La politique protectionniste annoncée par Donald Trump, récemment élu président des États-Unis, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives économiques pour Israël. L’augmentation des droits de douane sur les produits européens et chinois rendrait les produits israéliens plus compétitifs sur le marché américain, grâce aux accords de libre-échange existants.
Un contexte économique favorable à Israël
Selon Ayelet Yitzhaki, avocate spécialisée en fiscalité indirecte chez BDO, Israël se trouve dans une position avantageuse :
« Israël bénéficie d’accords de libre-échange avec les États-Unis et l’Union européenne. Ces accords permettent d’exporter des produits en franchise de droits de douane, à condition qu’ils respectent certaines exigences. »
En revanche, les États-Unis et l’Union européenne ne disposent pas d’un tel accord entre eux, ce qui pourrait inciter les entreprises européennes à utiliser Israël comme intermédiaire. En déplaçant certaines étapes de production ou en investissant en Israël, ces entreprises pourraient contourner les droits de douane américains, qui pourraient atteindre 20 % pour l’Europe et 60 % pour la Chine.
Défis et opportunités pour les entreprises israéliennes
Bien qu’Israël ne soit pas une destination réputée pour ses faibles coûts de production, son expertise en recherche et développement (R&D) pourrait compenser ce désavantage. Le défi, selon Yitzhaki, est d’intégrer des étapes minimales de production ou de transformation en Israël pour bénéficier du statut de produit israélien, qui requiert 35 % de valeur ajoutée locale.
Elle explique :
« La mondialisation a favorisé les pays à faible coût de production, mais la politique protectionniste de Trump redistribue les cartes. Les entreprises israéliennes pourraient jouer un rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. »
Impact sur les investissements et les entreprises étrangères
Les nouvelles mesures douanières pourraient également inciter des entreprises américaines à produire en Israël pour accéder à l’Union européenne sans droits de douane, grâce à l’accord de libre-échange entre Israël et l’UE. Cela pourrait également encourager les investissements étrangers et l’acquisition d’entreprises israéliennes.
Mali Bitzur-Prans, PDG de Tefen, estime que l’industrie israélienne de la défense, notamment, pourrait en bénéficier :
« Avec les nouveaux droits de douane, les entreprises européennes pourraient chercher à collaborer avec Israël pour profiter des accords de libre-échange. Cela renforcerait la position d’Israël dans la chaîne d’approvisionnement mondiale. »
Vers un ralentissement des délocalisations ?
La politique de Trump pourrait également ralentir la tendance des entreprises israéliennes à délocaliser leurs activités. Alors que de nombreuses entreprises envisagent de déplacer leurs opérations à l’étranger, les incitations fiscales liées aux accords de libre-échange pourraient les encourager à maintenir une base en Israël.
Bitzur-Prans conclut :
« Ces nouvelles mesures pourraient offrir à Israël une opportunité économique unique, transformant le pays en un hub stratégique pour les entreprises internationales. »
Un potentiel de croissance dans un contexte incertain
Alors que les États-Unis entament une période de protectionnisme renforcé, Israël pourrait tirer parti de cette conjoncture pour renforcer sa position économique et attirer des investissements étrangers. Cependant, la mise en œuvre de cette stratégie nécessitera une adaptation rapide des entreprises locales et un soutien gouvernemental pour maximiser les opportunités offertes par cette nouvelle dynamique mondiale.