« Les Gazaouis ne veulent pas la paix, arrêtons de décider pour eux » : le cri de l’épouse du chef de sécurité du kibboutz Beeri assassiné le 7 octobre

Un témoignage qui glace et interpelle. Sigal Kraunik, veuve d’Arik Kraunik, le responsable de la sécurité (רבש »ץ) du kibboutz Beeri assassiné lors du massacre du 7 octobre. Ses mots résonnent comme une rupture définitive avec l’illusion du « vivre ensemble » avec Gaza.

« Le 7 octobre a tout changé en moi », confie-t-elle. « J’ai grandi dans le sionisme religieux, et ce qui m’a uni à Arik, c’est un grand amour. J’ai choisi de croire au coexistence. Mais ce jour-là m’a ramenée à la case départ, et même au-delà. »

« À qui donner une chance ? »

Sigal Kraunik refuse de fermer les yeux sur ce qu’elle considère comme une évidence : « À qui est-ce que je veux donner une chance ? À ceux qui sortent de prison pour venir nous égorger ? À ceux qui ont exterminé des familles entières qui, justement, croyaient au dialogue et ouvraient leurs portes ? »

Pour elle, il n’y a pas d’ambiguïté dans les intentions du Hamas et d’une large partie de la population de Gaza : « Leur agenda n’a jamais changé. Ils répètent sans cesse que leur objectif est de nous tuer. Ils n’ont pas modifié leur discours. Le jour où ils me tendront la main, on pourra parler. Mais pas avant. »

« Nous pensons savoir ce qui est bon pour eux »

Dans son entretien, elle dénonce aussi une forme de naïveté israélienne : « Il y a chez nous une arrogance. Nous pensons qu’il est clair pour nous ce qui est bon, et que nous pouvons décider pour eux qu’ils veulent la paix. Mais ils ne la veulent pas. »

Elle ajoute un constat amer : « S’ils voulaient la paix, avec tous les financements qu’ils ont reçus, Gaza serait aujourd’hui une Singapour. Ils ont une côte magnifique, une gastronomie réputée… Ils pourraient mener une belle vie. Mais ils ne le veulent pas. Et nous refusons de l’admettre. »

Contre les accusations d’« abandon »

À l’heure où certains reprochent au gouvernement d’avoir laissé le sud exposé, Sigal Kraunik tient à défendre une autre lecture : « Personne ne nous a abandonnés. Si nous ne faisons pas attention à nos paroles, nous offrons des steaks à l’ennemi. Nous avons échoué, oui. Mais échouer ne veut pas dire abandonner. Celui qui sait réparer son échec, c’est lui qui gagnera à la fin. »

Une parole qui pèse

Ses propos s’inscrivent dans un débat brûlant en Israël : faut-il encore croire au dialogue avec Gaza, ou reconnaître, comme le dit Sigal Kraunik, qu’il n’y a pour l’instant « pas de partenaire » pour la paix ?

À travers la douleur d’une veuve endeuillée, c’est toute une partie de la société israélienne qui exprime aujourd’hui sa désillusion. Le rêve fragile du coexistence, mis en pièces le 7 octobre, laisse place à une conviction : la sécurité ne peut reposer que sur la lucidité et la force.

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