François, le Pape actuel a récemment déclaré que les attaques non seulement contre les Juifs, mais contre l’Etat d’Israël sont également antisémites.
Dans un discours prononcé à la fin octobre pour marquer le 50ème anniversaire de Nostra Aetate, le décret du Vatican II, le Papa a transformé les relations entre Juifs et Catholiques :
« L’Etat d’Israël a le droit d’exister dans la sécurité et la prospérité ».
Cependant, moins connues du public sont les déclarations faites par les théologiens et les papes catholiques influents, sur le sionisme dans les 19ème et le 20ème siècles qui remonte aussi au Vème siècle et le père de l’Eglise, Augustin.
Pour Augustin, les Juifs ont été exilés de leurs terres et dispersés parmi les païens, suite à leur culpabilité dans la mort de Jésus. Ils ont été condamnés à errer et à vivre jusqu’à la fin des temps, dans un état d’anxiété, dans la misère et la servitude aux Gentils empereurs et rois.
Cette « doctrine de témoins juifs », qui a souligné la responsabilité des Juifs pour la mort de Jésus de Nazareth, a tenté d’expliquer pourquoi ils avaient été exilés de leur patrie (bien que la vérité historique, peu connue, est qu’un grand nombre de Juifs vivaient encore dans la terre au temps d’Augustin). Il serait difficile d’exagérer l’impact catastrophique de cette ligne de pensée.
Non seulement les sources idéologiques pour une histoire de calamités, une histoire dans laquelle les communautés juives à travers les siècles ont été tuées dans les trois premières croisades, assassinées par la calomnie ou empoisonnées dans les puits et la peste noire, forcées à se convertir ou émigrer, et vivre dans des ghettos et forcées de porter des vêtements stigmatisant.
Cette « théologie augustinienne des Juifs » était aussi le théâtre de l’opposition dogmatique catholique au sionisme. En fait, le Vatican n’a pas reconnu l’Etat d’Israël jusqu’en décembre 1993. Lorsque Théodore Herzl, le père peut-être le plus important du sionisme moderne, a demandé au pape Pie X de soutenir la création d’une patrie juive, le Pape a dit « non possumus »(« nous ne pouvons pas »).
Ce fut le début de ce qui semblait, en opposition aux déclarations historiques du Pape François, une opposition papale indéterminée au sionisme. Aucun pontife ne s’est opposé si activement à la création d’une patrie juive que le Pape Pie XII, après la Seconde Guerre mondiale.
Après avoir réussi à convaincre beaucoup que les Juifs « sont les agresseurs et belliqueux », ce que, des années plus tard, les quelques survivants d’Hitler se battaient pour établir une patrie pour garantir la sécurité de base, il a publié pas moins de trois encycliques opposés à l’État Israël.
L’Église a commencé à associer le sionisme avec le communisme et d’autres mouvements « méchants » et à envisager des différences chez les Israéliens dans le même territoire, « la Terre Sainte » que l’Eglise a considérée comme exclusive.
Alors que François a visité l’Etat d’Israël en 2014, il n’a fait aucune déclaration comme il l’a récemment exprimé. Mais dans son discours d’octobre 2015, il a déclaré : «Attaquer les Juifs est l’antisémitisme, et aussi une attaque directe contre l’Etat d’Israël ». Seulement sous le fond de tristes et de longs siècles de contexte théologique du Judaïsme, de persécutions, de ghettoïsation, de génocide et, surtout, l’opposition du pape au Sionisme, nous voyons l’importance de la nouveauté de la déclaration du Saint-Père sur l’antisémitisme et l’Etat d’Israël. Qui reste une parole de bienvenue fondamentale.
Source et traduction Alyaexpress-News : Boston Globe
* Kevin Madigan est Professeur de l’Histoire ecclésiastique à la Harvard Divinity School et auteur du livre « Le christianisme médiéval ».