LES RENDEZ-VOUS MANQUES – RONY AKRICH

La pĂ©riode du deuxiĂšme Temple est riche en Ă©vĂšnements, tĂ©moins d’un temps et prĂ©monitoire d’une Ă©trange ressemblance avec un autres temps dont nous voici les acteurs.

La voix des prophĂštes rĂ©sonne encore et toujours au sein d’IsraĂ«l. Leurs leçons tentent d’instruire un peuple quant Ă  son identitĂ© morale de la maniĂšre d’ĂȘtre Homme.

 

Le prophĂšte Zacharie Ă©tait l’un des trois derniers prophĂštes de l’époque du second Temple, avec H’agaĂŻ et Malachie. Il existe plusieurs degrĂ©s, diffĂ©rents, de prophĂ©tie et d’inspiration divine, nos Sages prĂ©cisent que la prophĂ©tie de l’époque du second Temple Ă©tait d’un niveau infĂ©rieur Ă  celui du premier Temple (Yoma 9b). La PrĂ©sence divine Ă©tait Ă  cette Ă©poque Ă©galement, beaucoup moins manifeste mais cela n’écarta pas l’existence de ces prophĂštes qui instruisirent le peuple de l’approche de la dĂ©livrance des HĂ©breux.

Il Ă©tait grand temps de quitter l’exil pour la Terre d’IsraĂ«l, de nous y rĂ©jouir et surtout de vivre ces nouvelles Ă©pousailles avec l’Eternel D.ieu d’IsraĂ«l.

 

Ce manifeste n’était pas uniquement celui des prophĂštes, mais aussi celui de deux illustres personnages, Ezra et NĂ©hĂ©mie, Ă©voquĂ©s dans le Texte biblique. Ezra Ă©tait une sommitĂ© spirituelle, certains prĂ©tendent qu’il s’agit du prophĂšte Malachie lui-mĂȘme (MĂ©guila 15a). C’est lui qui, en collaboration avec les maĂźtres du moment, Ă©tablira l’usage des priĂšres (Maimonide, Lois sur la priĂšre l, 4). Le Talmud estime tant Ezra, qu’il nous enseigne Ă  son sujet: « ‘Ezra Ă©tait digne que la Torah soit donnĂ©e par lui au peuple d’IsraĂ«l, si MoshĂ© ne l’avait prĂ©cĂ©dĂ©. »
(Sanhédrin
21b).

Ezra voue toute son existence Ă  expliquer la Loi divine, Ă  l’insĂ©rer dans le cƓur des enfants d’IsraĂ«l. Il est dans le mĂȘme temps l’homme d’esprit et l’homme d’action, celui qui conduit le retour vers la Terre promise.

Deux autres personnalitĂ©s agissent au sein de cette pĂ©riode, l’une d’elle est le grand prĂȘtre YĂ©hochoua, grand homme d’esprit, l’autre protagoniste est Zroubavel, de la lignĂ©e royale de David, ancien haut fonctionnaire dans la nomenclature du royaume.

En tout état de cause, nos héros les plus émérites demeurent Ezra et Néhémie, le premier mobilise la diaspora juive à monter en Erets-Israël mais seule une minorité le rejoindra. (Michnah Kidouchin IV, 1).

Similitude d’évĂšnements entre hier et aujourd’hui oĂč la tourbe humaine est souvent lasse, faible, inconsistante, et ce, malgrĂ© les multiples invitations Ă  se sortir des mĂ©andres du carcan exilique.

La plupart des maĂźtres de Babylone dĂ©clinĂšrent l’appel d’Ezra, ne voyant point dans ce retour la promesse tant espĂ©rĂ©e d’une future reconstruction.

Malheureusement les consĂ©quences au long court feront disparaĂźtre la Perse et Babel, la Terre d’IsraĂ«l restant, quant Ă  elle, l’unique et l’ultime prĂ©occupation d’une mĂ©moire collective de ceux qui se voulaient encore et toujours des HĂ©breux.

