Cette collaboration, qui implique principalement le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC), comprend des échanges de délégations avec des entreprises chinoises spécialisées dans la technologie de télédétection par satellite. Ce partenariat vise à renforcer la capacité de l’Iran à effectuer une surveillance à haute résolution de cibles militaires en Israël et au Moyen-Orient, suscitant des inquiétudes parmi les agences de renseignement américaines, européennes et moyen-orientales.
Ces liens ont été renforcés par un pacte de coopération politique et économique de 25 ans signé il y a trois ans , qui a ouvert la voie à une collaboration plus approfondie dans divers secteurs, notamment la technologie militaire et satellitaire.
De Pékin à Sanaa
Une évaluation confidentielle consultée par le Washington Post met en évidence les dangers potentiels d’une telle collaboration. Le rapport prévient qu’un accord entre l’Iran et ces entreprises chinoises pourrait fournir à Téhéran des capacités de ciblage améliorées pour ses missiles balistiques et des systèmes d’alerte précoce plus efficaces pour détecter les attaques imminentes. En outre, l’Iran pourrait partager des renseignements obtenus par satellite avec ses alliés régionaux, tels que les rebelles houthis du Yémen et diverses milices en Syrie et en Irak, qui ont déjà ciblé des bases militaires et des navires commerciaux américains dans le golfe Persique.
L’une des entreprises chinoises, Chang Guang Satellite Technology Co., basée dans la province du Jilin, dans le nord-est de la Chine, aurait noué des liens étroits avec l’Iran. L’entreprise produit de petits satellites « cubesat » économiques équipés de systèmes optiques capables de capturer des images d’une résolution de 30 centimètres, rivalisant avec les capacités des satellites commerciaux américains et européens les plus avancés. En revanche, le satellite iranien Khayyam ne peut produire des images que d’une résolution d’environ 1 mètre, ce qui souligne l’avancée significative des capacités de surveillance qui pourrait résulter de ce partenariat.
Historiquement, la Chine a été un partenaire militaire crucial pour l’Iran, même si Pékin a réduit ses ventes d’armes à Téhéran au milieu des années 2000 en raison des sanctions internationales. Cependant, la relation a été ravivée ces dernières années, la Chine ayant fourni à l’Iran une technologie de navigation par satellite en 2015, ce qui a amélioré la précision des missiles et des drones iraniens. Cette coopération renouvelée dans le cadre de l’accord de 2021 comprend des engagements en matière d’exercices d’entraînement militaire conjoints et de développements futurs dans le domaine des avions à voilure fixe et des hélicoptères.
Pékin reste prudent quant à l’octroi d’une aide militaire directe qui pourrait aggraver les tensions au Moyen-Orient. Les intérêts stratégiques de la Chine dans la région, en particulier ses relations économiques avec l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, imposent un équilibre prudent.
La priorité de la Chine est d’éviter de déclencher des sanctions internationales contre ses entreprises ou de contribuer à une instabilité qui pourrait perturber l’approvisionnement en pétrole vital du Golfe.
Parallèlement, la Russie continue d’être un soutien clé du programme spatial iranien, ayant lancé plusieurs satellites de surveillance iraniens en orbite ces dernières années. L’implication de Moscou souligne l’alignement géopolitique entre la Russie et l’Iran, en particulier alors que la Russie dépend de plus en plus des drones iraniens dans son conflit avec l’Ukraine. Alors que les capacités de surveillance de Téhéran s’étendent grâce à ces partenariats internationaux, l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient pourrait être encore plus déstabilisé, augmentant les enjeux pour la sécurité régionale.