Réunis à Paris ces derniers jours, de hauts responsables français, américains et saoudiens ont tenté de remettre sur les rails un dossier libanais enlisé depuis des mois. Au cœur des discussions : le financement de l’armée libanaise et la mise en place de mécanismes crédibles permettant de vérifier qu’elle agit réellement pour affaiblir le Hezbollah et avancer vers un désarmement effectif. Derrière les déclarations diplomatiques, une réalité s’impose : sans garanties politiques et sécuritaires, l’argent international ne viendra pas.
La rencontre, à laquelle a participé le commandant de l’armée libanaise, le général Rodolphe Haykal, s’est concentrée sur deux axes majeurs : la mobilisation de fonds et la vérification des faits sur le terrain. Paris pousse depuis l’été pour l’organisation d’une conférence internationale destinée à soutenir financièrement l’armée libanaise, considérée comme la seule institution nationale encore capable de stabiliser le pays. Le président Emmanuel Macron avait promis fin août une telle conférence avant la fin de l’année, parallèlement à un autre rendez-vous consacré à la reconstruction du Liban. Ces échéances n’ont finalement pas été respectées.
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L’une des principales raisons de ce report tient aux doutes persistants exprimés par plusieurs capitales, en particulier Riyad. L’Arabie saoudite, tout comme Washington, s’interroge sur la capacité réelle de l’État libanais à contenir le Hezbollah, encore moins à le désarmer. Sans avancées tangibles dans ce domaine, toute injection massive de fonds risque, selon ces acteurs, de consolider indirectement un statu quo jugé dangereux pour la stabilité régionale.
Côté américain, le message est clair : le soutien financier doit être conditionné à des résultats mesurables. Les États-Unis souhaitent voir l’armée libanaise renforcer sa présence au sud du pays, appliquer concrètement la résolution 1701 et démontrer qu’elle n’est pas paralysée par les équilibres politiques internes. Cette approche prudente explique pourquoi les discussions actuelles portent autant sur des mécanismes de contrôle que sur les montants eux-mêmes.
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En coulisses, la France tente de jouer le rôle de médiateur. Paris estime qu’un effondrement complet de l’armée libanaise aurait des conséquences dramatiques, ouvrant la voie à une domination encore plus forte du Hezbollah et à une instabilité accrue aux frontières nord d’Israël. L’idée défendue par les diplomates français consiste à soutenir progressivement l’institution militaire, tout en augmentant la pression politique sur Beyrouth afin d’obtenir des engagements plus fermes.
Une conférence internationale est désormais évoquée pour le mois de février. Officiellement, elle devrait servir à coordonner l’aide et à redonner une perspective économique minimale à un pays en crise profonde. Officieusement, de nombreux participants potentiels doutent encore de son efficacité. Les conditions politiques ne sont pas réunies, et aucune feuille de route claire n’existe quant à l’après-conférence, notamment en matière de réformes économiques et de gouvernance.
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Le dossier libanais apparaît ainsi comme un casse-tête stratégique pour Washington et Paris. Tous deux souhaitent éviter un effondrement total du Liban, tout en refusant de financer un système incapable de s’attaquer à l’influence du Hezbollah. L’argent est indispensable, mais il est aussi devenu l’outil principal de pression diplomatique. Tant que les autorités libanaises ne pourront pas convaincre leurs partenaires qu’un changement réel est possible, les promesses resteront conditionnelles et les plans de relance suspendus.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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