Ainsi, lors de la reconstruction du second Temple, les anciens tĂ©moignĂšrent des splendeurs du premier Temple tout en mĂ©prisant la rĂ©cente bĂątisse qui leur paraissait trop modeste et dĂ©pourvue d’intĂ©rĂȘt. (Ezra Ill, 12). Le prophĂšte Zacharie n’apprĂ©cia pas du tout un tel comportement de la part des anciens. Comment expliquer autant d’ingratitude? Aveuglement, bĂȘtise ou bien comme le diront nos maĂźtres: « Pour quelle raison les Justes perdent leur table (leur influence) Ă  l’avenir? Une petite foi limitĂ©e aux quatre coudĂ©es de la Loi », l’un, d’ailleurs, n’empĂȘchant pas l’autre. (Sota 48b et Rashi)

De tout temps et Ă  toutes les Ă©poques, certains, souvent parmi les plus Ă©minents, n’accepteront pas l’Ordonnance divine de l’Histoire selon des moyens et des hommes qu’ils n’attendaient pas. Leur refus de monter n’y fit qu’empirer l’évĂšnement humain et souffrir le destin d’un Projet divin qui n’aspirait qu’au meilleur pour l’HumanitĂ©.

Nos Sages nous confient qu’un jour Rabbi Shimon ben Lakish, distinguĂ© savant d’Erets-IsraĂ«l, se baignait dans la riviĂšre du Jourdain qui Ă  cette Ă©poque servait de frontiĂšre entre IsraĂ«l et l’exil. C’est alors qu’un maĂźtre de Babylonie s’avança vers lui et le salua,  Resh-Lakish dĂ©daigna son salut et lui dĂ©clara avec autoritĂ© qu’il haĂŻssait tous ceux qui avait refusĂ© de suivre Ezra. (yoma 9b)

De mĂȘme actuellement, parmi les communautĂ©s juives encore subsistantes, nous trouvons des rabbins, des gens pieux et autres dirigeants communautaires qui analysent les grands Ă©vĂ©nements sociĂ©taux actuels avec une petitesse de foi et une mĂ©moire erronĂ©e.

S’ils avaient su alors et s’ils pouvaient discerner le Doigt divin, encore aujourd’hui, dans ce retour qui Ă©branle le monde, ils se prĂ©cipiteraient Ă  joindre et rejoindre le mouvement de l’Histoire d’IsraĂ«l plutĂŽt que d’endurer les drames et les tragĂ©dies inhĂ©rents Ă  la condition exilique. La rĂ©alitĂ© dans notre pays serait tout autre, une couronne de la Torah qui s’embellirait et le corps d’IsraĂ«l qui serait lui sublimĂ©.

Nos maĂźtres confirment la prĂ©sence importante de prophĂštes tout au long de l’Histoire biblique, cependant l’ensemble de leurs propos ne furent pas tous retranscrits. Uniquement les prophĂ©ties indispensables au devenir futur de l’Homme furent consignĂ©es (MĂ©guila 14a).

Le Projet divin s’illustra un certain jour, Ă  une certaine pĂ©riode, dans certaines conjonctures, mais pas seulement, celui-ci contient une leçon essentielle pour l’ordre humain et demeure valide Ă  tout jamais. Il faut pouvoir, Ă  la lecture des propos de nos prophĂštes, s’émouvoir et savoir ne point rester insensible Ă  ce qui se profile dans leur dit comme dans leur non-dit. La Parole divine a une valeur Ă©ternelle.

 

Rabbi YĂ©hudah HalĂ©vy rĂ©pond ainsi Ă  son contradicteur mĂ©thodique, le roi des Khazars, qui critique les juifs de ne pas ĂȘtre montĂ©s en Erets-IsraĂ«l: « Tu me couvres de honte, roi des Khazars. »

Certes, tout en admettant l’importance de cette Terre promise, bizarrement, une frange infime parmi eux, au nombre de quarante mille (NĂ©hĂ©mie 7, 66), voulut abandonner ses habitations, ses emplois et renoncer Ă  l’exil (Kouzari 2, 24).

Les rabbins, les nantis, et une grande partie de la plĂšbe juive prĂ©fĂ©rĂšrent demeurer une minoritĂ© sous le harnais de l’étranger.

Etant donnĂ© une adhĂ©sion inachevĂ©e au Projet divin, les engagements pris par l’Eternel ne seront pas honorĂ©s ou tout du moins que partiellement.

Ne rater pas ce rendez vous 
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