C’est une scène poignante et surréaliste à la fois : Avra Mengistu, revenu d’un enfer de 3 819 jours de captivité entre les mains du Hamas dans la bande de Gaza, se tient dans les galeries calmes du Musée d’art de Tel-Aviv. Devant lui, une œuvre évoquant Ron Arad, disparu en 1986 au Liban. « C’est le premier otage », murmure Avra, bouleversant les visiteurs par cette phrase simple mais chargée d’une conscience historique, d’une douleur collective et d’un retour à la vie encore fragile.
Sa sœur, Almenash Mengistu, raconte l’anecdote à Davar avec émotion. Depuis sa libération il y a cinq mois, Avra a été hospitalisé à l’hôpital Ichilov à Tel-Aviv, en service psychiatrique, entouré et soutenu avec dévouement par sa famille et une équipe médicale attentive. Cette semaine, il a enfin quitté l’hôpital pour s’installer dans un logement adapté à ses besoins, marquant une nouvelle étape dans un parcours de reconstruction humaine, psychologique et sociale.
« Il aime le calme. Il aime l’art. Il avait besoin de beauté et d’espace », dit Almenash. Ensemble, ils ont visité les expositions du musée d’art contemporain, situé juste à côté de la place des otages, devenue en Israël un symbole de mémoire et d’appel à l’action.
Un retour parmi les vivants
Le cas d’Avra Mengistu est particulier, douloureux et trop longtemps resté dans l’ombre. Capturé en 2014 après avoir franchi la frontière de Gaza dans des circonstances troubles — et alors qu’il souffrait de troubles psychiatriques — il a été détenu par le Hamas pendant plus de 10 ans, sans contact avec sa famille, sans visite humanitaire, sans que le CICR ne puisse l’approcher.
Et pourtant, contrairement à d’autres cas médiatisés, son sort n’a pas suscité de mobilisation populaire immédiate, révélant les fractures internes de la société israélienne : entre ashkénazes et éthiopiens, entre familles influentes et celles oubliées. Aujourd’hui, sa libération est vécue comme une victoire morale et réparatrice, mais aussi comme un rappel criant de la nécessité de ramener tous les otages, vivants ou morts.
L’ombre de Ron Arad
Que Mengistu ait identifié Ron Arad comme « le premier otage » n’est pas anodin. Arad, navigateur de l’armée de l’air, capturé en 1986, est devenu une figure nationale de l’inconnu et du silence. Son image, longtemps affichée sur les murs, les tee-shirts et les pancartes, hante encore la mémoire collective israélienne.
En associant son propre parcours à celui d’Arad, Avra place sa souffrance dans la continuité de l’histoire nationale : celle d’hommes retenus au-delà des lignes ennemies, souvent sans visage, sans voix, oubliés dans les interstices géopolitiques.
« Je ne réalise pas qu’il est là avec nous »
La phrase d’Almenash, la sœur d’Avra, résonne avec une tendresse désarmante :
« Je ne réalise pas qu’il est avec nous. »
C’est que le traumatisme n’a pas disparu. Il habite encore le regard d’Avra, sa démarche, sa réserve. Mais la famille est là. La lumière aussi. Et les premiers pas dans le monde réel passent par la culture, l’art, la lente reconnexion au pays qu’il n’a jamais vraiment quitté — mais qui l’a longtemps abandonné.
Un traitement exemplaire à Ichilov
Dans un communiqué émouvant, la famille a remercié le personnel de l’hôpital Ichilov pour son « traitement humain, sensible et intensif », qualifié de « pont vital entre les années de captivité et le retour à soi, à la santé, à la communauté ». L’équipe soignante continuera à accompagner Avra dans les mois à venir. Une reconnaissance tardive mais méritée pour un hôpital qui, au-delà des soins techniques, a su réparer une dignité.
Pendant ce temps, d’autres attendent toujours
Les mots d’Avra trouvent un écho douloureux dans la situation d’autres familles. Le sort de Romi Breslavski, dont la famille ignore tout depuis des mois, ou les affiches vandalisées à Tel-Aviv sur la place des otages, rappellent que la douleur n’est pas finie. Le chef d’état-major a récemment présenté une « stratégie de prise de contrôle complète de Gaza » en réponse à la menace de crise humanitaire… mais aussi à l’urgence de retrouver tous ceux qu’on a perdus.
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