Le tribunal allemand a suspendu ce lundi le procès de l’ancien médecin SS Hubert Zafke, complice de la mort de 3.681 juifs à Auschwitz et qui doit faire face aujourd’hui à cette accusation à l’âge de 95 ans.
Le juge en chef, Klaus Kabisch a mis le procès en attente peu de temps après son ouverture, en disant qu’un médecin doit examiner l’accusé, car il avait « des pensées suicidaires, et souffrait de réaction de stress et d’hypertension ».
Il n’était donc « pas dans un état pour être transporté à la cour ou d’être entendu », a dit le juge.
L’ancien médecin SS Hubert Zafke, 95 ans, fait face à un procès pour avoir contribué au meurtre de 3.681 juifs à Auschwitz pendant la période où a été internée la jeune adolescente Anne Frank dans le camp d’extermination nazi.
L’affaire contre Zafke se concentre sur son service comme SS infirmier du 15 Août au 14 Septembre 1944 dans le vaste camp d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne occupée, où environ 1,1 million de personnes ont péri.
Les procureurs savent que Zafke « a volontairement appuyé le meurtre de masse industrielle d’une manière insidieuse et cruelle ».
Pendant un mois, 14 trains sont arrivés à Auschwitz, livrant des prisonniers à travers l’Europe dans des camps de travail comme esclaves et d’autres dans les chambres à gaz.
Dans l’un des trains se trouvait la famille d’Anne Frank, dont le journal sur la vie de sa famille juive dans la clandestinité à Amsterdam a été publié à des millions d’exemplaires et reste un best-seller dans le monde entier.
Anne Frank a survécu à Auschwitz, mais elle est morte à Bergen-Belsen, peu de temps avant sa libération en 1945 par l’armée britannique.
Zafke, est le fils d’un fermier qui rejoint la police d’élite du parti nazi dans la Waffen-SS à 19 ans. Il a d’abord combattu sur le front de l’Est, et a également servi comme officier à Auschwitz d’Octobre 1943 à Janvier 1944.
Après la Seconde Guerre mondiale, un tribunal polonais, en 1948, l’a condamné à une peine d’emprisonnement de quatre ans et il a ensuite été libéré en 1951.
Pendant son temps, en tant qu’infirmier, son travail était de faire des injections mortelles aux détenus mais Zafke a affirmé avoir seulement effectué les premiers secours et soigné des prisonniers.
Il a dit aux enquêteurs qu’il n’avait aucune idée de ce qu’était le camp d’Auschwitz et pensait que les crématoriums chauffaient les plantes.
Les survivants de la Shoah et leurs enfants de divers pays sont attendus pour assister au procès de Zafke à Neubrandenburg, à 130 kilomètres au nord de Berlin.
Zafke a vécu depuis 1951 près de la ville, dans ce qui était devenu l’Allemagne de l’Est après la Seconde Guerre mondiale.
Il a eu quatre fils et a travaillé comme contrôleur dans une usine locale jusqu’à sa retraite.
Zafke est défendu par Peter-Michael Diestel, qui a servi en tant que dernier ministre de l’Intérieur de l’Allemagne de l’Est et a ouvert un cabinet privé dans les années suivant la chute du mur de Berlin.
S’il est coupable, Zafke risque 15 ans de prison, dans ce qui peut être une période largement symbolique étant donné son âge avancé.
Le tribunal avait déjà statué contre son procès, estimant que Zafke souffrait de démence, mais une cour d’appel a infirmé cette décision.
Compte tenu de l’âge avancé de Zafke, le tribunal a seulement fixé une période initiale de deux nouvelles dates pour ce procès, entre le 14 et 30 Mars.