En l’honneur du 64e anniversaire de l’Etat d’Israël, j’ai choisi de partager avec vous un court texte du Rav Yechiel Yaakov Weinberg (1884-1966).
Rav Weinberg, plus connu sous le patronyme de « Sridei Eish », d’après le nom de ses responsas, était un très célèbre rabbin européen. Né en Pologne, il rejoint l’Allemagne à l’issue de la première guerre mondiale et enseigna au séminaire rabbinique orthodoxe de Berlin, dont il devint par la suite le dernier recteur – de 1924 jusqu’à sa fermeture par le régime nazi en 1938.
Au lendemain de la Shoah, Rav Weinberg fut peut être le dernier grand héritier de l’orthodoxie allemande, inspirée par la vision de « Torah im derekh eretz » du Rav S.R Hirsch. Après la guerre, Rav Weinberg rejoint la petite ville juive de Montreux, et enseigna à la Yeshiva locale.
Extrêmement sollicité par les rabbins et dirigeants juifs du monde entier, et plus particulièrement encore par les rabbins européens, Rav Weinberg devint l’un des rares possek (décisionnaires) de l’Europe d’après-guerre. Une partie de ses responsas parurent en quatre volumes intitulés « Sridei Eish ». Conscient des problèmes qui touchaient le monde juif européen d’après-guerre, Rav Weinberg autorisa les mouvements de jeunesse religieux à organiser des chorales mixtes, il fut l’un des premier initiateur orthodoxe de la Bat Mitsva, un grand défenseur de l’orthodoxie allemande (Torah im derekh eretz) ainsi qu’un des rares rabbins orthodoxes à soutenir les études juives universitaires.
À la fin de son dernier volume de responsas, apparaît une longue réponse à la question « qui est juif ? », que Ben Gurion avait envoyé aux principaux dirigeants du monde juif. Rav Weinberg introduit cette réponse par quelques lignes sur le sionisme et l’état d’Israël. Deux courts paragraphes sincères et émouvants, écrits par un grand érudit rescapé de la Shoah.
« Il n’est pas nécessaire d’expliquer tous les bienfaits que nous a apporté l’État d’Israël à un juif dont le cœur n’est pas encore complètement gelé. Notre état, qui s’est renouvelé sur l’antique terre de nos pères, apporte au peuple juif qui réside à Sion, renouveau et indépendance politique. Et pour nous, exilés d’Israël en terres étrangères, [l’état nous apporte] honneur et gloire.
La polémique qui naquit autour de la question de la reconnaissance d’un état laïc, dont la base n’est malheureusement pas la Torah et les Mitsvot, n’est que fumée face à la réalité concrète et vivante d’une indépendance politique juive associée à un solide système sécuritaire, qui veille dans un dévouement sans égal sur nos vies et celles de nos enfants vivant en Israël, ainsi que sur notre honneur et nos droits en Diaspora.
Cette terre en renouveau nous est sainte. En plus de sa sainteté intrinsèque et divine, due aux commandements qui en dépendent, [cette terre] est également sanctifiée par l’homme hébreu, par le sang de nos premiers pionniers, qui ont investi chair et sang dans les marécages où régnait la malaria, afin de les assécher et de les transformer en paradis bourgeonnants et fleuris, pour nous et ceux qui viendront après nous. [Cette terre] fut sanctifiée par le sang de nos braves soldats qui luttèrent pour la conquérir et la libérer, afin d’y établir un lieu sûr pour la nation brisée, meurtrie et persécutée, sur la terre de ses ancêtres.
Je me demande s’il existe parmi nous un homme saint d’esprit et au cœur droit qui pourrait empêcher ses yeux de voir l’incroyable vision qui nous est apparue; qui en viendrait à des pensées erronées et abominables envers nos héros, nos saints, qui se sont sacrifiés pour Dieu, son peuple et sa terre. »
Source : http://modernorthodox.over-blog.com
(Sridei Eish, Volume IV. Traduction libre)