L’homme qui a créé la rĂ©volution du vin casher en Europe a créé une nouvelle entreprise

Les 80 derniĂšres annĂ©es du siĂšcle dernier ont Ă©tĂ© des annĂ©es formatrices pour le monde du vin israĂ©lien. Les vignobles du plateau du Golan ont fait irruption dans l’air du monde dans une rĂ©volution de qualitĂ© qui a entraĂźnĂ© dans son sillage toute l’industrie, dont les consĂ©quences sont considĂ©rables et dont les Ă©chos se font encore entendre aujourd’hui. Ils ont montrĂ© non seulement qu’il est possible et nĂ©cessaire de produire des vins de qualitĂ© dans l’État d’IsraĂ«l, mais que c’est une situation naturelle. Pas de vins de table sucrĂ©s ou simples, mais un vin qui peut rivaliser d’égal Ă  Ă©gal avec n’importe quel autre vin dans le monde, et souvent pour toujours.

À peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque, une autre rĂ©volution viticole, moins mĂ©diatisĂ©e, a eu lieu en Europe : celle du vin casher. Un jeune vigneron juif français prometteur, Pierre Miodownik, a commencĂ© son voyage privĂ© dans le vin lorsqu’il a Ă©tĂ© invitĂ© par la famille Rothschild Ă  produire du vin casher et de qualitĂ© dans leur cave. « C’était une atmosphĂšre de rĂ©volution, d’innovation », nous dit-il. « Ce n’est pas comme aujourd’hui, oĂč des vins français de haute qualitĂ© provenant de domaines viticoles Grand Cru Classe (le rang le plus Ă©levĂ© du systĂšme de classification des vins de Bordeaux, que seulement 61 domaines viticoles ont obtenu depuis 1855 ; R.P.) sont disponibles dans tous les cavistes.

« Jusqu’alors, les Juifs vivant en Europe devaient se contenter de vins simples, parfois pauvres. J’avais une expĂ©rience d’agronome et de vigneron, et en 1982 j’ai Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© comme le jeune vigneron le plus prometteur de France. Puis fut le temps oĂč le vin casher est sorti de la cave Rothschild, et cela a fait beaucoup de bruit et créé une demande, jusqu’à ce qu’on me demande de crĂ©er la sociĂ©tĂ© « Royal Wine Europe » pour la famille Herzog et que je commence Ă  produire du vin casher dans des vignobles de plus en plus rĂ©putĂ©s en France, puis dans d’autres pays du continent. »

 

Des vignerons fous
Sa production casher s’est Ă©tendue Ă  des vignobles recherchĂ©s tels que Louville de Poipre, ChĂąteau Lescombe, ChĂąteau Clark et bien d’autres, traversant les frontiĂšres de l’Espagne et du Portugal, et en mĂȘme temps il s’est lancĂ© dans un voyage personnel intime qui l’a ramenĂ© Ă  ses racines juives. Il recherche une communautĂ© juive et dĂ©mĂ©nage sa rĂ©sidence Ă  Anvers et rejoint en 2006 l’établissement de  Netofa Winery GalilĂ©e. Trois ans plus tard, il immigre mĂȘme en IsraĂ«l et lance le premier millĂ©sime de la cave.

« Nous avons Ă©tĂ© les premiers en IsraĂ«l Ă  dĂ©clarer que nous n’importions pas de variĂ©tĂ©s telles que le Cabernet Sauvignon et le Merlot, estimant que les variĂ©tĂ©s les plus adaptĂ©es Ă  IsraĂ«l sont la Syrah, le Grenache, le MourvĂšre. Aujourd’hui, elles sont dĂ©jĂ  appelĂ©es « variĂ©tĂ©s mĂ©diterranĂ©ennes », et de plus en plus de vignobles choisissent d’en faire du vin, mais ensuite nous considĂšrent de fous : « Qui l’achĂštera ? On nous a demandĂ©, mais nous avons cru Ă  notre maniĂšre, selon l’expĂ©rience et les connaissances que nous avons acquises. »

Vers la huitiĂšme dĂ©cennie de sa vie, un dĂ©sir nostalgique des rĂ©gions de son enfance est nĂ© en lui, ce qui l’a amenĂ© Ă  revenir et Ă  produire du vin dans son pays natal, la France. « À la nostalgie s’est ajoutĂ©e une autre raison pratique qui m’a motivĂ© dans ce projet : les dĂ©gĂąts causĂ©s aux vendanges du millĂ©sime 2021. La plupart des vignobles en IsraĂ«l, ainsi que de nombreux vignobles en Europe, ont connu une baisse spectaculaire allant jusqu’à 30 % la quantitĂ© de raisins, et en mĂȘme temps les intrants de production en IsraĂ«l sont devenus trĂšs chers. Nous ne voulions pas augmenter les prix de notre vin, mais d’un autre cĂŽtĂ© nous ne pouvons pas non plus perdre d’argent. Cela nous a obligĂ© Ă  arrĂȘter de produire nos vins de sĂ©rie d’entrĂ©e, ‘Domaine’, Ă  ce stade, mais pour apporter une solution alternative, les nouveaux vins ‘Masei’ que je produis comme mentionnĂ© en France, qui sont les moins chers et les plus compĂ©titifs que nous pourrions l’ĂȘtre, et non pas au au dĂ©triment de la qualitĂ© bien sĂ»r.

« Il s’agit d’une sĂ©rie de vins qui est venue raconter l’histoire de ma vie – d’oĂč son nom – et le premier arrĂȘt se situe prĂšs de l’endroit oĂč j’ai grandi, dans la rĂ©gion Languedoc du sud de la France. La production se fait dans la cave d’un ami qui a Ă©tudiĂ© avec moi en classe il y a environ 60 ans, et j’y produis aujourd’hui trois vins – rouge, blanc et rosĂ© – qui sont trĂšs caractĂ©ristiques de la rĂ©gion et dĂ©crivent bien mes racines viticoles. »

Et n’ĂȘtes-vous pas intĂ©ressĂ© Ă  faire du vin dans d’autres rĂ©gions Ă©galement, comme Bordeaux, Bourgogne ou Chevelle ?

Miodovnik : « Nous en sommes maintenant Ă  mon 42Ăšme millĂ©sime et j’ai traversĂ© pas mal de stations oĂč j’ai produit du vin au fil des annĂ©es. Le Languedoc n’est en effet que la premiĂšre station, mais dĂ©jĂ  cette annĂ©e j’ai l’intention d’apporter du vrai vin du Beaujolais en IsraĂ«l aussi, et j’espĂšre qu’à l’avenir je pourrai revenir et produire du vin dans d’autres lieux depuis les stations de ma vie, Ă©galement hors de France. »


RĂ©daction francophone Infos Israel News pour l’actualitĂ© israĂ©lienne
© 2025 – Tous droits rĂ©servĂ©s