L’Ă©vasion de la prison de Gilboa pourrait-elle contribuer Ă  dĂ©clencher une autre intifada et mĂȘme une guerre ?

L’évasion dramatique de six terroristes palestiniens de la prison de Gilboa, dans le nord d’IsraĂ«l, lundi, porte le potentiel d’une escalade sĂ©curitaire plus large, a mis en garde un ancien responsable de la dĂ©fense.

Le colonel (res.) David Hacham, ancien conseiller pour les affaires arabes auprĂšs de sept ministres israĂ©liens de la DĂ©fense et associĂ© de recherche principal Ă  l’Institut Miryam, a dĂ©clarĂ© Ă  JNS que l’évasion pourrait conduire Ă  une chaĂźne d’incidents et Ă  une dynamique d’escalade, bien que ce soit pas une certitude.

Il a rappelĂ© un prĂ©cĂ©dent trĂšs pertinent des annĂ©es 1980. En mai 1987, six hauts responsables de la sĂ©curitĂ© du Jihad islamique palestinien (JIP) se sont Ă©vadĂ©s d’une prison israĂ©lienne dans la bande de Gaza. En octobre de la mĂȘme annĂ©e, une fusillade entre les forces de sĂ©curitĂ© israĂ©liennes et cinq des prisonniers Ă©vadĂ©s a Ă©clatĂ© dans le quartier de Shejaiya Ă  Gaza. Les membres de la cellule ont Ă©tĂ© tuĂ©s, et un membre du Shin Bet israĂ©lien, Victor Arajwan, a Ă©galement Ă©tĂ© tuĂ© dans la fusillade.

Le JIP considĂšre Ă  ce jour l’incident comme un catalyseur pour le dĂ©but de la premiĂšre Intifada, a dĂ©clarĂ© Hacham.

Lors de l’évasion de lundi, cinq des six prisonniers sont des terroristes du JIP reconnus coupables d’avoir participĂ© Ă  des attaques meurtriĂšres contre des IsraĂ©liens, tandis que le sixiĂšme est l’ancien commandant de la Brigade des martyrs d’Al-Aqsa alignĂ©e sur le Fatah Ă  JĂ©nine, Zakaria Zubeidi.

Tous les six viennent de la ville de Jénine en Judée Samarie qui se trouve juste en face de la Ligne verte de la prison de Gilboa.

« L’évasion de 1987 a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement catalyseur avant la premiĂšre Intifada, et aujourd’hui, cet Ă©vĂ©nement a Ă©galement le potentiel d’ĂȘtre ce type d’évĂ©nement », a dĂ©clarĂ© Hacham. « Si les prisonniers devaient ĂȘtre tuĂ©s dans une fusillade, cela pourrait renforcer les niveaux dĂ©jĂ  Ă©levĂ©s de motivation parmi les organisations affiliĂ©es au JIP, au Hamas et au Fatah en JudĂ©e-Samarie », a dĂ©clarĂ© Hacham, notant que cela n’inclut pas les forces de sĂ©curitĂ© de l’AutoritĂ© palestinienne, qui doivent maintenir une coordination quotidienne avec les Forces de dĂ©fense israĂ©liennes.

Hacham a estimĂ© qu’il Ă©tait peu probable que l’AutoritĂ© palestinienne joue un rĂŽle en aidant IsraĂ«l Ă  capturer les prisonniers Ă©vadĂ©s, en raison du fait que les prisonniers de sĂ©curitĂ© sont considĂ©rĂ©s comme une question de consensus d’une importance primordiale dans la sociĂ©tĂ© palestinienne.

« Le mot ‘intifada’ est dans l’air », a dĂ©clarĂ© Hacham. « L’évasion est perçue par les Palestiniens comme une humiliation envers IsraĂ«l, tout comme elle l’était en mai 1987. Comme un Ă©vĂ©nement qui souligne la vulnĂ©rabilitĂ© israĂ©lienne. L’évĂ©nement rejoint l’incident au cours duquel le sergent de la police des frontiĂšres, ĂągĂ© de 21 ans, Bar-El Hadaria Shmueli a Ă©tĂ© abattu Ă  la frontiĂšre de Gaza.

