Face à l’explosion des actes antisémites depuis le 7 octobre, plus d’une centaine de responsables religieux et politiques européens se sont réunis à Auschwitz pour dénoncer l’indifférence des gouvernements. Le ton est grave : “L’antisémitisme n’est plus une opinion, c’est une menace contre la démocratie.”
Sous une fine brume d’automne, la délégation de l’Association européenne des organisations juives (EJA) a marché en silence sur les rails menant au camp d’Auschwitz-Birkenau.
Ce pèlerinage annuel, devenu symbole de vigilance, a pris cette année un caractère d’urgence.
Depuis les massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas, l’Europe assiste à une recrudescence historique de la haine antijuive, marquée par des agressions, des profanations de synagogues et des slogans “anti-sionistes” dans les rues de Paris, Londres, Bruxelles et Berlin.
« Nous vivons les jours les plus sombres depuis la Shoah », a lancé le rabbin Menachem Margolin, président de l’EJA.
« L’antisémitisme détruit la démocratie européenne. Il ne s’agit plus d’un problème communautaire, mais d’une question de survie morale. »
 Un cri d’alarme face à l’impuissance des gouvernements
Les représentants de plus de vingt pays européens ont pris part à cette rencontre intitulée “Garantir un futur contre la haine et l’incitation”.
Parmi eux figuraient des ministres, des parlementaires et d’anciens chefs de gouvernement venus écouter — et parfois justifier — leurs lenteurs politiques.
Margolin a appelé les États à reconnaître les communautés juives comme minorités protégées, et à instaurer un financement public obligatoire pour la sécurité des écoles, synagogues et centres communautaires.
« On ne demande pas des privilèges, mais la justice », a-t-il insisté.
« L’Europe se juge à la manière dont elle protège ses Juifs. »
“De Kristallnacht à Gaza” : l’écho glaçant de l’histoire
L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson, invité d’honneur de la cérémonie, a reçu le prix du roi David pour son engagement contre l’antisémitisme.
Dans un discours empreint d’émotion, il a fait un parallèle entre la Nuit de Cristal de 1938 et les réactions timides de l’Occident après le 7 octobre :
« Kristallnacht devait être un réveil. Nous avons échoué à nous réveiller.
Le massacre du 7 octobre est la pire tuerie de Juifs depuis la Shoah — et encore une fois, nous échouons à défendre Israël comme nous aurions dû le faire. »
Le Premier ministre belge Bart De Wever a renchéri :
« La mémoire ne suffit pas. L’antisémitisme se répand aujourd’hui à visage découvert dans nos rues. Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. »
 De la haine des Juifs à la haine des “sionistes”
Le chercheur suédois Dr Christer Mattsson, directeur de l’Institut Segerstedt, a présenté une étude édifiante :
en remplaçant le mot “Juifs” par “Sionistes” dans les enquêtes d’opinion, le taux d’adhésion aux stéréotypes antisémites a doublé.
« L’antisionisme est devenu la forme moderne de l’antisémitisme », conclut-il.
« Les gens se donnent bonne conscience en changeant un mot, mais le venin reste le même. »
 “L’Europe perd chaque jour du terrain”
Le ministre hongrois chargé des affaires européennes, Janos Boka, a reconnu que “l’Union européenne échoue à endiguer la haine”.
« Nous perdons du terrain jour après jour », a-t-il déclaré.
« Si l’UE veut se dire garante des droits humains, elle doit sanctionner la propagande antisémite avec la même rigueur que les discours racistes ou islamophobes. »
Le député néerlandais Bert-Jan Ruissen, quant à lui, a cité un exemple choquant :
« Aux Pays-Bas, un concert a été annulé uniquement parce qu’un des musiciens avait servi dans Tsahal. Ce n’est pas de la critique politique, c’est de la discrimination. »
 “Ce n’est pas une question de mémoire, mais d’avenir”
Le diplomate israélien Yaakov Finkelstein, ambassadeur d’Israël en Pologne, a exhorté les dirigeants européens à passer des mots aux actes :
« La délégitimation d’Israël alimente un cercle de désinformation qui nourrit la haine.
Le remède n’est pas le silence, mais l’éducation et la vérité. »
Dans sa déclaration de clôture, le rabbin Margolin a résumé la gravité du moment :
« L’Europe ne peut plus se permettre une empathie symbolique.
Ce n’est pas seulement la survie du peuple juif qui est en jeu, c’est celle de la civilisation européenne.
La mémoire de la Shoah n’a de sens que si elle protège les vivants. »
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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