Monsieur Arcady,
Je m’étonne de voir votre lettre ouverte aux médias, leur reprochant, parfois à juste titre, d’honorer les bourreaux en les « humanisant » et en leur trouvant des excuses dans des documentaires tel que celui sur Merah sur France 3 concernant la tuerie de Toulouse. Implicitement ce genre de documentaire laisse entendre que Merah serait une victime, si ce n’est de la société française, au moins des manquements de celle-ci, dans la montée de son radicalisme.
Je suppose que vous n’ignorez pas qu’il y a tout juste 7 ans, la société française dans son ensemble a été choquée par un autre drame antisémite qui a marqué les esprits. Je veux parler du rapt, de la séquestration puis du meurtre d’Ilan Halimi qui, pendant 24 jours, a été humilié, torturé puis brûlé avec un produit inflammable parce qu’il était Juif. Pourtant, cela ne vous a pas empêché d’acheter les droits du livre de Madame Halimi afin d’en faire un film. Il est aisé d’imaginer que les arguments dont vous avez fait preuve pour la convaincre à cette époque étaient faciles tant sa souffrance et son désarroi dans lequel elle se trouvait vous ont permis de la convaincre du bien fondé de ce film.
Aux questions qui sont posées dans votre lettre ouverte, je vous pose à mon tour les mêmes questions sur votre film, qui, 5 ans après les faits, était bouclé, terminé et pour lequel vous avez « peopolisé » sa sortie sur les marches du Festival de Cannes. Fort heureusement des personnes sensées de notre communauté ont permis par deux fois à votre film de ne pas être diffusé.
M. Arcady, croyez-vous que votre film puisse servir la communauté juive et la société française? Pensez-vous que la « mise en scène » sur les 24 jours de calvaire d’une famille et d’un bourreau agitant les vieux ressorts du Juif et du capital en narguant la police serait de nature à faire avancer un deuil qui n’arrive pas à se faire dans notre communauté? Croyez-vous que votre film puisse à la fois apaiser la société française et la douleur d’une famille?
Etant stigmatisée, tant sur le plan politique que sur le plan médiatique, croyez-vous M. Arcady, qu’il soit judicieux que le malaise que traverse notre communauté ait besoin que vous raviviez les plaies encore béantes d’une actualité récente qui est rattrapée depuis lors par d’autres faits divers comme la tuerie de Toulouse? Un effet pervers trouverait ainsi sa légitimité dans un processus qui mettrait à nouveau en danger nos concitoyens dans les salles obscures, voire dans les cités.
Vous demandez aux journalistes de s’interroger sur leur responsabilité. Et votre responsabilité M. Arcady jusqu’où va t-elle quand il s’agit de remplacer une victime et un bourreau par des acteurs alors que la terre dans laquelle est enterré Ilan est encore fraîche !
Vous touchez à un symbole qui appartient à la communauté juive tout entière et lorsque vous déplorez les justifications sur les itinéraires des enfances difficiles des bourreaux, êtes vous certain que certains de nos jeunes de banlieues ne s’identifieront pas à Fofana et à ses sbires?
Souhaitez-vous que des bombes lacrymogènes enfument les écrans des salles de cinéma? Fréquentez-vous les salons parisiens et les plages estivales de sable chaud au point d’en oublier les effets négatifs que votre film susciterait sur un certain public ? Cherchez-vous auprès du « vivier » anti-Juif et anti-sioniste une réaction différente que celle à laquelle ils adhèrent? Quelle vérité voulez-vous faire apparaître si ce n’est celle que nous connaissons déjà.
En dehors du voyeurisme, quel serait l’intérêt pédagogique de votre film? Sachez qu’aussi peu de temps après les faits, un tel film serait considéré comme opportuniste et nous choquerait à un point tel que vous ne pouvez l’imaginer. La communauté juive séfarade notamment n’y trouverait pas son compte, au même titre qu’avec d’autres films qui lui ont fait du tort, même si certains ont eu le mérite de faire rire. Je veux parler notamment de « La vérité si je mens ». Les clichés sont du pain béni pour nos détracteurs même s’ils font rire. De la même manière, les clichés qui font pleurer n’ont aucune emprise sur les esprits déjà formatés par l’antisémitisme.
Souffrez, M. Arcady, que la communauté juive dans son ensemble ne vous appartient pas et j’espère que votre film ne sortira pas avant que celle-ci ait fait son deuil qui, sachez-le, sera long, très long
Par Angy Dahan pour Alyaexpress-News
bravo angy pour votre article apparemment il ne doit pas vivre dans la meme societe que nous il doit etre dans une stratosphere utopique
ce genre de film comme la verite si je mens sont des catastrophes pour la communaute!!!!1
Mettre en scène les bourreaux et la victimes par des acteurs alors que la terre est encore fraîche… J’ose espérer que vous avez rédigez votre lettre ouverte en plusieurs exemplaires, que vous n’avez pas omis de l’adresser à certains réalisateurs comme Louis Malle pour au revoir les enfants ou encore Marvin J. Chomsky pour Holocauste (pour ne citer qu’eux) qui on mis en scène l’horreur des camps. Croyez vous que la terre soit assez sèche ?
N’oubliez pas quelques exemplaires pour certains humoristes juifs qui, dans leurs sketches, stigmatise certains cliché qui desservent notre communauté ….
Décidément, vous n’avez rien compris, et ne méritez pas qu’on débatte avec vous de ce qui fait vraiment mal ! Les médias informent mais disent beaucoup de mensonges dans certains cas ! Monsieur Arcady est trop talentueux pour s’abaisser aux sentiments que vous lui prêtez ! Lui sait de quoi il parle tant les fantômes l’habitent ! Tamara