“Le ‘téléphone rouge’ et les serveurs détruits : révélations explosives devant la Cour suprême sur les dernières heures des observatrices de Nahal Oz”

Deux ans après le massacre du 7 octobre, les familles des observatrices tombées à Nahal Oz réclament encore l’accès complet aux preuves. Lors d’une audience bouleversante, Tsahal a révélé l’existence d’un “téléphone rouge” jusque-là non mentionné et la destruction d’une partie des serveurs extraits du poste. La Cour suprême exige maintenant une vérification totale sous 30 jours. Au cœur de l’enjeu : restaurer la confiance d’un public meurtri qui veut connaître toute la vérité.


La douleur des familles n’a pas faibli depuis plus de deux ans. Ce matin, devant la Cour suprême à Jérusalem, une nouvelle audience s’est tenue concernant l’accès complet aux documents, images et enregistrements issus du poste d’observation de Nahal Oz — poste où les observatrices Yam Glass, Hadar Cohen et Noa Marciano ont perdu la vie lors de l’attaque du 7 octobre 2023.

Selon les informations détaillées par Haaretz, Ynet et Kan News, cette audience avait pour objectif d’examiner une requête déposée il y a un an par les familles, qui accusent Tsahal de retenir des preuves cruciales. Mais ce qui a émergé au tribunal dépasse de loin leurs inquiétudes initiales.

Pour la première fois, l’armée a admis que :

  • un “téléphone rouge” appartenant à une des officières était en possession de Tsahal,
  • les serveurs extraits du poste — récupérés dans une zone non incendiée — ont été envoyés chez Elbit pour tentative de restauration,
  • et que certains serveurs ont ensuite été détruits, car endommagés par la fumée au point d’être, selon l’armée, “irrécupérables”.

Des révélations qui ont suscité un choc immédiat dans la salle, tant pour les proches que pour les juges.


Une bataille juridique et émotionnelle qui dure depuis plus d’un an

Devant les juges Isaac Amit, David Mintz et Noam Sohlberg, l’avocat des familles, Me Gilad Yitzhak Bar-Tal, a dénoncé une gestion chaotique et contradictoire des preuves :

“Ces parents ont payé le prix le plus lourd. Comment est-il possible qu’un poste entier d’observation ne soit pas documenté ? Comment l’armée peut-elle affirmer ne pas disposer de matériel qu’elle découvre ensuite par surprise ? Ce flou crée un déficit de confiance.”

Selon The Times of Israel, plusieurs familles affirment que l’armée leur a fait des promesses non tenues concernant la remise de documents visuels et audio des heures précédant l’attaque. Certaines affirment que des images partielles auraient été conservées sans explication cohérente sur les lapses manquants.

À cela s’ajoute désormais la question brûlante du “téléphone rouge”, un appareil professionnel permettant des communications directes — dont l’existence n’avait jamais été mentionnée auparavant.


Tsahal assure n’avoir rien voulu cacher : “Les serveurs étaient irrécupérables”

La représentante du ministère de la Justice, Me Danielle Marks, a déclaré :

“Nous exprimons notre profonde douleur. Rien n’a été volontairement dissimulé. Tous les efforts ont été faits pour retrouver le moindre fragment de données.”

Selon ses propos, confirmés par des reportages de Kan 11, les serveurs exposés à la fumée auraient subi des dommages irrémédiables malgré une tentative de récupération effectuée par Elbit Systems. La destruction de certains composants aurait été réalisée “conformément aux protocoles”, après l’échec total de la restauration.

Le lieutenant-colonel Tal Leibowitz, de la Division technologique de défense des frontières, a ajouté :

“Quelques jours après l’attaque, nous avons démonté les serveurs. La fumée a causé des dégâts étendus. Nous avons tenté une reconstruction complète via une société externe. Cela n’a pas fonctionné.”

Mais pour les familles, ces explications ne suffisent pas — d’autant plus que ces affirmations contredisent des déclarations antérieures du commandement sud, selon plusieurs reportages de Haaretz.


La Cour suprême perd patience et exige une vérification totale sous 30 jours

Le juge Amit s’est adressé directement aux représentants de l’État :

“Les familles veulent chaque fragment d’information. Elles doivent au moins savoir ce qui a été cherché, quand et comment. Si des matériaux ont été détruits, qui l’a fait ? Pourquoi ?”

Les trois juges ont ordonné à Tsahal de :

  • vérifier dans les 30 jours tout élément pouvant exister encore,
  • produire un rapport complet et daté sur chaque étape de la gestion des preuves,
  • détailler l’état exact de chaque serveur, disque dur, téléphone ou support récupéré,
  • et remettre aux familles tout contenu restant “sans exception”.

Une décision saluée par les familles mais qui révèle un profond malaise institutionnel.


Un syndrome qui dépasse Nahal Oz : une crise de confiance nationale

Depuis le 7 octobre, la confiance du public envers les institutions sécuritaires a été sévèrement ébranlée. Les révélations répétées sur :

  • les échecs de surveillance,
  • l’absence de réaction aux avertissements préalables du renseignement,
  • les pertes massives dans les postes d’observation,

ont mis en lumière des fragilités structurelles.

Les observatrices de Tsahal, souvent des jeunes femmes de 18 à 20 ans, ont été particulièrement exposées. Des reportages de Ynet ont déjà révélé que certaines alertes données par les observatrices dans les mois précédant l’attaque n’avaient pas reçu de réponse adéquate.

Aujourd’hui encore, leurs familles se battent pour reconstruire les événements minute par minute — non pour pointer des coupables, disent-elles, mais pour “comprendre ce qui est arrivé à nos filles”.


Le devoir de vérité, un impératif moral et national

Dans un pays où chaque famille a un enfant en uniforme, la transparence de Tsahal n’est pas une option — c’est un pilier de la confiance nationale.

Les révélations du jour ne sont pas seulement une étape judiciaire : elles sont un rappel brutal de l’importance d’une documentation complète, d’un traitement rigoureux des preuves, et d’une communication honnête envers les familles endeuillées.

Israël, qui se reconstruit encore après le traumatisme d’octobre 2023, ne peut pas se permettre d’ajouter à la douleur des familles la suspicion d’opacité.

L’exigence des juges — tout doit être vérifié, et tout doit être remis — est le seul chemin possible pour restaurer la confiance.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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