L’ONU a lancé un avertissement diplomatique inhabituel à Israël : la Commission contre la torture, relevant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, exige officiellement des clarifications immédiates sur la situation de l’ancienne procureure militaire en chef, la générale Yifat Tomer-Yerushalmi, arrêtée le mois dernier dans des circonstances encore non détaillées publiquement. Le rapport final, publié à Genève et examiné par Reuters et les archives publiques de l’ONU, place le cas de l’officière au centre d’un chapitre consacré aux « détentions arbitraires de journalistes, lanceurs d’alerte et défenseurs des droits humains ».
Selon le document, l’ONU estime que l’arrestation de l’ex-pProcureure militaire pourrait être liée à l’autorisation qu’elle aurait donnée concernant la transmission à la presse de séquences vidéo provenant du centre de détention militaire de Shdeh Teiman. Ces images, diffusées dans plusieurs médias israéliens, montraient un détenu palestinien frappant un soldat, puis des réactions qui ont déclenché un tumulte politique et médiatique. À New York comme à Genève, cette affaire a servi de catalyseur à un débat plus large sur la transparence de l’institution militaire israélienne.
L’intervention de l’ONU dépasse cette fois le stade des recommandations : la Commission exige de Jérusalem une mise à jour complète sur le statut de la générale Tomer-Yerushalmi, incluant les conditions exactes de sa détention, ainsi que les éventuels processus disciplinaires ou judiciaires en cours. Dans le langage diplomatique onusien, cette formulation constitue presque un ultimatum. Israël est tenu de répondre dans les prochains mois, lors du prochain cycle d’évaluation.
Pour plusieurs analystes cités par Reuters et Associated Press, la prise de position de la Commission traduit une volonté d’inscrire le cas de la générale dans un débat international plus vaste concernant le traitement des lanceurs d’alerte et la gestion des centres de détention, un sujet déjà politisé par la campagne arabe et par plusieurs ONG. L’institution onusienne recommande d’ailleurs explicitement à Israël de créer un mécanisme étatique de protection des dénonciateurs internes, afin qu’aucune représaille ne puisse dissuader la transmission d’informations relatives à des abus.
En Israël, ce geste de l’ONU est accueilli avec scepticisme. Plusieurs responsables sécuritaires soulignent que l’organisation se montre remarquablement silencieuse face à la torture systématique pratiquée par le Hamas et le Jihad islamique, tout en concentrant une partie disproportionnée de son attention sur l’armée la plus contrôlée du Moyen-Orient. D’autres voient dans la mention de la générale une tentative politique visant à affaiblir la crédibilité institutionnelle d’Israël alors que Tsahal et le gouvernement tentent de démontrer l’exemplarité de leurs mécanismes internes d’enquête.
La détention de la générale Tomer-Yerushalmi, ancienne figure centrale du système judiciaire militaire, continue néanmoins de susciter de nombreuses interrogations. Les autorités israéliennes restent discrètes, tandis que les débats internes sur la gestion du centre de Shdeh Teiman et la diffusion de ses images se poursuivent. Dans un contexte de guerre hybride et de pression diplomatique permanente, cette affaire pourrait devenir un nouveau champ de bataille juridique entre Jérusalem et les institutions internationales.
Sources : Rapport officiel ONU CAT/C/ISR/CO/6 (Genève), Reuters, Associated Press, KAN 11, N12.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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