Dix-sept États membres de l’Union européenne ont soutenu l’ouverture d’une enquête contre Israël, l’accusant de violations des droits de l’homme à Gaza. Cette démarche pourrait fragiliser l’accord d’association avec Israël — bien que l’Allemagne, l’Italie et d’autres pays s’y opposent.

L’UE précise : « L’enquête est un levier pour faciliter l’entrée de l’aide humanitaire, pas nécessairement pour annuler l’accord. »

Dans une initiative marquant la détérioration de la position diplomatique d’Israël, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont décidé aujourd’hui (mardi) de réexaminer l’accord régissant les relations avec Israël. C’est ce qu’a annoncé dans la soirée Kaja Kallas, Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, à la lumière de l’intensification de l’opération terrestre à Gaza et de la situation humanitaire dans la bande.

L’UE a commencé à promouvoir une démarche visant à évaluer si Israël respecte ses engagements en matière de droits de l’homme dans le cadre de la guerre à Gaza — une démarche qui pourrait avoir des conséquences sur l’avenir de l’accord d’association entre les deux parties. Cet accord, de grande ampleur, couvre l’ensemble des relations UE-Israël, incluant des préférences commerciales, des partenariats technologiques et académiques, ainsi qu’un accès élargi aux marchés européens.

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La décision a été prise lundi lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l’UE à Bruxelles. L’enquête portera notamment sur le respect par Israël de l’article 2 de l’accord, qui stipule une obligation de respecter les droits de l’homme. Une violation pourrait entraîner des conséquences importantes sur les relations diplomatiques et économiques.

L’initiative a été lancée par les Pays-Bas, traditionnellement considérés comme un pays ami d’Israël. Toutefois, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, adopte une ligne critique à l’égard d’Israël, notamment à propos de l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza. Il a reçu le soutien d’autres pays, dont la France, l’Espagne, l’Irlande, Malte, le Luxembourg et la Slovénie, ce qui a conduit Kaja Kallas à ordonner l’ouverture de l’enquête.

Bien que 17 des 27 États membres aient soutenu la démarche, l’UE insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une décision unanime — et qu’elle ne suffit pas, à ce stade, à entraîner l’annulation de l’accord avec Israël. L’Allemagne et l’Italie, deux des puissances majeures de l’UE, s’y sont opposées, tout comme la Tchéquie et la Hongrie, qui continuent de bloquer toute tentative de sanctionner les colons.

Des sources européennes précisent que certains pays soutenant l’enquête ne cherchent pas à annuler l’accord, mais plutôt à exercer une pression sur Israël pour faciliter l’entrée de l’aide humanitaire et accélérer la fin des combats.

Lors d’une conférence de presse à Bruxelles, Kaja Kallas a déclaré :

« L’aide qui parvient à Gaza est une goutte d’eau dans l’océan. La plupart des pays de l’UE considèrent que la situation y est dramatique, et nous voulons aider la population. Beaucoup de camions attendent à la frontière, mais ce qui entre est insuffisant. Nous finançons cette aide — et nous envoyons un message à Israël : la souffrance des civils de Gaza est insupportable. »

Pour l’instant, aucune date n’a été fixée pour la publication du rapport ou la tenue d’une nouvelle discussion sur le sujet. Toutefois, même si la décision d’ouvrir une enquête n’est pas juridiquement contraignante, elle marque un changement de ton préoccupant pour Israël, surtout en raison de l’importance capitale de l’Union européenne en tant que principal partenaire commercial.