Les États-Unis condamnent fermement Israel : « La visite de Ben Gvir au Mont du Temple  peut provoquer des violences »

La tempĂȘte internationale continue suite Ă  la venue du ministre de la SĂ©curitĂ© nationale, Itamar Ben Gvir , sur le mont du Temple Ă  JĂ©rusalem la nuit derniĂšre. AprĂšs les nombreuses condamnations reçues des pays arabes, dont les Émirats arabes unis, la Jordanie et l’Égypte, le dĂ©partement d’État amĂ©ricain a Ă©galement publiĂ© un avis officiel de condamnation.

Lors d’un briefing pour les journalistes, le porte-parole du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres, Ned Price , a dĂ©clarĂ© qu’il a Ă©tĂ© dit que « les États-Unis soutiennent le maintien du statu quo des lieux saints Ă  JĂ©rusalem. Nous sommes prĂ©occupĂ©s par la visite du ministre Ben Gvir au mont du Temple, qui accroĂźt la tension et peut inciter Ă  la violence. Nous travaillons pour remettre les parties sur la voie des nĂ©gociations afin de parvenir Ă  une solution Ă  deux États. »

Comme mentionnĂ©, le ministre de la SĂ©curitĂ© nationale est montĂ© sur le mont du Temple hier matin pendant 13 minutes et sans priĂšres, comme selon le statu-quo et d’importantes forces de police ont accompagnĂ© le ministre sur son chemin vers le mont. Le ministre a terminĂ© sa visite sans incidents inhabituels. L’ascension de Ben Gvir vers la place s’est faite malgrĂ© les dĂ©mentis de sa part. Ben Gvir a choisi de monter le 10 Tevet, jour de jeĂ»ne et jour de l’ascension Ă  JĂ©rusalem. De ce fait, il y voit une visite Ă  but symbolique et non une visite politique.

AprĂšs la visite, des pays du monde entier ont condamnĂ© l’action. L’ambassadeur d’IsraĂ«l en Jordanie, Eitan Sorkis, a Ă©tĂ© convoquĂ© pour une rĂ©primande au ministĂšre jordanien des Affaires Ă©trangĂšres. Au cours de la rĂ©union, les reprĂ©sentants jordaniens ont protestĂ© contre la visite. Il a rĂ©pondu que l’Etat d’IsraĂ«l est attachĂ© au statu quo sur le Mont du Temple et Ă  la libertĂ© de culte Ă  JĂ©rusalem.

Il a prĂ©cisĂ© qu’il n’y avait pas de violation du statu quo et que des ministres du gouvernement israĂ©lien s’étaient dĂ©jĂ  rendus sur place par le passĂ©. Parmi les autres pays arabes qui l’ont condamnĂ©, il y a l’Égypte voisine, qui a dĂ©clarĂ© : « Nous exprimons notre tristesse pour l’ascension de Ben Gvir sur le mont du Temple et sommes totalement opposĂ©s aux mesures unilatĂ©rales qui vont Ă  l’encontre du statu quo Ă  JĂ©rusalem ».

Les Émirats arabes unis ont Ă©galement condamnĂ© et dĂ©clarĂ© qu’il s’agissait d’un « assaut » de Ben Gvir contre le complexe de la mosquĂ©e Al-Aqsa. L’Arabie saoudite a qualifiĂ© l’action du ministre de la SĂ©curitĂ© nationale d’« action provocatrice ».

La Turquie a Ă©galement condamnĂ© l’ascension de Ben Gvir et a dĂ©clarĂ© : « Nous sommes prĂ©occupĂ©s et condamnons l’action provocatrice du ministre de la SĂ©curitĂ© nationale Itamar Ben Gvir Ă  la mosquĂ©e Al Aqsa, sous les auspices de la police israĂ©lienne. Nous appelons IsraĂ«l Ă  agir de maniĂšre responsable pour empĂȘcher de telles provocations qui porteraient atteinte au statut et au caractĂšre sacrĂ© des sites religieux de JĂ©rusalem et provoqueraient une escalade dans la rĂ©gion ».

Quel est la statu quo ?

Le mont du Temple (en hĂ©breu Ś”Śš ڔڑڙŚȘ, transl. har ha Bayit) est le lieu le plus sacrĂ© du judaĂŻsme. C’est le site sur lequel se trouvait le temple de JĂ©rusalem, dĂ©truit en 70 par l’empereur Titus. La partie occidentale des murs monumentaux, bĂątis par HĂ©rode pour agrandir le site, serait le seul vestige du temple de JĂ©rusalem et constitue le Mur occidental (Kotel) ou mur des Lamentations.

Aujourd’hui, l’esplanade des MosquĂ©es occupe la majeure partie du mont du Temple avec deux monuments majeurs de l’islam : la mosquĂ©e al-Aqsa et le dĂŽme du Rocher.

Le mont du Temple forme le premier lieu saint du judaĂŻsme tandis que l’esplanade des MosquĂ©es est le troisiĂšme lieu saint de l’islam sunnite, aprĂšs La Mecque et MĂ©dine. L’appellation arabe en est le « Noble Sanctuaire » (en arabe : Ű§Ù„Ű­Ű±Ù… Ű§Ù„ŰŽŰ±ÙŠÙ al-កaram aĆĄ-Ć arÄ«f) et l’appellation hĂ©braĂŻque « mont du Temple » (Ś”Śš ڔڑڙŚȘ, har ha Bayit, prĂ©cisĂ©ment le mont des deux temples juifs appelĂ©s Beit HaMikdash (« le Sanctuaire ») (beit = bayit = « maison », Ha Mikdash = « sanctifiĂ©e »).

