Scènes de liesse dans le Queens : pour la première fois de son histoire, New York élit un maire musulman. Zohra Mamdani, figure de la gauche radicale pro-palestinienne, devient le symbole d’un tournant identitaire et politique. Derrière les célébrations, un autre débat monte : celui de la place de la communauté juive et du rapport de la ville avec Israël.
Hier soir, les rues d’Astoria vibraient d’une euphorie rare.
Dans les cafés halal et les restaurants yéménites du Queens, les partisans de Zohra Mamdani ont levé des drapeaux américains et crié “Justice for all”.
Pour ces New-Yorkais issus des diasporas musulmanes — pakistanaise, bangladaise, égyptienne ou maghrébine —, la victoire du nouveau maire incarne une revanche historique.
“Le rêve américain recommence pour nous. Enfin, quelqu’un qui nous ressemble prend les décisions”, s’est réjouie Aïcha, immigrée malienne interrogée par The New York Times.
“De l’invisibilité à la visibilité”
Pour des centaines de milliers de musulmans de la ville, longtemps marginalisés par la politique locale, cette élection est un acte de reconnaissance symbolique.
Dans une Amérique où la religion reste un marqueur politique fort, Mamdani devient le premier maire musulman à la tête d’une métropole occidentale majeure.
Dans un discours prononcé à Moka & Co., son café fétiche d’Astoria, le nouveau maire a déclaré :
“Pendant trop longtemps, on nous a regardés sans nous voir. Cette ville appartient aussi à nos mères, à nos enfants, à nos mosquées.”
Un message porteur d’espoir pour certains, mais aussi d’inquiétude pour d’autres : derrière la rhétorique inclusive, le programme politique de Mamdani s’accompagne d’un positionnement pro-palestinien affiché, souvent ambigu à l’égard d’Israël.
Entre fierté communautaire et agenda politique
Né dans le Queens de parents ougando-pakistanais, Zohra Mamdani s’est forgé une image de militant intersectionnel, liant luttes sociales, féminisme et anticolonialisme.
En 2021, il s’était fait connaître pour son soutien ouvert à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre Israël, qu’il présentait comme “un outil de pression non violent pour la justice”.
Aujourd’hui, il se garde bien de rouvrir le débat — mais son entourage comprend plusieurs militants pro-palestiniens notoires, dont certains ont déjà participé à des manifestations anti-israéliennes à Brooklyn.
Leur présence au sein de la nouvelle administration new-yorkaise réveille les inquiétudes de la communauté juive locale, la plus importante au monde hors d’Israël.
“Ce n’est pas sa religion qui nous inquiète, mais sa rhétorique”, confie au Jerusalem Post un responsable communautaire de Manhattan.
“Depuis la guerre du 7 octobre, les actes antisémites ont explosé. Nous voulons croire à l’inclusivité, mais nous avons besoin d’actes, pas de slogans.”
L’Amérique de Trump observe, Israël reste prudent
Depuis Washington, le président Donald Trump a commenté la victoire de Mamdani avec une pointe d’ironie :
“C’est bien de voir New York expérimenter le socialisme. Nous, au gouvernement fédéral, nous resterons réalistes.”
L’administration Trump, désormais tournée vers la reconstruction économique et la sécurité intérieure, observe ce tournant idéologique avec circonspection.
Pour Jérusalem, la prudence domine : les diplomates israéliens aux États-Unis ont reçu pour consigne de “maintenir le dialogue, sans confrontation”, afin de préserver les relations économiques vitales avec la capitale mondiale de la finance.
Une fracture culturelle dans la métropole
L’élection de Zohra Mamdani cristallise une fracture générationnelle et communautaire.
Les classes moyennes, les milieux d’affaires et une partie des électeurs juifs se sentent délaissés par un discours politique où la morale révolutionnaire remplace la gestion pragmatique.
À l’inverse, les minorités musulmanes, afro-américaines et latinos y voient une promesse de dignité retrouvée.
“C’est plus qu’un vote. C’est un cri d’existence”, explique un imam du Bronx.
Mais derrière la ferveur identitaire, beaucoup redoutent que la politique de Mamdani ne fracture encore davantage une ville déjà à vif depuis les violences de 2023.
Entre espoir et tension
New York se découvre un nouveau visage : celui d’une métropole tiraillée entre justice sociale et repli communautaire, entre émancipation et polarisation.
Si Zohra Mamdani parvient à tenir ses promesses économiques sans attiser les divisions religieuses, il pourrait devenir un symbole de tolérance et de réforme.
Mais si ses positions pro-palestiniennes se traduisent par une hostilité envers Israël ou les juifs new-yorkais, alors son mandat marquera un dangereux précédent.
“Nous ne voulons pas d’une New York où les gens se définissent par leur origine. Nous voulons une ville qui se tienne, unie, aux côtés d’Israël”, a déclaré Guy Franklin, entrepreneur israélien installé à Manhattan.
Entre foi, idéologie et pouvoir, la nouvelle ère Mamdani commence — et avec elle, une Amérique urbaine qui hésite entre fraternité et fracture.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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