Selon le professeur Amatzia Baram,, le Hezbollah cherche à projeter une image de force tout en étant confronté à d’importantes pressions internes. « Parmi des centaines de milliers de réfugiés au Liban, des milliers de chiites originaires du sud du pays et de la banlieue de Beyrouth ont fui vers la Syrie, puis l’Irak. Il s’agit souvent de familles de combattants qui ont perdu leurs maisons, tandis que ces derniers restent en première ligne. Cette situation génère une pression significative sur l’organisation pour qu’elle mette fin à la guerre. »
Une perte de soutien populaire au Liban
Baram souligne que ces évolutions nuisent à l’image du Hezbollah au Liban. « Une lassitude croissante est palpable au sein de la population libanaise. Qassem insiste sur son engagement pour la souveraineté du Liban afin de maintenir le soutien, mais il est clair qu’il ressent la pression. »
Qassem a également mentionné ce que Baram appelle « la clause James Bond », qui consisterait à accorder à Israël une légitimité internationale pour intervenir au Liban si la FINUL et l’armée libanaise ne parviennent pas à appliquer la résolution 1701. « Pour le Hezbollah, une telle clause porte atteinte directement à la souveraineté libanaise et constitue une ligne rouge. »
Une possible escalade avant un cessez-le-feu
Baram avertit que le Hezbollah pourrait profiter de cette période pour mener une action militaire significative avant que les négociations sur un cessez-le-feu n’aboutissent. « L’assassinat de Mohammed Afif, leur porte-parole, leur offre une justification pour une réponse violente. Ils pourraient viser Tel-Aviv de manière significative pour envoyer un message clair. La question est de savoir combien de missiles longue portée et d’ogives lourdes il leur reste. »
Il ajoute qu’Israël pourrait intensifier ses frappes contre les infrastructures du Hezbollah afin d’exercer une pression pour un accord. « Israël est confronté à un dilemme : comment affaiblir le Hezbollah sans aggraver davantage la situation ni affecter la population civile libanaise. »
Un changement de stratégie au sein du Hezbollah
Dans son discours, Qassem a abordé l’assassinat de Mohammed Afif lors d’une frappe israélienne à Beyrouth, alors qu’il était en tenue civile. Il a laissé entendre que l’organisation n’hésiterait pas à cibler des zones civiles, notamment Tel-Aviv. « Quand Beyrouth est attaquée par l’ennemi israélien, la réponse doit viser Tel-Aviv, » a déclaré Qassem.
Selon Baram, cette déclaration marque un tournant dans la position officielle du Hezbollah, qui avait jusqu’ici affirmé viser uniquement des cibles militaires. Ce changement pourrait être perçu comme une tentative de tirer parti des tensions actuelles pour justifier une escalade.
« La question n’est pas de savoir si le Hezbollah tentera d’attaquer Tel-Aviv, mais s’il réussira. Plus la pression sur l’organisation augmentera, plus il est probable qu’il cherche à réaliser une action significative pour bouleverser les règles du jeu. »
Les conditions du Hezbollah pour un cessez-le-feu
Au cœur du discours de Qassem se trouvaient les conditions fixées par le Hezbollah pour une trêve : « Deux exigences principales sont non négociables : l’arrêt total de l’agression israélienne et la préservation de la souveraineté libanaise. »
Ces exigences sont en ligne avec les discussions menées sous médiation américaine. Amos Hochstein, envoyé américain, a récemment terminé une visite à Beyrouth et a signalé des progrès positifs. Il doit maintenant rencontrer des responsables israéliens pour transmettre les positions libanaises.
L’élimination de Mohammed Afif et ses répercussions
Une partie centrale du discours de Qassem concernait l’élimination de Mohammed Afif, ancien porte-parole du Hezbollah, tué lors d’une frappe israélienne à Beyrouth. « Quand Israël frappe Beyrouth et tue nos hommes, cela ne restera pas sans réponse, » a-t-il affirmé.
Qassem a cherché à souligner que les frappes israéliennes sur les bastions du Hezbollah à Beyrouth, notamment dans la banlieue sud (Dahiya), visaient à ébranler le soutien populaire à l’organisation. Mais selon lui, ces actions entraîneront une réponse plus ferme de la part du Hezbollah.