L’évasion renforce Ă©galement le statut du JIP en tant que faction armĂ©e Ă  la pointe du conflit avec IsraĂ«l. « À Gaza, le Hamas dirige la bande, mais le JIP est encore plus virulent et idĂ©ologique que ne l’est le Hamas. Il n’a pas de rĂ©elle composante politique. C’est exclusivement une force terroriste-militaire », a expliquĂ© Hacham.

Le scĂ©nario d’une violente apprĂ©hension des terroristes Ă©vadĂ©s pourrait non seulement dĂ©clencher des violences en JudĂ©e Samarie, mais est susceptible de le faire Ă  Gaza, a dĂ©clarĂ© Hacham, conduisant Ă  de nouveaux incendies criminels au ballon contre les communautĂ©s israĂ©liennes et peut-ĂȘtre aussi Ă  des attaques Ă  la roquette (et qui sait une guerre ?).

Une telle sĂ©quence d’évĂ©nements pourrait provoquer une « escalade rĂ©gionale », a-t-il ajoutĂ©.

Alors que le Hamas et le JIP partagent un centre de commandement à Gaza, « parfois le JIP agit indépendamment sans se coordonner avec le Hamas », a déclaré Hacham.

« L’un des nombreux Ă©checs importants »

« Quand j’ai entendu parler de l’évasion, cela m’a immĂ©diatement envoyĂ© plus de 30 ans en arriĂšre, en 1987, dans les mois qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la premiĂšre Intifada », a dĂ©clarĂ© Hacham.

Le seul prisonnier de sĂ©curitĂ© Ă©vadĂ© qui n’ait pas Ă©tĂ© tuĂ© lors de la fusillade d’octobre 1987 Ă©tait un terroriste du nom d’Imad Saftawi, le fils d’un haut responsable du Fatah (lui-mĂȘme tuĂ© plus tard en 1993 lors d’un conflit interne au Fatah). Saftawi, qui a Ă©tĂ© reconnu coupable du meurtre d’un officier de la police militaire israĂ©lienne, s’est enfui en Égypte et de lĂ  s’est rendu au quartier gĂ©nĂ©ral de l’OLP de Yasser Arafat Ă  Tunis.

À ce moment-lĂ , les dĂ©tenus ont pu dĂ©loger les barreaux de leur cellule, escalader les barbelĂ©s et le mur d’enceinte et s’échapper de l’établissement sous le couvert de l’obscuritĂ©. L’agence de renseignement du Shin Bet a menĂ© la chasse Ă  l’homme. Ses renseignements ont permis Ă  Tsahal de tendre une embuscade Ă  la cellule du quartier de Shejaiya Ă  Gaza.

Une diffĂ©rence centrale entre l’évasion de 1987 et l’incident de lundi est le fait qu’en 1987, la cellule s’est immĂ©diatement Ă©chappĂ©e Ă  Gaza, qui Ă©tait un « environnement familier et favorable, dans lequel ils pouvaient disparaĂźtre instantanĂ©ment », a notĂ© Hacham.

Hacham ne fait aucun doute que les six terroristes Ă©vadĂ©s de la prison de Gilboa ont reçu une aide extĂ©rieure et qu’ils ont probablement marchĂ© quelques kilomĂštres avant qu’un vĂ©hicule de fuite ne les attende.

« Je suppose que certains d’entre eux sont toujours dans la rĂ©gion », a-t-il dĂ©clarĂ©, estimant que certains pourraient essayer de franchir la Ligne verte en JudĂ©e Samarie ou la frontiĂšre internationale vers la Jordanie. Certains rapports ont Ă©mis l’hypothĂšse qu’ils chercheraient Ă  atteindre le Liban.

« Il leur sera difficile d’entrer Ă  Gaza. Pour l’instant, ils chercheront probablement une cachette et chercheront Ă  disparaĂźtre du radar, pour Ă©chapper au Shin Bet », a dĂ©clarĂ© Hacham, qui a Ă©galement conseillĂ© les commandants du commandement sud de Tsahal.

