Nathalie et David (noms d’emprunt, les vrais noms sont conservés par la rédaction) voulaient simplement une vie meilleure pour leurs enfants : sans guerre, avec de meilleures opportunités économiques et un quotidien plus paisible. Lorsqu’ils ont entendu parler du visa spécial offert par le Canada aux Israéliens à cause de la guerre – un permis de travail de trois ans – ils ont sauté sur l’occasion.
« Nous avons entendu parler d’amis qui partaient au Canada et nous avons voulu faire de même, » raconte Nathalie. « Nous avons découvert l’existence de ce visa spécial, nous avons organisé notre départ et avons déménagé il y a un an, à Pessah 2024, grâce au visa de guerre. Nous ne supportions plus la situation en Israël. »
Ce couple de professionnels libéraux, parents de deux enfants de cinq et sept ans, voulait s’installer à Toronto, où ils savaient qu’une grande communauté israélienne les attendait. Leurs amis avaient choisi Calgary, en Alberta, mais eux ont préféré Toronto, pensant que la proximité de la communauté israélienne faciliterait leur intégration.
« Nous voulions être proches de la communauté, et je pensais que cela m’aiderait à développer mon salon de cosmétique, » explique Nathalie. Ils ont loué un appartement à Vaughan, une ville au nord de Toronto où vivent de nombreux Israéliens.
Les dons sont la bienvenue en cette situation particulièrement difficile :
« Au début, tout allait très bien. On s’est détendus après le stress d’Israël, on a profité de la vie. Ensuite, j’ai ouvert mon affaire, et des clientes israéliennes ont commencé à venir. David, lui, n’a pas trouvé de travail dans son domaine (le graphisme), alors il a travaillé dans une entreprise israélienne en tant qu’assistant du propriétaire. Les enfants sont allés à l’école juive, ils se sont fait des amis israéliens et ont vraiment épanoui. On vivait dans un quartier israélien et c’était super. Même l’hiver, dont tout le monde nous avait parlé comme une épreuve, s’est bien passé, et pour les enfants, c’était une expérience amusante. »
David et Nathalie pensaient que leur avenir au Canada était assuré. Mais ils avaient mal compris les conditions de leur visa.
« Nous pensions qu’après avoir obtenu un permis de travail, nous pourrions demander la citoyenneté. Mais en décembre, en nous renseignant sur la procédure, nous avons découvert qu’il n’existait actuellement aucun programme d’immigration auquel nous pouvions postuler. Au début, nous étions extrêmement déçus et en colère contre nous-mêmes de ne pas l’avoir su avant. Nous avons aussi réalisé que si nous avions choisi Calgary, il aurait été plus facile d’obtenir la résidence permanente. »
L’échec de leur projet et le retour en Israël
Après que la mère de David soit tombée malade, le couple a décidé de rentrer temporairement en Israël.
« J’espère toujours retourner au Canada, mais pour l’instant, nous devons économiser de l’argent. Nous avons eu beaucoup de dépenses pour notre déménagement. Nous allons donc passer Pessah avec la famille, puis nous verrons. »
Canada : un rêve ou un piège pour les Israéliens ?
De nombreux Israéliens cherchent un moyen de quitter leur pays en raison de la guerre, du coût de la vie exorbitant, de l’échec du système éducatif et de la hausse constante des prix de l’immobilier. Le Canada est une destination de choix, notamment depuis le début du conflit.
Le pays, connu pour sa politique d’immigration généreuse, a mis en place un programme spécial pour les Israéliens et les Palestiniens affectés par la guerre. Grâce à ce programme, les Israéliens peuvent obtenir un permis de travail de trois ans sans conditions préalables. Des milliers d’Israéliens en ont déjà bénéficié, et d’autres sont en attente d’approbation.
Mais le Canada est un pays organisé, avec des conditions strictes en matière d’immigration. Ceux qui ne respectent pas ces règles risquent l’échec.
« Beaucoup d’Israéliens ne font pas de recherches approfondies avant de partir. Ils arrivent avec une somme d’argent qui finit par s’épuiser, » explique Michal Harel, résidente d’Ontario qui a créé le site « Ovrim LeCanada » (« Passer au Canada »), une plateforme d’informations pour les Israéliens cherchant à s’installer dans le pays.
Les pièges à éviter
1. Délai d’attente pour le permis de travail
Une fois au Canada, les nouveaux arrivants doivent attendre plusieurs mois avant d’obtenir leur permis de travail. Pendant ce temps, ils n’ont pas le droit de travailler, ce qui signifie qu’ils doivent prévoir des économies suffisantes.
2. Aucune garantie de résidence permanente
Contrairement à ce que beaucoup pensent, ce visa ne mène pas automatiquement à la résidence permanente ou à la citoyenneté. Pour y parvenir, il faut respecter des critères spécifiques et planifier sa demande dès le départ.
3. Mauvaise gestion financière
Certains Israéliens s’installent dans des quartiers populaires mais coûteux, comme Vaughan, ce qui épuise rapidement leurs économies.
« Beaucoup d’Israéliens pensent qu’ils vont obtenir la citoyenneté canadienne gratuitement. Mais ce n’est pas du tout le cas, » ajoute Harel.
Témoignages d’échecs
Harel partage plusieurs cas d’Israéliens en difficulté :
Un couple de Toronto : il travaillait dans la restauration, elle faisait des ongles. Ils ont réalisé trop tard qu’ils n’étaient pas éligibles à la résidence permanente en Ontario et ont perdu des points en travaillant au mauvais endroit.
Un homme seul à Toronto : il a attendu son permis de travail trop longtemps, a épuisé ses économies et a envisagé de vivre dans un refuge pour sans-abri.
Un couple de pharmaciens : âgés de plus de 50 ans, ils ne savaient pas qu’ils avaient besoin d’un permis pour exercer leur profession.
« L’immigration est un défi. Ce n’est pas un rêve facile, et le Canada n’est pas l’Amérique, » conclut Harel.
Combien d’Israéliens vont repartir ?
D’après les experts en immigration, environ 50 % des Israéliens ayant obtenu ce visa spécial retourneront en Israël.
Conseils pour une immigration réussie
Planifier l’immigration avant de partir : vérifier quel programme de résidence permanente est accessible et choisir la bonne province.
Ne pas compter sur le visa de travail pour obtenir la citoyenneté.
S’entourer d’experts : consulter des avocats spécialisés en immigration pour éviter les erreurs.
S’intégrer lentement mais sûrement : comprendre que refaire sa vie à l’étranger prend du temps.
« Il ne suffit pas de démanteler sa vie en Israël. Il faut la reconstruire au Canada, comme un puzzle, » conclut Harel.
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