Les Juifs d’Ispahan « solidaires de Gaza » : une mise en scĂšne dictĂ©e par TĂ©hĂ©ran

Une image insolite, mais trompeuse, circule depuis quelques jours en Iran : la communautĂ© juive d’Ispahan aurait collectĂ© des denrĂ©es alimentaires et des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© pour les habitants de Gaza. Selon l’agence officielle IRNA, les colis de nourriture « non pĂ©rissable » et d’articles de base seraient « prĂȘts Ă  ĂȘtre expĂ©diĂ©s vers l’enclave palestinienne ». Le prĂ©sident de l’Association juive locale, Zion Mahgerata, a prĂ©sentĂ© ce geste comme un « symbole spirituel de solidaritĂ© avec le peuple opprimĂ© de Palestine ».

À premiĂšre vue, l’initiative pourrait apparaĂźtre comme un signe de fraternitĂ© interreligieuse. Mais derriĂšre les mots, c’est toute la mĂ©canique de propagande du rĂ©gime iranien qui se dĂ©ploie. Car chaque dĂ©claration publique de la minuscule communautĂ© juive restĂ©e en RĂ©publique islamique est Ă©troitement surveillĂ©e, encadrĂ©e et souvent dictĂ©e par les autoritĂ©s.

Une communauté sous tutelle

L’Iran compte encore quelques milliers de Juifs, concentrĂ©s notamment Ă  TĂ©hĂ©ran, Shiraz et Ispahan. Officiellement tolĂ©rĂ©s par le rĂ©gime, ils disposent de synagogues, d’écoles et mĂȘme d’un siĂšge rĂ©servĂ© au Parlement. Mais leur libertĂ© d’expression est quasi inexistante : toute manifestation publique doit s’aligner sur la ligne politique du pouvoir. Ainsi, Mahgerata a tenu Ă  prĂ©ciser que « les Juifs du monde s’opposent aux projets sionistes » et que « le sionisme est synonyme d’oppression et de violence » – des formules typiques du vocabulaire imposĂ© par les autoritĂ©s de TĂ©hĂ©ran.

Le discours est clair : dissocier la religion juive du soutien Ă  IsraĂ«l, et prĂ©senter les Juifs d’Iran comme des alliĂ©s du rĂ©gime dans son hostilitĂ© envers « le sionisme ». C’est une constante de la propagande islamique en Iran, qui cherche Ă  se dĂ©douaner d’accusations d’antisĂ©mitisme tout en rĂ©affirmant sa haine de l’État juif【https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_juive_en_Iran】.

La rhétorique du « peuple opprimé »

Dans leurs dĂ©clarations relayĂ©es par IRNA, les responsables de la communautĂ© juive d’Ispahan insistent : « Ce n’est pas la valeur matĂ©rielle qui compte, mais la dimension spirituelle de ce geste », prĂ©sentĂ© comme un devoir humanitaire envers Gaza. Mais le message est invariablement accompagnĂ© de condamnations d’IsraĂ«l, accusĂ© de « crimes barbares » et de « comportements inhumains ».

L’opĂ©ration s’inscrit dans la stratĂ©gie iranienne classique : instrumentaliser la cause palestinienne pour consolider sa lĂ©gitimitĂ© rĂ©gionale, en y associant symboliquement une minoritĂ© juive censĂ©e reprĂ©senter « la vraie voix du judaĂŻsme » face au sionisme.

Une réalité bien différente

En IsraĂ«l, l’initiative est vue comme une mascarade. « Ces Juifs ne sont pas libres, ils parlent sous contrainte », note un Ă©ditorial sur Infos-Israel.News. « Quand TĂ©hĂ©ran leur dicte de dĂ©noncer IsraĂ«l, ils n’ont pas le choix. Leur survie mĂȘme en dĂ©pend ».

Il faut rappeler que l’histoire de la communautĂ© juive en Iran est tragiquement marquĂ©e par la peur et l’exil : plus de 100 000 Juifs ont quittĂ© le pays depuis la rĂ©volution islamique de 1979. Ceux qui restent – environ 9 000 Ă  10 000 selon les estimations – vivent dans un climat de suspicion permanente, contraints de prouver leur loyautĂ© au rĂ©gime.

L’Iran, IsraĂ«l et la bataille symbolique

En mettant en avant ces collectes de denrĂ©es Ă  destination de Gaza, le rĂ©gime iranien cherche Ă  miner la lĂ©gitimitĂ© d’IsraĂ«l : si mĂȘme les Juifs d’Iran « condamnent le sionisme », alors la guerre idĂ©ologique du pouvoir paraĂźt justifiĂ©e. Mais cette propagande ne dupe personne Ă  l’extĂ©rieur. La communautĂ© internationale sait que la minoritĂ© juive iranienne vit sous chantage permanent.

Pour IsraĂ«l, ce type d’épisodes rappelle une vĂ©ritĂ© fondamentale : l’antisĂ©mitisme d’État en Iran se pare souvent du masque de l’« anti-sionisme ». Mais lorsque TĂ©hĂ©ran contraint des Juifs Ă  dĂ©filer ou Ă  prononcer des discours anti-israĂ©liens, c’est une dĂ©monstration Ă©clatante de ce que vaut rĂ©ellement sa « tolĂ©rance religieuse ».

Une solidarité sous surveillance

La collecte annoncĂ©e par Ispahan n’est donc pas un signe d’autonomie communautaire, mais un Ă©pisode de plus dans l’utilisation cynique des minoritĂ©s par le rĂ©gime. Elle en dit long sur la situation de ces Juifs pris en Ă©tau : otages d’une thĂ©ocratie qui veut se donner des allures d’humanisme, mais qui n’hĂ©site pas Ă  les instrumentaliser pour nourrir sa guerre contre l’État hĂ©breu【https://rakbeisrael.buzz/】.

En dĂ©finitive, l’histoire retiendra moins l’envoi hypothĂ©tique de colis alimentaires que l’image d’une petite communautĂ© contrainte de jouer un rĂŽle de vitrine pour un rĂ©gime obsĂ©dĂ© par sa croisade anti-israĂ©lienne.


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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