La scène est presque comique, si elle n’était pas tragique. Cette semaine, Naftali Bennett a lancé un pavé numérique dans la mare en publiant un graphique « choc » sur les réseaux sociaux : « Plus de la moitié des enfants de Bruxelles, et environ 40 % de ceux d’Amsterdam, de Vienne et de Londres sont musulmans. » À ses yeux, il s’agit d’une alerte mondiale : l’Europe se suiciderait par son propre afflux migratoire musulman.
Mais une question simple s’impose : est-ce vrai ? Ou s’agit-il d’une de ces « statistiques virales » qui circulent sans jamais passer l’épreuve du fact-checking ? L’ironie, c’est que l’affiche de Bennett était accompagnée d’une « bibliographie » qui ressemblait à un copier-coller d’intelligence artificielle — impressionnante à première vue, mais creuse lorsqu’on la gratte.
Or, le débat ne date pas d’hier. Depuis des années, la droite européenne (et israélienne) répète que l’Europe serait condamnée à devenir une « Eurabia » — ce mythe popularisé par Bat Ye’or, selon lequel le Vieux Continent se transformerait en colonie islamique, incapable de se défendre. Oui, les chiffres de l’immigration sont impressionnants, oui, dans certains quartiers de Bruxelles, de Paris ou de Londres, l’islam est désormais la religion majoritaire. Mais transformer ces constats partiels en prophétie globale est une autre affaire.
Prenons Bruxelles. Selon les études de Wikipedia, environ 25 à 30 % de la population totale est d’origine musulmane, avec des concentrations dans certaines communes. À Amsterdam et Rotterdam, les chiffres sont plus proches de 15 %, à Vienne autour de 14 %, à Londres environ 12 %. Les écoles de certains quartiers affichent effectivement des taux supérieurs à 50 %, mais en faire une généralité nationale est une déformation.
Cela ne signifie pas que le problème n’existe pas. Au contraire. Les élites européennes continuent de minimiser les effets d’une immigration massive venue du Maghreb, du Proche-Orient et d’Afrique subsaharienne. L’échec de l’intégration, la montée de la délinquance communautarisée, l’islamisme politique toléré au nom du « vivre ensemble » : autant de plaies béantes que les capitales de l’UE préfèrent maquiller sous un vernis progressiste. Le réel, lui, rattrape les rues.
On pourrait sourire de l’obsession française pour les « prénoms musulmans » ou des Britanniques pour les « zones de charia », si ce n’était pas aussi grave. L’explosion des actes antisémites en Europe de l’Ouest en est la conséquence la plus directe. Dans ce climat, les Juifs, encore une fois, sont les premiers visés, rappelant que l’histoire se répète toujours au détriment du même peuple.
Israël observe cette Europe avec un mélange de consternation et de lucidité. Là où Paris ferme les yeux, Jérusalem rappelle que le danger de l’islam radical n’est pas une lubie, mais une expérience quotidienne. Le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, l’Iran qui arme : pour Israël, l’idée d’un continent entier livrant ses enfants à l’islamisation est plus qu’un fantasme, c’est un scénario catastrophe qui met en péril la sécurité du monde libre.
Le paradoxe, c’est que la droite qui agite ces chiffres tronqués oublie une donnée essentielle : l’Europe se suicide non pas par la démographie seule, mais par son renoncement politique et culturel. Elle aurait pu intégrer, elle a préféré capituler. Elle aurait pu défendre ses valeurs, elle a choisi le relativisme. Le résultat est là : une classe moyenne inquiète, des élites déconnectées, et une jeunesse européenne qui grandit avec l’impression que sa propre civilisation n’a plus rien à offrir.
Israël, lui, en tire une leçon inverse : maintenir une identité claire, une armée forte et une politique de vérité. Car si l’Europe s’efface sous le poids de ses contradictions, Israël, malgré ses épreuves, reste debout.
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