Le téléphone retrouvé de l’ancienne procureure militaire : un mystère qui secoue l’appareil sécuritaire israélien

L’affaire continue d’enflammer Israël : le téléphone portable de l’ancienne procureure militaire, la générale Yifat Tomer-Yerushalmi, a été retrouvé sur une plage au nord de Tel-Aviv, après avoir passé plusieurs jours dans l’eau salée. L’appareil, encore allumé au moment de sa découverte, pourrait contenir des données sensibles liées à une enquête militaire de premier plan. Une situation inédite, à la fois politique, judiciaire et technologique, qui révèle de profondes fractures au sein de l’État hébreu.

Selon les premiers éléments de l’enquête, le téléphone — un iPhone 16 appartenant à la procureure militaire déchue — a été retrouvé sur la plage de HaTzuk, par un promeneur qui a immédiatement alerté la police. Sur l’écran, encore actif, figurait une photo de la magistrate et de sa fille.
L’appareil a été transféré au laboratoire cyber de la Lahav 433, l’unité d’élite de la police israélienne, afin d’examiner si les composants internes, notamment la mémoire, ont survécu à l’immersion prolongée. Un officier a précisé dans les colonnes d’Israël Hayom : « Le fait que l’écran s’allume ne signifie pas que le système fonctionne encore. Après cinq jours dans l’eau salée, il est presque impossible que la mémoire interne soit intacte. »

Les enquêteurs disposent d’un mandat judiciaire de perquisition numérique, limité aux mots-clés liés à la fuite d’informations classifiées qui avait conduit à l’arrestation de Tomer-Yerushalmi. La procureure, libérée il y a trois jours de la prison de Névé Tirza pour être placée en résidence surveillée, reste inculpée de falsification de rapports officiels et d’entrave à la justice militaire.

L’affaire, surnommée « le téléphone de la procureure », dépasse le cadre d’une simple fuite. Elle a provoqué une crise institutionnelle entre la justice militaire, la police et le gouvernement.
Selon plusieurs médias, dont N12, le ministre de la Justice Yariv Levin aurait tenté de faire transférer le dossier à un juge externe, le juge à la retraite Asher Kula, en contournant la supervision de la Cour suprême. Cette initiative, immédiatement bloquée par le commissaire de police Danny Levy, a été décrite par certains hauts responsables comme « la tentative la plus proche d’un coup d’État administratif ».

Un officier supérieur, cité anonymement par Channel 12, a déclaré : « Ils ont essayé de contourner la Cour suprême pour politiser une enquête policière. Le commissaire et le chef de la division des enquêtes, le commandant Boaz Balat, ont tenu bon. »

Mais au sein même de la police, les lignes de fracture apparaissent. Plusieurs sources accusent Boaz Balat d’avoir lui-même manipulé les médias pour influencer l’opinion publique. « Il s’est servi de la presse pour orienter l’enquête et couvrir ses propres fautes », affirme un cadre du ministère de la Sécurité intérieure.

Sur le plan judiciaire, la défense de Tomer-Yerushalmi soutient que le téléphone aurait pu être déplacé ou falsifié. Des experts estiment qu’un appareil resté plusieurs jours dans l’eau de mer aurait dû être irrémédiablement endommagé. Le fait qu’il ait conservé une partie de sa charge intrigue : le scénario d’une mise en scène ou d’un dépôt volontaire sur la plage n’est pas écarté.
L’ancien chef du renseignement militaire, le général Amos Yadlin, a réagi avec prudence : « Si un téléphone contenant des documents classifiés a réellement fonctionné après une semaine dans l’eau, ce n’est plus de la technologie, c’est un miracle. »

L’enquête, désormais supervisée par la Lahav 433 sous contrôle direct du parquet général, devra déterminer si d’autres officiers étaient impliqués dans la dissimulation ou la manipulation de preuves. Les mots-clés recherchés incluent des noms de hauts gradés, des fichiers liés aux opérations à Gaza et des correspondances internes sur des dossiers de corruption présumée.

L’affaire embarrasse le gouvernement Netanyahou, déjà fragilisé par les tensions entre les institutions judiciaires et la coalition de droite. Le ministre de la Défense Israël Katz a ordonné une réévaluation de la sécurité numérique dans les bureaux militaires et civils, soulignant « le risque que des informations sensibles aient circulé sans contrôle pendant plusieurs jours ».
De son côté, le chef d’état-major Eyal Zamir a exigé une enquête interne sur les procédures de communication au sein du corps juridique militaire, évoquant « des failles systémiques inquiétantes ».

Dans un contexte où la confiance du public envers les institutions est déjà mise à rude épreuve, cette affaire prend une dimension symbolique : elle met à nu les fragilités d’un État démocratique soumis à des tensions internes et à une hyperpolitisation croissante.
Pour de nombreux Israéliens, le téléphone de la procureure est devenu le miroir des dysfonctionnements d’un système entier — celui où la frontière entre justice, pouvoir et communication semble s’être dissoute.

Et tandis que la police tente de percer le mystère de cet iPhone rescapé de la mer, la question de fond demeure : s’agit-il d’une simple coïncidence technique ou de la pièce maîtresse d’un scandale politique bien plus vaste ?
En Israël, certains parlent déjà d’un « Watergate numérique ».


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés