Il est permis dâeffacer une ou plusieurs lettres dâun Sefer (rouleau) Torah quand il est encore en plusieurs parties de parchemins sĂ©parĂ©s. Une fois cousu, il devient sacrĂ© et il est dĂ©fendu dâĂŽter la moindre lettre !
Ces derniĂšres symbolisent chacune des Ăąmes du peuple dâIsraĂ«l : une fois rĂ©unies, aucune ne peut ĂȘtre supprimĂ©e.
Pourtant, certains affirment quâil devient de plus en plus difficile dâaimer ses frĂšres Juifs, ou plus prĂ©cisĂ©ment, il devient de plus en plus difficile dâaimer ces Juifs qui ne nous ressemblent guĂšre.
Nombreux sont-ils parmi les orthodoxes Ă estimer que le reste de la communautĂ© juive est obnubilĂ©e par le dĂ©nigrement de lâorthodoxie et lâabandon de la Torah.
Les non-orthodoxes estiment que lâĂtat dâIsraĂ«l, sous lâemprise des orthodoxes, refuse toute autre forme de JudaĂŻsme tout en devenant la proie dâune politique communautariste.
Les porte-paroles officiels de lâorthodoxie exhibent une caricature grossiĂšre des diffĂ©rentes mouvances au sein du JudaĂŻsme.
Chaque minoritĂ© juive se pose en victime de tous, dâune part, mais dâautre part, et dans un mĂȘme temps, ne se gĂȘne pas pour les agresser toutes. Liaisons dangereuses pour un devenir commun.
Les victimes peuvent cultiver leur rage sans fin, et demander rĂ©paration sans souci. Si chaque Juif persiste Ă vouloir revendiquer son seul particularisme, sans aucune adhĂ©sion, pleine et entiĂšre, au mouvement national, il accroĂźtra sa souffrance dâĂ©tat victimaire.
Dans une telle conjoncture sociale et politique, si nul nây remĂ©die, nous allons une nouvelle fois vers la guerre civile.
La sociologie a mis en lumiĂšre les difficultĂ©s de communication posĂ©es aux communautĂ©s divergentes, ou aux individus diffĂ©rents, de par leurs origines et amenĂ©s Ă devoir vivre ensemble. Dans le cas oĂč le retour au pays de nos AncĂȘtres reste lâidĂ©al impartial, il arrive que ceux qui sâaccrochent, bec et ongles, Ă leur passĂ©, aux valeurs dâailleurs, Ă leurs us et coutumes rĂ©volus, sâintĂšgrent au plus mal. Une petite Ă©tape communautaire, limitĂ©e dans le temps, serait alors nĂ©cessaire pour se protĂ©ger de la duretĂ© du changement, pensent certains. La rĂ©fĂ©rence dominante, ici, doit ĂȘtre celle de la mosaĂŻque : chaque Ă©lĂ©ment reste lui-mĂȘme tout en contribuant Ă lâensemble. Pour quâune gĂ©nĂ©ration intĂšgre la culture du pays dâaccueil, pour que lâĂ©cole, la sociĂ©tĂ© et la famille arrivent Ă faire leur travail dâĂ©ducation, il faut aussi du temps.
Dans un autre cas, lorsque les diffĂ©rences se vivent impitoyablement aspirĂ©es dans le creuset commun, ou contraintes dâabandonner leurs spĂ©cificitĂ©s, alors, le ressentiment sâinstalle parfois, produisant, ainsi, lâeffet inverse de celui escomptĂ© : le refus Ă retardement de sâintĂ©grer davantage.
Dans un troisiĂšme cas, devenir le citoyen Ă part entiĂšre de son pays dâaccueil rĂ©pond Ă une quĂȘte inlassable et voulue, cela suppose donc dâoublier son pays dâorigine et rĂ©primer, en soi, ce vouloir comparer lâincomparable.
Quelle que soit la profondeur de nos blessures,
Quelle que soit la force de la rhétorique,
Il nâest jamais trop tard pour prendre du recul, pour affirmer notre unitĂ© et notre dĂ©sir de lien au âtous ensembleâ. Au service de lâunitĂ© dâIsraĂ«l, dans lâintĂ©rĂȘt de Tsion, je mâoffre quelques rĂ©ponses Ă quelques-uns de mes principaux ressentis victimaires. Ils affligent tout ou partie de notre peuple aujourdâhui, bien que la rĂ©alitĂ© des choses ne soit pas aussi mauvaise quâil y paraisse subjectivement.
Il nây a plus de terrain dâentente entre le JudaĂŻsme orthodoxe dâun cĂŽtĂ©, et le JudaĂŻsme des conservateurs, des rĂ©formistes, des pionniers et des renouveaux de tous genre : on ne parle que « dâeux » et de « nous ». En substance, et face Ă ce sentiment, il faut reconnaitre le dynamisme inhĂ©rent au JudaĂŻsme orthodoxe : il a créé diverses communautĂ©s qui observent vraiment le shabbat et les fĂȘtes, surveille une alimentation strictement casher et a fait de lâĂ©tude de la Torah un vĂ©ritable Ă©tendard. Leurs travaux ont abouti Ă des traductions du Talmud et de la Michna, Ă de nombreux guides sur la pensĂ©e et la pratique orthopraxes. 20000 Juifs orthodoxes se sont rĂ©unis pour cĂ©lĂ©brer la fin dâun cycle de sept ans de lecture de lâensemble du Talmud, un Ă©vĂ©nement intellectuel et pĂ©dagogique impossible Ă atteindre dans le monde non orthodoxe.
Le JudaĂŻsme sĂ©culier, en revanche, occasionna et gĂ©nĂ©ra un fort engouement et une Ă©norme innovation dans la propension Ă plus dâĂ©galitĂ© et dans la mise en Ćuvre de la sagesse du JudaĂŻsme auprĂšs des multiples maux, sociaux et intellectuels, pressants de notre quotidien. Ses travaux ont eux aussi abouti Ă des traductions et Ă des Ă©ditions critiques du Midrash, de la PensĂ©e juive et de la ThĂ©ologie et utilisent la connaissance laĂŻque pour accroĂźtre notre entendement de lâexistence et des valeurs juives.
Ils crĂ©ent et produisent de nouvelles approches des Ă©tudes juives qui nâĂ©mergent pas forcement de lâapprentissage du âDaf Yomiâ (Ă©tude quotidienne du Talmud). Ces rabbins, ces maitres, ces professeurs, personnalitĂ©s connues et respectĂ©es dans nombre de grandes communautĂ©s, auteurs dâune littĂ©rature originale et crĂ©ative, contribuent promptement Ă façonner les organisations et les rĂ©ponses des populations juive et non juive.
Un membre influent de la communautĂ© juive profane, qui milite actuellement pour la levĂ©e de la sĂ©grĂ©gation des femmes dans les bus, dĂ©clare ne vouloir tout simplement que des droits Ă©gaux pour lâensemble des IsraĂ©liens.
Les calendriers des différentes communautés semblent divers et leur pratique du patrimoine culturel semble trÚs éloignée.
Avons-nous dorénavant, et encore, quelque chose en commun ?
Il existe deux maniĂšres nĂ©cessaires de considĂ©rer lâunitĂ© dâIsraĂ«l : lâhĂ©ritage et le destin.
Notre patrimoine : les éléments constitutifs à partir desquels nous construisons notre identité juive sont identiques.
Nous lisons la mĂȘme Bible (mĂȘme si nous lâinterprĂ©tons diffĂ©remment), les mĂȘmes ProphĂštes, les mĂȘmes Psaumes.
Nous citons les mĂȘmes adages Talmudiques.
Nous Ă©tudions les mĂȘmes exĂ©gĂšses.
Nous nous intéressons à la pensée juive et la philosophie, la littérature et la poésie.
Malgré de nombreuses divergences, nous sommes frappés par la similitude de la liturgie (souvent au grand dam de membres plus radicaux des mouvements libéraux).
Nos racines sont les mĂȘmes, mĂȘme si nous clarifions notre comprĂ©hension Ă travers diffĂ©rents objectifs contemporains.
En cela, lâunitĂ© dâIsraĂ«l est rapidement apparente.
Cette unité est également claire en terme de destin : nous partageons un avenir commun, les antisémites renommés ne font guÚre de distinction entre un pratiquant et non pratiquant.
De graves dĂ©fis interpellent, et confrontent, le monde juif : la sĂ©curitĂ© dâun Etat dâIsraĂ«l dynamique et dĂ©mocratique, sauver les Juifs de Diaspora, dĂ©fendre, en tout temps et lieux, les Juifs opprimĂ©s, renforcer les liens entre les communautĂ©s juives et le JudaĂŻsme. Ils demeurent des questions parmi tant dâautres qui transcendent les frontiĂšres de âlâappellation contrĂŽlĂ©eâ ou non.
Soit nous aborderons ces problĂšmes ensemble, soit nous Ă©chouerons ensemble, nul nâest Ă lâabri des dĂ©fis et des discordes de notre Ă©poque, notre destin reste concrĂštement entre les mains de chaque-un, câest-Ă -dire quâil relĂšve dâune responsabilitĂ© collective.
Beaucoup parmi nous dĂ©clarent rĂ©guliĂšrement quâil devrait y avoir une unitĂ© dans notre pays, arguant quâen raison dâun manque dâharmonie, nous subissons les conflits et les tensions.
Mais parfois je me demande si les gens comprennent vraiment ce quâils disent.
Je pense quâun certain nombre de personnes confondent sĂ©rieusement lâunitĂ© avec lâuniformitĂ©. Les deux sont en fait trĂšs diffĂ©rents dans leur valeur et sens.
Ă mon humble avis :
LâuniformitĂ© reprĂ©sente le passĂ© : dictature, restrictions sociales et manque de dĂ©mocratie.
Elle ne tient pas compte des diffĂ©rences dâidĂ©es, de croyances, de formes et de couleurs. Au lieu de cela, elle cherche Ă Ă©liminer toutes les diversitĂ©s en crĂ©ant une sociĂ©tĂ© «unique». Le systĂšme dâuniformitĂ© repose sur la force pour provoquer un changement ou atteindre certains objectifs. Dans les cas extrĂȘmes, cela signifie utiliser la violence pour atteindre un objectif particulier. Lâun des aspects de cette thĂšse est dâexiger quâune autre partie change ou se conforme afin de parvenir Ă un accord, Ă la paix ou Ă la prospĂ©ritĂ©. La conformitĂ© ne permet ni nĂ©gociation ni compromis.
En revanche, lâunitĂ© valorise les diffĂ©rences.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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