Ce n’était pas une « information en or » qui a permis l’élimination du leader du Hezbollah, mais plutôt une infrastructure de renseignement développée sur plus d’une décennie. Voici ce que l’on peut en dire.
Même ceux qui ne sont pas des experts militaires comprennent que l’opération « Flèches du Nord », et en particulier l’élimination de la haute direction du Hezbollah, y compris Nasrallah, n’auraient pas pu être menées sans un renseignement précis. Ce renseignement ne pointait pas seulement l’emplacement général du complexe souterrain où ils se trouvaient, mais indiquait également quand lancer les munitions, notamment des pénétrateurs de bunkers, pour éliminer Nasrallah et ses hauts responsables.
Le renseignement devait également déterminer avec précision la profondeur et l’emplacement de la salle de réunion souterraine à Dahiya, à Beyrouth, où Nasrallah et ses hommes se réunissaient pour planifier la poursuite de la guerre. Grâce à ces informations, les bombes ont été larguées avec l’angle et l’altitude exacts pour pénétrer et exploser dans le bon niveau de la salle de réunion.
Sans cette infrastructure de renseignement, composée de plusieurs couches, l’élimination n’aurait pas été possible. Il y a deux niveaux de renseignement qui restent en grande partie cachés, ainsi qu’un niveau cinétique aérien visible, comme on l’a vu dans les résultats de l’opération. Un quatrième niveau de renseignement est crucial : celui de l’évaluation des résultats de l’attaque aérienne.
Le renseignement précis utilisé par les avions et les munitions provenait de la Direction du renseignement militaire d’Israël (Aman), notamment de l’unité 8200, spécialisée dans les interceptions électroniques et cybernétiques, ainsi que de l’unité 9900, qui collecte du renseignement visuel, et de l’unité 504, qui gère des agents sur le terrain. Mais sous cette couche, il y avait une base d’infrastructure fournie par le Mossad, une fondation sans laquelle les unités de renseignement militaire n’auraient pas pu fonctionner efficacement.
Selon des sources fiables du système de sécurité israélien, le Mossad a commencé à planifier cette campagne contre le Hezbollah il y a plus de dix ans. Le Mossad a étudié les forces et les faiblesses de l’organisation chiite, puis a lancé une série d’opérations de renseignement sur le terrain, constituant la base de la campagne actuelle.
Les hauts responsables expliquent que ces opérations ont été renforcées depuis la guerre du Liban de 2006, lorsque le Mossad a permis à l’armée de l’air de mener l’opération « Poids Spécifique », qui a détruit les missiles lourds du Hezbollah fournis par l’Iran. Aujourd’hui, les capacités du Mossad, y compris l’utilisation de la technologie moderne et la gestion d’agents en territoire ennemi, ont permis de recueillir les informations critiques nécessaires pour cibler et éliminer Nasrallah.
Ce n’était donc pas une seule « information en or », mais bien une infrastructure de renseignement que le chef d’état-major, le ministre de la Défense et le Premier ministre ont utilisée pour prendre la décision d’éliminer Nasrallah la semaine dernière.
Bien que de nombreux détails sur cette campagne restent inconnus, les explosions des bippers et des talkies-walkies la semaine dernière sont attribuées au Mossad, selon des sources étrangères. Ces explosions marquent la fin d’une opération complexe qui s’est étendue sur plusieurs années et continents.
Ces opérations du Mossad ont permis à Tsahal de prendre l’initiative, d’éliminer des commandants et des lanceurs de roquettes, et de maîtriser l’escalade à sa convenance.