Les terroristes pourraient potentiel-lement se cacher dans le camp de réfugiés de Jénine, qui a vu ces derniers jours des hommes armés du JIP organiser des marches et montrer leurs armes à feu pour mettre en garde Israël contre la conduite de raids dans la région.

Hacham a notĂ© avec inquiĂ©tude « l’effusion massive d’euphorie dans les territoires ».

Il a notĂ© que l’échec du service pĂ©nitentiaire israĂ©lien Ă  bloquer les signaux des tĂ©lĂ©phones portables dans l’enceinte de la prison est « l’un des nombreux Ă©checs importants ». Cet Ă©chec a probablement permis aux comploteurs de coordonner leurs plans sans aide extĂ©rieure.

« Un coup de pouce au moral des organisations de « résistance » palestiniennes ».

« C’est un grave Ă©chec de la part de l’IPS. Mais cela se projette sur l’ensemble de l’establishment de la dĂ©fense israĂ©lienne », a dĂ©clarĂ© Hacham.

« C’est le thĂšme rĂ©current dans la façon dont les Palestiniens dĂ©crivent l’évĂ©nement », a-t-il poursuivi. « Les gens avec qui je parle Ă  Ramallah appellent cela une ‘opĂ©ration palestinienne hĂ©roĂŻque’, qui a exposĂ© les forces de sĂ©curitĂ© israĂ©liennes. Trois des terroristes ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©s candidats Ă  l’évasion Ă  haut risque. Zubeidi Ă©tait une figure centrale de la deuxiĂšme Intifada. Le groupe comprend deux membres du JIP qui sont frĂšres. Tout cela Ă©tait dans une seule cellule. Cela semble problĂ©matique.

L’opĂ©ration d’évasion a probablement impliquĂ© « de nombreux mois de planification et de prĂ©paration dĂ©taillĂ©es », a dĂ©clarĂ© Hacham, y compris le creusement du tunnel et la prĂ©paration de l’ouverture de l’évasion au-delĂ  du mur de la prison. Quelqu’un a dĂ» les attendre Ă  l’extĂ©rieur et les aider Ă  trouver une cachette.

Les multiples Ă©checs de l’IPS Ă  obtenir des renseignements sur le tunnel et Ă  surveiller de maniĂšre adĂ©quate les activitĂ©s des prisonniers de sĂ©curitĂ© Ă  haut risque ont Ă©tĂ© rejoints par des activitĂ©s de recherche nĂ©gligentes, probablement dues Ă  des gardiens de prison qui ne souhaitaient pas « remuer le pot » et risquer trop violence, dit-il.

La dĂ©cision d’incarcĂ©rer les terroristes si prĂšs de leur ville natale de JĂ©nine doit Ă©galement ĂȘtre examinĂ©e, a-t-il ajoutĂ©.

« Ceci est considĂ©rĂ© comme une rĂ©ussite opĂ©rationnelle et un coup de pouce moral pour les organisations de ‘rĂ©sistance’ palestiniennes. Ils ne le voient pas seulement Ă  travers le prisme Ă©troit d’une Ă©vasion de prison », a dĂ©clarĂ© Hacham. « Pour les Palestiniens, c’est une source de fiertĂ©. Il y a maintenant un sentiment de victoire sur la « machine de guerre israĂ©lienne » et toutes les factions palestiniennes Ă©mettent leurs fĂ©licitations, pas seulement les islamistes. »

Selon Hacham, la poursuite israĂ©lienne prendra deux formes principales. La premiĂšre se situe au niveau du terrain, impliquant un nombre important de policiers, de police des frontiĂšres et de personnel de Tsahal scrutant le sol et recherchant des voies d’évacuation, ainsi que des indices sur leur emplacement.

« La deuxiĂšme partie est le front du renseignement », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Le Shin Bet concentrera cet effort, qui visera Ă  localiser, surveiller et utiliser tous les moyens pour obtenir des renseignements fiables et prĂ©cis sur les circonstances de l’évasion et des cachettes oĂč ils auraient pu se retrouver. »

PAR YAAKOV LAPPIN


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
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