« Le Juif français est le punchingball de proximité des antisionistes » (Raphaël Delpard )

Mohamed Merah est donc mort. Il a fini comme Khaled Kelkal, autre terroriste islamiste franco-algérien, abattu par les forces de l’ordre le 29 septembre 1995 à Vaugneray dans un échange de coups de feu meurtrier. Le parallèle entre les deux hommes est saisissant. La même origine, le même age, le même parcours délinquant précoce et chaotique, le même entrainement dans des maquis islamistes à l’étranger et le même mode opératoire, au début, en commençant par des assassinats ciblés. Une question se pose à laquelle nous avons la réponse mais dont on ne semble pas tirer toutes les conclusions : Sont-ils nés « islamistes » ? La réponse est non, bien évidemment, mais il convient d’ajouter immédiatement que, comme tous les combattants djihadistes, ils sont nés dans la culture islamique. Ils ont été élevés dans les « valeurs » de l’Islam. Et très curieusement, rares, sont ceux qui poussent le raisonnement plus loin. Oui l’Islam a des « valeurs ». Le grand penseur israélien Yeshayahou Leibowitz disait fort justement d’une façon quelque peu iconoclaste : « Hitler avait d’excellentes valeurs mais je ne les partage pas … ». Il n’existe pas, même si on peut s’en offusquer, de valeurs universelles. Les valeurs sont relatives, ni « bonnes », ni « mauvaises ». Elles correspondent à la cohérence d’un système de pensée auquel chacun de nous participe, compte tenu de son histoire personnelle et collective. Toute l’Histoire de l’humanité est le récit dramatique de la confrontation de celles-ci.

Le fait d’être « musulman » n’entraîne pas obligatoirement le basculement dans la délinquance, le fanatisme religieux et le crime barbare. Nous avons enterré deux paras musulmans fidèles serviteurs de leur patrie et devons-nous le redire encore et encore : si admirable et tragique fut l’engagement de milliers de musulmans pour l’Algérie française …

Mais ces éléments patriotes en France ou dans tout autre pays et que nous devons aimer et honorer sont l’illustration parfaite en mathématiques de la la « courbe de gauss ». Quand nous calculons une moyenne, c’est que nous avons constitué un échantillon et que nous cherchons à avoir une grandeur unique représentative de tout notre échantillon : par exemple le rapport à la violence d’une classe d’age dans une communauté.

 

Si notre échantillon suit la « loi normale » 68% environ des jeunes musulmans ont une attitude neutre c’est à dire qu’ils se trouvent « dans le haut » de la courbe de Gauss. Mais aux deux extrémités nous aurons, d’une part, une minorité de patriotes engagés et, d’autre part, une minorité de Djihadistes. Minorité mais minorité incompressible. Or là où tout se complique, c’est lorsque la violence dépasse un certain seuil. A ce moment la majorité « neutre » peut « pencher » d’un côté ou de l’autre et les exemples historiques nous prouvent alors que le réflexe communautaire et identitaire jouant à fond , c’est du côté des djihadistes que le majorité bascule ( Algérie, Tchétchénie, Afghanistan, Bosnie, Kosovo etc… ).

Tout le travail des fondamentalistes consiste donc à faire monter le taux de violence et de tension pour provoquer ce fameux phénomène d’identification ( on annonce à cette heure des rassemblements spontanés « hostiles » dans la cité de Mohamed Merah).

Les Djihadistes connaissent parfaitement ces phénomènes. Comme tout salafiste Merah jouait sur plusieurs tableaux. Il pouvait, en attendant, « faire la fête », se montrer voisin serviable, boire de l’alcool et même manger du cochon ( c’est d’ailleurs le conseil donné dans les camps de formation ). Puis comme il l’expliqua à la directrice de France 24 « pouvoir frapper au moment où le réseau est constitué, où les armes sont à disposition et où la situation politique est favorable ». On peut alors, de même qu’en Espagne, le 11 mars 2004, au moment d’élections, ressortir les sujets clivant sources de douleurs et de tensions comme le voile islamique, l’engagement armé dans des pays musulmans et le problème palestinien.

A ce moment on réactive les connexions avec le banditisme tout en se conditionnant pour agir avec la pire des cruauté. On peut ainsi rappeler ici que Yacef Saadi et « Ali la Pointe », chefs des réseaux bombes pendant la Bataille d’Alger étaient de jeunes proxénètes travaillant avec leurs lots de prostitués ou de jeunes femmes « sous contrôle ». Le processus est identique : agents dormants ayant carte blanche pour frapper quand ils veulent, où ils peuvent et au moment qu’ils jugent opportun.

Leur but est moins de tuer que de provoquer le basculement de la population désignée comme devant être soumise à leur vision idéologique. C’était le raisonnement qui provoqua les massacres volontairement abominables et barbares de civils du Constantinois des 20 et 21 août 1955. Depuis, cette action a été théorisée par les Djihadistes. Elle est présentée comme exemplaire politiquement, idéologiquement et militairement.

Leur morale et la nôtre …

Ainsi la présence massive de masses musulmanes pose un problème de sécurité important. Soyons clair, une fois encore, les individus ne demandent qu’à vivre tranquillement mais tolérer sur nos sols des provocateurs qui ne songent qu’à nier le musulman comme être autonome, qu’à le sortir de sa sphère privée pour l’obliger à entrer dans une fourmilière et à abandonner son libre-arbitre est une faute impardonnable pour les dirigeants de nos pays. Il faut frapper de manière « chirurgicale » mais impitoyablement quelques coupables pour sauver la majorité des innocents.

C’est une problématique où le temps est un facteur décisif. Le passage du sacré dans le domaine du profane et de la laïcité est en train d’opérer en Islam comme partout. C’est précisément pourquoi la violence islamique est de plus en plus féroce. Nous vivons des moments historiques intenses, le chaudron bout, la folie ne demande qu’à prendre tous les pouvoirs. Alors partout, je dis bien partout, il nous faut soutenir les musulmans laïques qui sont les premiers massacrés. Une fois de plus, les manipulations américaines pour mendier de l’énergie et en priver la Chine dans une guerre qui ne dit pas son nom ne nous concerne en rien. Ouvrons les yeux ! Arabie Saoudite, Qatar, Pakistan et autres émirats peuvent bien périr. Défendons nos enfants ! Leurs vies valent mieux qu’un baril de pétrole non ?

 

Jean-Marc DESANTI