L’Égypte accuse Netanyahou de chercher à renforcer sa position politique en Israël à ses dépens

Des tensions diplomatiques croissantes émergent entre l’Égypte et Israël, sur fond d’efforts américains visant à relancer un dialogue régional après la guerre à Gaza. Selon des informations rapportées par le quotidien libanais Al-Akhbar et confirmées par plusieurs sources arabes, Le Caire estime que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou tenterait d’utiliser ces initiatives diplomatiques pour consolider sa position politique interne, au détriment des intérêts égyptiens.

D’après ces sources, des discussions se sont tenues ces derniers jours aux niveaux politique et sécuritaire entre l’Égypte, la Jordanie et Bahreïn. Elles portaient sur la possibilité d’une reprise progressive des relations diplomatiques normales avec Israël après la fin des combats à Gaza, dans le cadre d’une pression exercée par l’administration américaine. En échange, les pays arabes concernés auraient formulé une série d’exigences, dont plusieurs, notamment celles émanant du Caire, se heurtent à une opposition ferme de la part d’Israël.

Un haut responsable égyptien cité par Al-Akhbar indique que Jérusalem considère ces demandes comme « difficiles et inacceptables ». Parmi les points les plus sensibles figurent le retrait israélien du corridor de Philadelphie, le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, ainsi que la réouverture du poste-frontière de Rafah dans les deux sens. L’Égypte exige également que toute déclaration officielle conjointe évoque explicitement la reconstruction de Gaza et garantisse l’absence de déplacement forcé ou d’émigration des Palestiniens hors de l’enclave, des formulations auxquelles Israël s’oppose, les jugeant contraires à ses objectifs stratégiques.

Selon la chaîne publique israélienne Kan 11, Le Caire a jusqu’à présent refusé de répondre favorablement aux tentatives américaines d’organiser une rencontre entre le président Abdel Fattah al-Sissi et Benjamin Netanyahou. Des sources égyptiennes estiment qu’une telle réunion serait « dénuée de toute utilité » pour l’Égypte dans les conditions actuelles. Le pays conditionnerait toute rencontre de ce niveau à une réunion publique préalable entre les ministres des Affaires étrangères des deux États, organisée dans un pays tiers, afin d’éviter l’impression d’un rapprochement bilatéral dicté par Israël.

L’Égypte considère par ailleurs que certains gestes proposés par Israël ne constituent pas un prix politique suffisant. L’approbation israélienne d’un accord gazier de 35 milliards de dollars, actuellement gelé, ou la tolérance envers certaines activités militaires égyptiennes dans le Sinaï en violation des accords de paix, ne suffiraient pas à justifier, selon Le Caire, une relance des relations diplomatiques à ce stade. Bien que l’Égypte affirme officiellement que ses relations bilatérales avec Israël sont distinctes de son rôle de médiateur et de la question palestinienne, elle insiste sur l’ouverture de Rafah comme geste de bonne volonté, notamment pour permettre l’acheminement d’une aide humanitaire et médicale suffisante vers Gaza.

Toujours selon Kan 11, les responsables égyptiens estiment que les efforts américains pour réactiver un dialogue politique direct entre Israël et les États arabes « servent avant tout Israël ». Cette perception aurait été clairement exprimée par le président al-Sissi lors d’un entretien téléphonique récent avec le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al Khalifa, dans le cadre d’une tentative de coordination d’une position arabe commune face au gouvernement israélien actuel.

Au cœur du différend se trouve la conviction égyptienne que certaines initiatives soutenues par Washington visent indirectement à renforcer Benjamin Netanyahou sur la scène politique intérieure israélienne, voire à lui apporter un soutien en vue de futures élections. Des sources égyptiennes affirment que des responsables américains estiment qu’une future coalition différente, toujours dirigée par Netanyahou, pourrait lui offrir une plus grande marge de manœuvre diplomatique, conformément à ce qu’il aurait présenté à de hauts responsables de la Maison-Blanche.

Un diplomate égyptien a par ailleurs confié que le ministre des Affaires étrangères, Badr Abdel-Aati, a interrogé à plusieurs reprises ses interlocuteurs américains sur la manière dont l’Égypte pourrait justifier publiquement l’ouverture de canaux de communication avec des dirigeants israéliens qui critiquent ouvertement la politique égyptienne. Bien qu’al-Sissi et Netanyahou aient échangé par téléphone lors de la visite du président américain Donald Trump en Israël, le président égyptien aurait demandé à ses services de renseignement de préciser aux Américains que cette communication relevait avant tout de son respect pour le président Trump, tout en réaffirmant l’existence de « lignes rouges » sur lesquelles l’Égypte n’entend faire aucune concession.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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