Les représentants de 123 États éliront un nouveau procureur à la Cour pénale internationale de La Haye, qui remplacera le procureur Fatou Bensouda en juin. Israël ne coopère pas avec la CPI, mais est très intéressé par le résultat des élections, car la décision finale sur l’ouverture d’une enquête sur les «crimes de guerre» dans les territoires palestiniens pendant l’opération Tsouk Etan dépend du nouveau procureur.

Si une enquête est ouverte sur des dizaines de politiciens israéliens et d’anciens commandants de Tsahal, il y aura une menace d’arrestation en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI sur le territoire des États qui ont adhéré au Statut de Rome. Après que la cour ait reconnu la compétence de la CPI dans les territoires palestiniens, une telle menace est devenue plus réelle, mais Jérusalem espère que le nouveau procureur changera la décision de Fatou Bensouda et abandonnera l’enquête, à laquelle les États-Unis s’opposent fermement.

La décision dépendra du point de vue du futur procureur de la CPI. Lors du premier tour de scrutin de cet après-midi, le plus grand nombre de voix a été obtenu par deux candidats ayant des points de vue très différents sur le rôle et les tâches de la Cour pénale internationale.

Le «favori» d’Israël et des États-Unis, l’avocat britannique Karim Khan, a reçu 59 voix au premier tour – trois de moins qu’il n’en faut pour être élu. Kahn est connu comme un avocat «pragmatiste» qui s’oppose à la «politisation» de la CPI. Il estime que la Cour pénale internationale devrait se concentrer sur les crimes les plus graves, dont les victimes ne bénéficient d’aucune protection judiciaire dans leur pays d’origine, et ne pas être «éparpillée» dans des enquêtes de grande envergure sur des crimes moins graves commis par des États dans lesquels est un système de justice indépendant capable de punir les criminels militaires tels que les États-Unis et Israël.

Le principal rival de Khan, avec le soutien de 42 membres de la CPI, est l’Irlandais Fergal Gaynor, partisan de la maximisation de la compétence de la CPI et de sa transformation en un organe efficace de justice mondiale pour tous les faibles et opprimés. Gaynor a été qualifié de «politicien» de la CPI, et les diplomates américains ont tenté d’empêcher son élection en convaincant les alliés européens que le procureur «activiste» empêcherait la «réinitialisation» des relations entre la CPI et la nouvelle administration Biden, qui, en contrairement à son prédécesseur Trump, est en principe très enclin à une coopération maximale avec les organisations internationales.

Suite au second tour de scrutin, c’est Karim Khan qui a été élu procureur de la CPI pour les neuf prochaines années. La victoire de Karim Khan ne garantit pas qu’Israël se débarrassera d’une enquête criminelle, mais il offre les meilleures chances d’obtenir une issue favorable – à condition de maintenir une alliance étroite avec les États-Unis et un système judiciaire indépendant, qui est notre principale défense contre les troubles internationaux.