Un haut responsable taïwanais a récemment effectué une visite secrète en Israël, ont indiqué à Reuters trois sources informées du dossier. Le vice-ministre des Affaires étrangères de Taïwan, François Wu, aurait séjourné dans le pays dans la plus grande discrétion, un déplacement considéré comme une véritable provocation par Pékin, qui considère l’île comme partie intégrante de son territoire. Cette visite fait suite à un autre déplacement clandestin d’un vice-ministre taïwanais de la Défense, révélant un rapprochement inhabituel entre Israël et Taïwan.
Ni Israël ni Taïwan n’ont confirmé ou démenti la visite, un silence diplomatique que les sources considèrent comme un signe supplémentaire de sa véracité. Quelques heures après les révélations, l’ambassade de Chine en Israël a publié une réaction sévère. Pékin a rappelé que le principe d’« une seule Chine » est une norme fondamentale des relations internationales et un prérequis pour tout lien diplomatique, y compris avec Israël. L’ambassade a souligné que Taïwan est « une partie inaliénable » du territoire chinois et a exhorté Israël à « corriger ses actions erronées » et à cesser d’envoyer des signaux favorisant « les forces séparatistes de l’indépendance taïwanaise ».
Taïwan dispose de très peu de partenaires diplomatiques officiels en raison de la pression persistante exercée par la Chine. Comme la majorité des États, Israël reconnaît officiellement Pékin mais entretient depuis des années des relations non officielles avec Taipei. Toutefois, depuis le 7 octobre et face au soutien explicite apporté par Taïwan à Israël, les liens se sont resserrés. Le vice-ministre Wu aurait visité Israël ces dernières semaines, bien que les sources n’aient pas précisé les sujets abordés, notamment concernant le système de défense antimissile taïwanais T-Dome, dévoilé récemment et partiellement basé sur des technologies israéliennes.
La semaine précédente, Pékin avait déjà critiqué Israël après que celui-ci eut signé une déclaration à l’ONU dénonçant les violations des droits de l’homme en Chine. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait par ailleurs accusé la Chine et le Qatar d’être impliqués dans une campagne de guerre cognitive contre Israël, une affirmation qui avait entraîné une réaction irritée de Pékin.
Taïwan, de son côté, affirme partager avec Israël les valeurs de liberté et de démocratie, et souligne son intention de renforcer les échanges dans les domaines du commerce, de la technologie et de la culture. Le vice-ministre Wu, l’un des représentants taïwanais les plus en vue sur la scène internationale, a déjà exercé les fonctions d’ambassadeur de facto à Paris. Sa dernière apparition publique à l’étranger remonte à la Conférence de sécurité de Berlin, le 19 novembre.
Le rapport sur sa visite fait écho à une précédente révélation du site Intelligence Online, selon laquelle un vice-ministre taïwanais de la Défense, Po Horng-Huei, s’était rendu secrètement en Israël en septembre pour promouvoir une coopération militaire renforcée. Israël aiderait Taïwan à développer son système antimissile, inspiré du Dôme de Fer, dans un contexte où Taipei redoute une invasion chinoise. Cette coopération impliquerait le transfert de technologies israéliennes avancées en matière de radars et de missiles. Depuis 2019, Israël et Taïwan collaborent également de manière non officielle dans les domaines de la cybersécurité et de l’intelligence artificielle.
On ignore encore comment Pékin réagira à ces rencontres secrètes et à l’intensification de la coopération militaire. Les observateurs estiment néanmoins que la Chine était probablement au courant de ces visites via ses réseaux de renseignement. Israël, de son côté, n’aurait pas pris une telle initiative sans le feu vert des États-Unis, voire à leur demande, Washington soutenant Taïwan militairement.
Taïwan voit dans sa situation géopolitique une forme de miroir de la menace existentielle que représente l’Iran pour Israël. Pékin, qui entretient des liens étroits avec les Palestiniens et reconnaît l’État palestinien depuis 1988, défend fermement la position « une seule Chine ». Taïwan, en revanche, refuse catégoriquement de reconnaître une Palestine qui soutient cette position chinoise.
Taïwan dispose d’une présence diplomatique limitée au Moyen-Orient, mais entretient des bureaux de représentation mutuels avec Israël à Tel-Aviv et Taipei. Ces dernières années, de hauts responsables et parlementaires israéliens ont été accueillis sur l’île. En octobre, François Wu a rencontré à Taipei le directeur général du ministère israélien du Bien-être social, Yinon Aharoni, et en septembre, le président taïwanais Lai Ching-te a reçu une délégation de parlementaires israéliens.
Le président Lai avait déclaré qu’« la détermination et la capacité d’Israël à défendre son territoire constituent un modèle pour Taïwan », évoquant même l’histoire biblique de David et Goliath. Le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Lin Chia-Long, a lui aussi affirmé que Taïwan approfondirait ses liens avec Israël, malgré les critiques sur la guerre à Gaza, car Israël a soutenu Taïwan contrairement à d’autres États de la région. Lin a également comparé le système taïwanais T-Dome au Dôme de Fer israélien.
L’« affaire des pagers » — ces dispositifs piégés utilisés dans l’opération israélienne contre le Hezbollah — avait un temps créé un malaise lorsque des appareils portant le nom d’une société taïwanaise étaient apparus. Mais Tel-Aviv comme Taipei avaient minimisé l’incident et rejeté l’idée d’une atteinte aux relations bilatérales.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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