Une observation alĂ©atoire par un neurologue cognitif israĂ©lien sur la dĂ©mographie des Juifs atteints de la maladie dâAlzheimer Ă un stade prĂ©coce a conduit Ă une Ă©tude gĂ©nĂ©tique susceptible de bouleverser la façon dont nous diagnostiquons et traitons les patients souffrant de cette maladie. Â
LâOrganisation mondiale de la santĂ© affirme que la maladie dâAlzheimer est le type de dĂ©mence le plus rĂ©pandu, avec environ 40 millions de personnes atteintes dans le monde en 2023. Il nâexiste aucun remĂšde ni mĂȘme une cause universellement acceptĂ©e de la maladie, bien quâelle ait Ă©tĂ© diagnostiquĂ©e pour la premiĂšre fois il y a plus dâun siĂšcle.

En 2017, le Dr Amir Glik, directeur du service de neurologie cognitive Ă Â lâhĂŽpital Beilinson , sâest rendu compte que parmi ses patients juifs souffrant de dĂ©clin cognitif, plus de la moitiĂ© Ă©taient des Juifs sĂ©farades â ceux originaires dâEspagne et du Portugal, dâEurope du Sud et plus tard dâAfrique du Nord et du Moyen-Orient.Â
«Jâai commencĂ© Ă me demander pourquoi cela arrive-t-il?» Glik le dit Ă NoCamels. « Que mon sentiment soit quelque chose que je peux prouver avec des mĂ©thodes statistiques ou sâil sâagit simplement dâun sentiment. »Â
Glik et son Ă©quipe ont alors commencĂ© Ă examiner des centaines de dossiers de patients Ă la clinique de neurologie cognitive de lâhĂŽpital, certains datant de plusieurs annĂ©es, pour voir sâil existait des statistiques appuyant cette intuition.Â
« AprĂšs avoir effectuĂ© le travail et examinĂ© des centaines de patients, nous avons constatĂ© que câĂ©tait exact », dit Glik.Â
Ce quâils ont dĂ©couvert, câest que 64 pour cent des patients juifs atteints de dĂ©mence prĂ©coce Ă©taient sĂ©farades, contre 36 pour cent de Juifs ashkĂ©nazes dâEurope de lâEst et du Nord.Â
LâĂ©quipe sâest ensuite rendue auprĂšs du ministĂšre israĂ©lien de la SantĂ© et dâautres organismes gouvernementaux pour acquĂ©rir des donnĂ©es mises Ă jour chaque annĂ©e, qui confirmaient Ă©galement la tendance dĂ©couverte Ă Beilinson.Â

Glik souligne que lâĂ©tude porte sur des personnes ĂągĂ©es dâenviron 60 ans, qui sont en dessous de lâĂąge moyen pour le diagnostic dâAlzheimer mais plus ĂągĂ©es que celles qui ont une prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique Ă dĂ©velopper la maladie dans la quarantaine.Â
Selon Glik, la population relativement homogĂšne dâIsraĂ«l facilite lâidentification des tendances gĂ©nĂ©tiques au sein de certains groupes ethniques et permet ensuite dâĂ©tendre les dĂ©couvertes Ă des communautĂ©s plus diverses.Â
«LâidĂ©e, lorsquâon fait une Ă©tude gĂ©nĂ©tique, est de prendre une population fermĂ©e», dit-il. « [Et] les gens qui ont Ă©tudiĂ© la gĂ©nĂ©tique ont dit quâIsraĂ«l est le paradis dâun point de vue gĂ©nĂ©tique. » Â
Glik explique que dans une population fermĂ©e comme IsraĂ«l, moins de diversitĂ© signifie quâil y aura un pourcentage plus Ă©levĂ© de la population prĂ©sentant certains facteurs de risque gĂ©nĂ©tiques, ce qui les rendra plus faciles Ă localiser.Â
« Afin de trouver un facteur de risque génétique dans une population homogÚne comme les Juifs ashkénazes ou comme les Juifs [sépharades], il faut un nombre beaucoup plus faible de participants pour trouver les facteurs de risque génétiques », dit-il.
Il donne lâexemple des recherches israĂ©liennes qui ont dĂ©couvert que les femmes juives ashkĂ©nazes sont gĂ©nĂ©tiquement plus prĂ©disposĂ©es Ă dĂ©velopper un cancer du sein. En effet, une femme juive ashkĂ©naze sur 40 prĂ©sente une mutation du gĂšne BRCA, ce qui augmente le risque de dĂ©velopper un cancer du sein et un cancer des ovaires Ă un jeune Ăąge. Ă lâinverse, seule une femme juive sĂ©farade sur 140 est porteuse de la mutation gĂ©nĂ©tique. Â
Une fois identifiĂ©s, explique Glik, ces facteurs de risque pourront ensuite ĂȘtre examinĂ©s dans des populations plus hĂ©tĂ©rogĂšnes, comme aux Ătats-Unis ou en Europe.Â
Glik soutient quâau cours des derniĂšres annĂ©es, une subtile « rĂ©volution » sâest produite dans lâĂ©tude de la maladie dâAlzheimer, Ă lâinsu de la plupart des gens.Â

Il souligne lâintroduction de deux nouveaux mĂ©dicaments pour « nettoyer » lâaccumulation de la protĂ©ine bĂȘta-amyloĂŻde dans le cerveau, considĂ©rĂ©e comme lâun des principaux facteurs du dĂ©veloppement de la maladie dâAlzheimer. Un troisiĂšme nouveau mĂ©dicament devrait recevoir lâapprobation de la Food and Drug Administration (FDA) des Ătats-Unis cet Ă©tĂ©.Â
« Ce qui sâest produit en psychiatrie il y a 20 ou 30 ans se produit aujourdâhui dans le domaine de la maladie dâAlzheimer », dĂ©clare Glik. Â
En effet, lâĂ©tude Beilinson a attirĂ© lâattention du gouvernement amĂ©ricain. Son Institut national de la santĂ© a fourni 13 millions de dollars pour Ă©tendre la recherche gĂ©nĂ©tique de Glik Ă une Ă©tude conjointe avec la facultĂ© de mĂ©decine de lâuniversitĂ© de Boston et trois autres centres mĂ©dicaux israĂ©liens.Â
Lâespoir est que cela contribuera Ă faire progresser la dĂ©tection prĂ©coce, le traitement et les soins des personnes atteintes de la maladie.Â
«Nous voulons savoir quels sont les mĂ©canismes Ă lâorigine de la maladie dâAlzheimer», explique Glik.
« Si nous connaissons les gĂšnes qui sont des facteurs de risque de la maladie, nous pouvons alors en apprendre davantage sur les mĂ©canismes de la maladie et peut-ĂȘtre trouver un mĂ©dicament qui peut interfĂ©rer dans ce mĂ©canisme et retarder le dĂ©veloppement de la maladie. Câest le but.Â
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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