Le Yémen fait face à une flambée sans précédent de choléra, confirmée ce jeudi par les Nations unies. Selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays arabe, en guerre depuis près d’une décennie, est désormais la deuxième zone mondiale la plus touchée, derrière l’Afghanistan. Depuis le début de l’année 2025, plus de 81 000 nouveaux cas ont été recensés, mais les experts estiment que les chiffres réels sont largement supérieurs.
Une crise sanitaire aggravée par la guerre civile
Entre janvier et septembre 2025, le Yémen a enregistré 81 189 cas suspects de choléra et 225 décès, soit un taux de mortalité parmi les plus élevés au monde (241 morts pour 100 000 personnes infectées). Seuls le Soudan du Sud (624 morts pour 100 000 cas) et l’Afghanistan (407) présentent des chiffres plus graves.
Le rapport de l’OMS souligne que la région de la mer Rouge et du Golfe d’Aden concentre désormais le cœur de l’épidémie. Dans un pays où l’eau potable est un luxe et où les infrastructures sanitaires se sont effondrées, la propagation s’est faite à une vitesse fulgurante.
Le Yémen, déjà ravagé par la guerre entre le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite et les rebelles houthis pro-iraniens, n’a ni les moyens ni les capacités de contenir la maladie. L’effondrement du réseau d’assainissement, la rareté du carburant et les coupures d’électricité rendent presque impossible le pompage et la purification de l’eau.
Des chiffres qui cachent une réalité encore plus dramatique
Le rapport de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme alerte : les données officielles ne reflètent « qu’une fraction de la catastrophe ». Selon ses estimations, plus de 300 000 personnes auraient déjà contracté la maladie depuis 2024.
Nombre de malades meurent sans diagnostic, incapables d’atteindre un centre médical. Dans plusieurs provinces, des familles préfèrent garder leurs proches à domicile, faute de moyens pour se déplacer ou par peur des bombardements.
L’OMS note qu’en septembre 2025, 8 929 nouveaux cas ont été détectés, soit le deuxième taux de contamination le plus élevé au monde après l’Afghanistan (17 128 cas). En tout, 32 pays à travers cinq régions sont touchés, totalisant 518 324 infections et 6 508 morts depuis janvier.
Le Yémen, nouvelle bombe épidémiologique régionale
Ce retour violent du choléra survient dans un contexte où les houthis, soutenus par l’Iran, multiplient les provocations militaires contre Israël et la navigation en mer Rouge. Si le pays s’enfonce dans une catastrophe sanitaire, le risque de débordement épidémiologique vers les pays voisins – dont Djibouti, l’Arabie saoudite et Israël via la mer Rouge – devient tangible.
Des experts israéliens en santé publique, interrogés par Ynet, avertissent :
« Les flux migratoires, les échanges portuaires et la crise humanitaire yéménite créent un corridor à haut risque. Si la maladie n’est pas contenue, elle pourrait menacer les côtes israéliennes du sud. »
Le ministère israélien de la Santé a d’ailleurs confirmé suivre de près l’évolution de l’épidémie. Des mesures préventives ont été renforcées dans les ports d’Eilat et d’Ashdod, notamment le contrôle sanitaire des équipages et cargaisons en provenance du sud de la mer Rouge.
L’inaction internationale dénoncée
Malgré les alertes de l’ONU, l’aide humanitaire internationale s’essouffle. La guerre au Yémen a réduit les financements étrangers, et de nombreuses ONG ont quitté le terrain faute de garanties de sécurité.
L’ONU reconnaît que les moyens de surveillance épidémiologique sont « quasi inexistants » dans la moitié du pays. L’accès humanitaire est entravé par les combats entre forces gouvernementales et milices houthis, qui contrôlent toujours la capitale, Sanaa.
Un porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a averti :
« Sans financement rapide, nous risquons de voir la pire résurgence de choléra depuis un siècle. »
Analyse : le chaos humanitaire, levier géopolitique iranien
Cette crise sanitaire illustre aussi comment l’Iran exploite le chaos pour renforcer l’influence de ses alliés houthis dans la région. En maintenant le Yémen dans une situation de dépendance et de désespoir, Téhéran s’assure d’une tête de pont stratégique face à Israël et à l’Arabie saoudite.
Le choléra devient ainsi, au-delà d’un drame humain, un instrument de déstabilisation régionale.
Pour Israël, cette évolution sanitaire dans la « petite ennemie du sud » n’est pas un simple fait divers humanitaire : c’est une alerte sécuritaire. Une épidémie incontrôlée dans un pays effondré et infiltré par des forces pro-iraniennes peut à tout moment se transformer en risque biologique transfrontalier.
Le Yémen n’est plus seulement un théâtre de guerre oublié : il est devenu un épicentre épidémiologique mondial.
Face à l’inaction de la communauté internationale, la maladie gagne du terrain tandis que les Houthis consolident leur pouvoir dans un pays dévasté.
Pour Israël et ses alliés, cette crise est un rappel brutal : dans le Moyen-Orient post-guerre de Gaza, la menace ne vient pas toujours des armes — parfois, elle vient de l’eau.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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