L’une des personnalités les plus connues menacée de représailles : « J’attends la prochaine grenade »

Une attaque à la grenade contre un témoin protégé, des menaces répétées et six arrestations : la police israélienne déjoue une tentative d’intimidation sans précédent liée à un réseau criminel de Nazareth.

L’État d’Israël fait face à une escalade inquiétante dans la guerre contre la criminalité organisée. Le 29 octobre 2025, le quotidien Maariv révèle qu’une grenade à fragmentation a explosé devant la maison d’un témoin clé dans une importante affaire d’extorsion à Nazareth. L’attentat, attribué à un réseau lié à la famille Hassan, a blessé la mère du témoin et provoqué un séisme dans les milieux judiciaires.
La police, par l’unité d’élite Lahav 433, a procédé à six arrestations et annonce vouloir “frapper sans relâche les auteurs d’intimidations contre la justice”.

📰 Source : Maariv – רימוני רסס על ביתו של העד המרכזי: ארגון הפשיעה גרם לו לשלשל במכנסיים (אלון חכמון, 29/10/2025)

Un réseau criminel bien implanté

L’affaire plonge ses racines dans une enquête ouverte à l’été 2024 contre la famille Hassan, accusée de servir de bras exécutif à l’organisation criminelle Bakri.
Les suspects sont poursuivis pour extorsion, menaces armées et blanchiment, après avoir exploité des victimes incapables de rembourser leurs prêts auprès du marché noir.
Selon la police, ces réseaux géraient un système bancaire parallèle, orchestrant le transfert d’actifs vers des prête-noms et le rachat de biens immobiliers à bas prix auprès de débiteurs ruinés.

L’attentat à la grenade survient en pleine phase de témoignages au tribunal de Nazareth.
Deux témoins, censés comparaître cette semaine, auraient “perdu pied” après avoir reçu des menaces explicites de la part de membres du clan.
L’un d’eux a affirmé à la police qu’une vingtaine de proches des accusés l’attendaient dans le hall du tribunal, lui rappelant “qu’ils savent où il habite”.

L’attaque : un message direct à la justice

Quelques jours plus tard, le même témoin a vu sa maison visée à deux reprises :
une première grenade, qui n’a pas explosé, puis une seconde qui a éclaté, provoquant des blessures modérées à sa mère.
Face à la gravité des faits, la police a exfiltré le témoin vers un lieu protégé et ouvert une nouvelle enquête parallèle pour tentative d’assassinat et entrave au cours de la justice.

Le commandant adjoint de l’unité Lahav 433, le surintendant Lior Noy, a adressé un message inhabituellement ferme dans la salle d’audience :

« Toute personne qui tente d’intimider des témoins ou des victimes paiera le prix. Nous ne permettrons pas qu’un réseau criminel fasse la loi dans ce pays. »

La cour a autorisé la prolongation de détention des six suspects jusqu’au 4 novembre 2025, le temps de consolider les preuves recueillies.

Une ligne rouge pour la démocratie israélienne

Cette attaque symbolise, pour les autorités, une tentative directe de sabotage du système judiciaire.
Selon Maariv, la police considère qu’il s’agit d’une “ligne rouge franchie”, car les témoins sont désormais la cible d’armes de guerre.
Les enquêteurs ont saisi plus d’un demi-million de shekels en liquide et en chèques lors des perquisitions menées à Nazareth et dans ses environs.

Le ministère de la Sécurité nationale a publié un communiqué dans la matinée :

« Israël ne tolérera pas qu’un témoin ait peur de témoigner. Toute tentative de menacer un citoyen coopérant avec la justice sera traitée comme un acte de terrorisme interne. »

Cette fermeté intervient alors que la criminalité dans le secteur arabe reste une priorité du gouvernement, avec plus de 180 meurtres recensés en 2024 dans des règlements de comptes.

Entre peur et résistance

Pour les habitants de Nazareth, cette affaire illustre un sentiment d’impuissance croissant face à des clans surarmés.
Des responsables communautaires ont exprimé leur soutien à la police, tout en demandant une protection renforcée des témoins et de leurs familles.
Un avocat local confie au Jerusalem Post :

« Si la peur gagne les témoins, la justice s’effondre. C’est un moment de vérité pour l’État de droit en Israël. »

En parallèle, le parquet du district nord prépare de nouveaux mandats d’arrêt contre des intermédiaires soupçonnés d’avoir fourni les armes utilisées dans l’attentat.

Un avertissement clair

Le chef d’équipe de Lahav 433 a résumé la situation dans des termes glaçants :

« Si nous laissons passer cela, autant cesser de juger les affaires de corruption et de racket. Nous ne permettrons pas qu’Israël devienne une Sicile du Proche-Orient. »

L’affaire Hassan, prévue pour reprise en décembre, sera désormais placée sous protection policière accrue.
Le public israélien observe, à travers ce dossier, un bras de fer entre la peur et la loi — symbole d’un pays déterminé à restaurer la confiance dans sa justice.

 


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés