Les informations faisant état de mesures visant à mener à bien un plan politique éclair , qui comprendra également un calendrier rigide pour la création d’un État palestinien, ne devraient surprendre personne en Israël. Pour Washington, la guerre à Gaza, malgré tous ses coûts, est une opportunité de créer un nouveau Moyen-Orient centré sur l’intégration régionale et un État palestinien.
Une telle démarche est nécessaire pour Biden et son peuple également sur le plan intérieur américain, à la suite des critiques émanant des bancs du Parti démocrate pour son soutien à Israël dans la guerre, ainsi qu’au vu de la détérioration de sa situation dans les sondages. Dans les mois qui restent jusqu’aux élections présidentielles, les partisans de Biden tenteront de présenter l’initiative comme une réussite en matière de politique étrangère – une décision qui a empêché une dégénérescence en guerre régionale et a ramené dans le giron du camp américano-occidental les pays qui penchaient vers l’axe sino-russe, et a renforcé la position des États-Unis au Moyen-Orient, sans les entraîner dans la guerre.
Avant même de discuter des implications d’un tel plan, la question de sa faisabilité se pose aux États-Unis. Existe-t-il vraiment les conditions qui permettent de l’inscrire à l’ordre du jour en tant que proposition pratique ? Washington comprend qu’il ne sera pas possible de le promouvoir un tel plan sans arrêter au préalable la guerre à Gaza. Mettre fin à la guerre est également nécessaire pour résoudre la crise que les Houthis ont provoquée en mer Rouge et éteindre l’incendie qui a éclaté avec le Hezbollah sur le front nord, sauf que l’échelon politique en Israël ne pourra pas mettre fin à la guerre sans que trois conditions soient remplies : le retour des personnes enlevées, le renversement du régime du Hamas et le contrôle sécuritaire israélien de la bande de Gaza, ce qui empêchera sa reprise.
Le panier incitatif est prêt
De l’avis des États-Unis, la réponse à toutes ces questions réside dans l’accord qu’ils s’efforcent de promouvoir en ce moment. Un tel accord permettrait le retour des personnes enlevées en échange de la fin de la guerre et de l’introduction d’une « Autorité palestinienne améliorée » qui gérerait les affaires civiles dans la bande de Gaza, et ce serait un signe suffisant de l’effondrement du régime précédent. Les Américains, semble-t-il, ont déjà préparé un « panier d’incitations » et on s’attend à des objections de la part de certains joueurs.
Pour Israël, la principale motivation est le début d’un processus de normalisation avec l’Arabie Saoudite. Quant à l’Autorité palestinienne, outre son statut revalorisé, elle bénéficiera d’un soutien politique, de ressources et d’un mécanisme qui permettront la réhabilitation de Gaza dévastée. L’incitation du Qatar et du Hamas est d’arrêter la machine de guerre israélienne avant qu’elle n’ait terminé son travail. Ceci, en plus des bénéfices directs que le Hamas cherche toujours à générer dans le cadre d’un accord.
L’importance de cette proposition par rapport à la bande de Gaza n’est pas seulement la garantie de la survie du Hamas et la préservation de ses capacités militaires, organisationnelles et gouvernementales restantes, mais aussi son couronnement en tant que celui qui a donné à l’Autorité palestinienne et au peuple palestinien, à travers le massacre barbare et les crimes de guerre qu’il a commis – la plus haute réussite politique qu’il ait jamais remportée. Le haut niveau de soutien dont il jouit parmi l’opinion publique palestinienne est le moyen le plus sûr pour le Hamas de prendre le pouvoir au sein de l’Autorité palestinienne également.
Un État palestinien créé grâce au Hamas est une récompense pour le terrorisme. Cela renforcera la « voie de la résistance » et donnera une vision victorieuse de la méthode des fanatiques de l’Islam qui prêchent avant tout que contre Israël, seule la force décidera.
Le lancement d’un tel programme nuit à l’objectif principal qu’Israël cherche à atteindre dans cette guerre : le rétablissement de la dissuasion. Alors que les forces de sécurité israéliennes intensifient leurs collectes de fonds auprès du Hamas à cette fin, les amis d’Israël à l’étranger lui offrent une réussite politique sans précédent.
L’Autorité palestinienne, qui n’a pas condamné le massacre et qui mène la lutte politique en Israël et encourage les actes terroristes par ses paiements, continue de bénéficier de l’attitude sympathique de Washington. Sans l’intense activité des forces de sécurité dans les villes et les camps de réfugiés de Yosh, pour contrecarrer le terrorisme du Hamas et endommager ses infrastructures, il est douteux que l’Autorité palestinienne aurait été capable de lui tenir tête. Alors que tel est l’état de l’Autorité palestinienne au Yosh, les discussions sur l’amélioration de sa position ne sont pas liées à la réalité.
Et quant aux incitations offertes à Israël : n’en déplaise à la normalisation avec l’Arabie saoudite, la guerre à Gaza a ramené Israël à ses valeurs fondamentales, à la compréhension qu’il se bat toujours pour son existence. Il doit être clair et catégorique qu’Israël s’opposera à une telle initiative. Nous devons continuer à détruire les capacités du Hamas, achever le travail à Rafah, accroître la pression pour que les personnes enlevées soient rapatriées et ne pas laisser le bruit de fond nuire à la cohésion. Il ne s’agit pas seulement d’une approche sobre et réaliste, c’est aussi une approche fondée sur les valeurs morales face au mal.
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