Alors que la Knesset s’apprête à voter la loi la plus controversée de ces dernières années, le Shin Bet (Service de sécurité intérieure) a pris position. Lors de la réunion de la Commission de la sécurité nationale, ce lundi matin, le représentant de l’agence de renseignement a annoncé que le service soutenait en principe la peine de mort pour les terroristes, tout en exigeant que les juges conservent leur pouvoir d’appréciation.
Le débat s’est tenu dans un climat tendu. La commission, présidée par le député Gal Hirsch, a examiné la proposition de loi déposée par le parti Otzma Yehudit visant à instaurer une peine capitale obligatoire pour tout terroriste reconnu coupable du meurtre d’un Israélien pour des motifs idéologiques ou nationalistes.
Le représentant du Shin Bet a déclaré :
« Nous soutenons la démarche et reconnaissons la nécessité de renforcer la dissuasion. Cependant, le texte doit permettre aux tribunaux de décider, au cas par cas, de la sentence. La justice israélienne doit rester indépendante et fondée sur la responsabilité individuelle. »
Cette nuance importante a immédiatement provoqué des réactions au sein de la coalition. Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, ardent défenseur du projet, s’y est opposé fermement :
« Il n’y aura pas de place pour la moindre interprétation. Chaque terroriste, homme ou femme, qui assassine des enfants, des femmes ou des civils israéliens, doit savoir qu’il n’existe qu’une seule issue : la mort. Aucune exception, aucun espoir. C’est un devoir moral envers notre peuple. »
Selon Ben Gvir, la peine capitale obligatoire serait le seul moyen d’instaurer une dissuasion réelle et de restaurer la justice face aux crimes de haine. Il a rappelé qu’il avait récemment averti la coalition :
« Si cette loi n’est pas adoptée dans les trois semaines, Otzma Yehudit ne se considérera plus liée par les accords de coalition. »
Lors de la séance, Gal Hirsch a confirmé que le Premier ministre Benyamin Netanyahou soutenait désormais la loi, tout en laissant la porte ouverte à un mécanisme exceptionnel :
« Le Premier ministre est favorable à la peine de mort pour les terroristes, mais il estime qu’il faut prévoir une clause rare permettant au coordinateur des otages et disparus de demander un réexamen de la sentence dans des cas particuliers. »
Une proposition immédiatement rejetée par Ben Gvir :
« Non. Il n’y aura pas de dérogations, pas de rapports secrets. La seule justice possible pour les assassins de Juifs est la peine de mort. »
Les représentants du ministère de la Défense et de Tsahal étaient absents de la réunion, un silence remarqué qui alimente les spéculations sur des divergences internes au sein du gouvernement. Certains estiment que les milieux militaires craignent une instrumentalisation politique de la justice militaire et redoutent des tensions diplomatiques à l’étranger.
Mais pour une partie de la droite israélienne, ce débat est avant tout moral et symbolique. Les familles de victimes du terrorisme réclament depuis des années la fin des libérations anticipées et des échanges de prisonniers qui, selon elles, encouragent les attaques.
Le député Tzvika Fogel, président de la commission, a salué ce moment comme un « tournant historique » :
« Israël ne peut plus tolérer que ceux qui viennent tuer des Juifs soient récompensés par la vie. C’est une question de justice et de survie nationale. »
Alors que la loi se dirige vers une première lecture mercredi, les lignes de fracture sont claires : le Shin Bet et certains juristes prônent la prudence, tandis que Ben Gvir et ses alliés exigent une application automatique et sans appel.
Quelle que soit l’issue du vote, ce débat révèle une transformation profonde de la société israélienne, entre la nécessité de se protéger et la volonté de rester fidèle à ses valeurs démocratiques.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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