu et radicalisé, mais de construire une paix concrète, bilatérale, d’État à État. Ceux qui continuent à prôner des concessions territoriales à Gaza ou en Judée-Samarie sont aujourd’hui de plus en plus isolés.
C’est dans ce contexte que le recentrage de figures comme Kahana pourrait ramener l’électorat religieux modéré dans une coalition sécuritaire et responsable, fière de ses valeurs sans renier les nécessités diplomatiques du moment.
Gantz, le Barak de 2025 ?
En creux, l’image de Gantz commence à ressembler à celle d’Ehud Barak à la fin des années 90 : un général admiré, devenu politicien… et dévoré par les compromis. Ce qui reste du « camp national » devra maintenant choisir : continuer avec un chef qui perd ses troupes, ou se fondre dans d’autres forces plus dynamiques.
La fragmentation politique actuelle pourrait déboucher sur de nouvelles élections anticipées, et nul doute que Bennett, armé du retour de Kahana et d’autres transfuges, y verra une opportunité en or pour relancer un vrai centre-droit israélien, fidèle à ses racines juives, attaché à la sécurité du pays, mais moderne et réaliste.
Conclusion : la suite s’écrira à droite du centre
Ce double départ – Eizenkot, puis Kahana – n’est pas qu’un fait divers politique. Il marque peut-être la fin d’un cycle. L’électorat israélien ne veut plus de flou. Il veut de la clarté, de la force, et une vision qui conjugue tradition, modernité et courage.
Tant mieux si cela profite à ceux qui, comme Bennett, n’ont jamais trahi l’intérêt supérieur de l’État juif. Reste à voir si les urnes suivront.
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🔗 Article sur le Hamas sur Wikipédia
🔗 Page sur Trump au Moyen-Orient
🔗 https://fr.wikipedia.org/wiki/Benny_Gantz