Réunies dans la capitale égyptienne, les principales factions palestiniennes ont annoncé qu’elles « acceptaient de soutenir et de continuer à appliquer l’accord de cessez-le-feu à Gaza ». Ce communiqué, relayé par l’agence MENA et confirmé par Reuters, intervient dans un climat d’extrême méfiance, alors que Tsahal maintient une présence sécuritaire dans le sud de la bande et que le Hamas tente de se repositionner politiquement après une défaite militaire majeure.
La rencontre du Caire, convoquée par les services de renseignement égyptiens, a rassemblé des représentants du Hamas, du Jihad islamique, du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et de plusieurs petits groupes affiliés. L’objectif officiel : stabiliser la trêve et poser les bases d’un futur gouvernement palestinien d’union. Dans les faits, il s’agit avant tout d’une bataille pour le pouvoir, alors que l’après-Hamas se dessine dans les couloirs diplomatiques.
Selon les participants, les factions se sont engagées à « respecter les clauses humanitaires du cessez-le-feu » et à « faciliter le retour des déplacés internes ». Une déclaration que les observateurs jugent essentiellement symbolique. Le journaliste palestinien Khaled Abu Toameh rappelle dans The Jerusalem Post que « le Hamas n’a jamais respecté durablement une trêve sans y voir un intérêt tactique ». Les précédents accords, de 2014 à 2023, ont tous été suivis d’une reconstitution accélérée des arsenaux et d’une reprise des tirs de roquettes.
Le rôle du Caire reste déterminant. L’Égypte, qui contrôle le point de passage de Rafah et redoute un afflux massif de réfugiés, cherche à imposer une solution politique régionale. Le président Abdel Fattah al-Sissi tente de présenter l’Égypte comme garante de la stabilité, tout en ménageant ses relations avec Israël et les États-Unis. Selon des sources diplomatiques citées par Le Monde, Le Caire souhaite que « toute reconstruction à Gaza passe par une administration civile palestinienne non armée et reconnue par la communauté internationale ».
Israël, de son côté, accueille ces déclarations avec scepticisme. Un haut responsable israélien cité par Kan 11 a affirmé que « tant que le Hamas n’est pas désarmé et que les otages ne sont pas restitués, il ne peut être question de véritable cessez-le-feu ». Jérusalem rappelle que l’accord actuel n’est qu’une suspension conditionnelle des opérations militaires, sous surveillance américaine et qatari.
Les États-Unis, par la voix du porte-parole du Conseil de sécurité nationale, ont salué les efforts égyptiens mais ont averti que « le retour à la stabilité dépendra de la fin du contrôle du Hamas sur Gaza ». Washington, tout comme les Émirats arabes unis, plaide pour une « nouvelle gouvernance palestinienne pragmatique » susceptible de coopérer avec Israël et l’Autorité palestinienne. Une idée reprise par plusieurs chancelleries européennes, qui y voient une alternative au chaos institutionnel.
Sur le terrain, la population gazaouie demeure épuisée. Les files d’attente devant les points de distribution humanitaire s’allongent, tandis que des affrontements sporadiques éclatent encore entre miliciens rivaux. L’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, affaiblie et discréditée, n’a pour l’instant qu’un rôle consultatif. Le vide politique profite aux factions islamistes, qui continuent d’imposer leur influence dans les camps de réfugiés.
Pour Israël, le risque est clair : un retour du Hamas sous une autre bannière. Comme l’explique l’analyste israélien Amos Harel dans Haaretz, « les factions palestiniennes utilisent le mot cessez-le-feu non pas comme un engagement de paix, mais comme une pause stratégique pour se réorganiser ». Tsahal maintient donc ses opérations ciblées contre les tunnels, les dépôts d’armes et les chefs de brigade toujours actifs à Khan Younès et Rafah.
Cette trêve annoncée ne trompe personne à Jérusalem. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré que « la sécurité d’Israël ne dépendra jamais des promesses des terroristes mais de la force de Tsahal ». Derrière les discours diplomatiques, la réalité reste celle d’une guerre idéologique : le Hamas ne renonce ni à sa charte islamiste ni à sa stratégie de confrontation.
En soutenant un cessez-le-feu dont les termes restent ambigus, les factions palestiniennes cherchent surtout à préserver leur existence politique et à empêcher l’émergence d’un nouvel ordre pro-occidental à Gaza. Une manœuvre classique, qui pourrait bien n’offrir qu’une illusion de paix avant la prochaine escalade.
Sources :
- Reuters
- The Jerusalem Post
- Le Monde
- Haaretz
- Infos-Israel.News – catégorie Israël
- Infos-Israel.News – Alerte Info 24/24
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