L’accĂšs Ă  l’esplanade des MosquĂ©es est rĂ©gi par un statu quo affirmĂ© par le gĂ©nĂ©ral Moshe Dayan en 1967 lors de la conquĂȘte de la vieille ville de JĂ©rusalem par les IsraĂ©liens en 1967, confirmĂ© dans le traitĂ© de paix israĂ©lo-jordanien de 1994 et interdisant aux Juifs de venir prier sur le mont du Temple (mais pas de s’y rendre). De plus, le grand-rabbinat d’IsraĂ«l a interdit l’accĂšs au mont du Temple Ă  toute personne se rĂ©clamant du judaĂŻsme de peur qu’il ne foule par ignorance le Saint des Saints.

Le mont du Temple se situe dans la vieille ville de JĂ©rusalem Ă  JĂ©rusalem-Est, revendiquĂ©e par l’État de Palestine comme sa capitale, annexĂ©e et administrĂ©e par l’État d’IsraĂ«l qui a proclamĂ© JĂ©rusalem capitale « rĂ©unifiĂ©e et indivisible » en 1980. Son administration religieuse a cependant Ă©tĂ© confiĂ©e au Waqf, une fondation religieuse sous juridiction jordanienne.

Selon la Bible, le roi Salomon fait construire sur ce site le Temple de Jérusalem, détruit vers 586 av. J.-C. par Nabuchodonosor II, roi de Babylone.

Les Juifs, de retour d’exil, construisent sous la direction de Zorobabel, petit-fils du roi de Juda Joachin, le Second Temple, inaugurĂ© en 516 av. J.-C. Celui-ci est considĂ©rablement agrandi sous HĂ©rode Ier le Grand qui Ă©tablit l’esplanade actuelle vers la fin du ier siĂšcle av. J.-C..

En 70 ap. J.-C, le Temple d’HĂ©rode est dĂ©truit par l’armĂ©e romaine sous le commandement du futur empereur Titus lors de la PremiĂšre Guerre judĂ©o-romaine.

AprĂšs la conquĂȘte par Titus, aucun Ă©difice ne remplace le temple de JĂ©rusalem. Toutefois, en 130, l’empereur Hadrien rebaptise JĂ©rusalem du nom d’Aelia Capitolina, ce qui suscite la rĂ©volte de Bar Kokhba vaincu Ă  nouveau par les Romains en 135. L’empereur Hadrien fait alors Ă©lever sur le site un temple dĂ©diĂ© au dieu paĂŻen Jupiter Capitolin.

Quand l’Empire romain devient chrĂ©tien, sous l’empereur Constantin Ier, il semble que le site soit laissĂ© Ă  l’abandon.

AprĂšs la conquĂȘte de JĂ©rusalem par les Arabes en 637, de nouveaux bĂątiments sont Ă©levĂ©s : le dĂŽme du Rocher (souvent appelĂ© MosquĂ©e d’Omar) est achevĂ© vers 691, sous le rĂšgne d’Abd al-Malik. Ce monument, le plus visible de JĂ©rusalem avec aujourd’hui sa coupole dorĂ©e, abrite le Rocher de la Fondation, site, selon la tradition juive, de la ligature d’Isaac et, selon la tradition musulmane, du dĂ©part de Mahomet lors de son voyage nocturne. Puis, vers le dĂ©but du viiie siĂšcle, la mosquĂ©e al-Aqsa est Ă©difiĂ©e mais elle subit de nombreuses destructions et sa derniĂšre grande reconstruction date du xiiie siĂšcle.

Christianisme
Le christianisme ne semble pas avoir Ă©levĂ© de monument sur le lieu mĂȘme du Temple transformĂ© en dĂ©potoir Puis, pendant les Croisades, le dĂŽme du Rocher est transformĂ© en Templum Domini et la mosquĂ©e al-Aqsa est remise aux Templiers.

Lieu saint du judaĂŻsme
Le mont du Temple est le lieu le plus sacrĂ© du judaĂŻsme (certains disent mĂȘme que c’est le seul lieu saint).

Selon le Talmud, c’est du sol de ce lieu que Dieu rassemble l’argile qui forme Adam. C’est lĂ  qu’Adam puis, selon son exemple, CaĂŻn, Abel et NoĂ©, font leur holocauste. La tradition juive place aussi Ă  cet endroit le mont Moriah de la Bible oĂč aurait dĂ» s’accomplir le geste sacrificiel d’Abraham :

« Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et lĂ  offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je te dirai. »

Selon la Bible, le roi David achĂšte cette terre pour y construire un autel permanent (II Samuel 24:24). Le roi Salomon rĂ©alise ce vƓu en construisant Ă  cet endroit le Premier Temple en -950, dĂ©truit par Nabuchodonosor II en -586, date qui marque l’exil des Juifs Ă  Babylone.

Le Second Temple y est Ă©tabli Ă  partir de -516, aprĂšs le retour d’exil. Il est dĂ©truit par Titus Flavius Vespasianus en 70, Ă  l’exception du mur ouest, aujourd’hui connu comme le mur des Lamentations, lieu de priĂšre le plus important des juifs.

C’est aussi, selon des juifs religieux, le site du TroisiĂšme Temple de JĂ©rusalem qui sera construit aux temps messianiques, lors de la venue du Messie.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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